Pour quels motifs le projet du Val’tram a été enterré ?
Jean-Pierre Serrus: D’abord, la vocation de ma délégation n’est pas de dire que tout ce qui a été fait avant 2016 est gravé dans le marbre. Ma délégation est là pour servir les 1,8 million de métropolitains en mal de mobilité. Lorsque que nous avons rédigé l’agenda de la mobilité, nous avons respecté deux ressorts essentiels : celui de respecter et capitaliser ce qui avait été conçus par les EPCI précédentes, le Val’tram en faisait partie, au même titre que le BHNS (Aix-en-Provence) et que le boulevard Urbain Sud. C’était important, car il y avait des logiques de déplacements dans ce qu’on peut appeler des bassins de vie. Deuxième ressort, celui de la mobilité métropolitaine et dans ce domaine il y a du retard sur ce territoire qui fait quatre fois celui de la métropole parisienne.
En 2016, avec l’agenda de la mobilité, sur l’est de la métropole nous avons essayé de concilier au mieux, ce ressort de mobilité de bassins, en respectant et en valorisant ce qui existait et en développant des solutions métropolitaines complémentaires. On se retrouve deux après avec un projet Val’tram qui est insoutenable sur le plan financier. Quand on a commencé à travailler sur l’agenda de la mobilité, ce dossier était évalué à moins de 100 millions d’euros avec 50 millions d’euros d’aides entre l’Etat et le Département. On est aujourd’hui à 152 millions d’euros, ça veut dire que la part de la Métropole est passée de 50 à 100 millions. Mon rôle et celui de la direction générale de services est de proposer et de développer des solutions pour tous, car le temps presse. Je n’ai absolument pas positionné la Métropole pour ou contre le projet, notre volonté c’est d’offrir un système de mobilité, tout à fait en conformité avec ce que nous avons fait partout sur la métropole.
Qu’est-ce que cela change ?
J-.P.S. Le projet Val’tram c’est 7000 voyageurs jours (3500 le matin – 3500 le soir) et six communes desservies. Le système que nous développons de « métro express » va plus loin que le Val’tram puisqu’il va jusqu’à Aix-en-Provence, et dessert trois pôles d’échanges. Que ce soit le Val’tram ou « metro express » ce sera la même chose. 75% de ces voyages, enquêtes à l’appui, sont effectués par des personnes qui auraient de toute façon utilisé de l’intermodalité pour se rendre jusqu’à la station, soit avec leur véhicule, soit via des lignes de rabattement. En terme de temps de trajet, ce sera même un petit peu mieux. Ce dispositif desservira beaucoup mieux les zones d’activités notamment celle des Paluds (Aubagne) et les connexions vers La Ciotat ou vers Marseille, au travers de nouveaux pôles d’échange que nous développons dans le cadre de cette nouvelle ligne « metro express ». C’est vrai que 35% des utilisateurs potentiels auront vraisemblablement moins de facilité à s’y rendre à pied mais on dessert des communes qui jusqu’à maintenant n’étaient pas touchées par le Val’Tram, je pense à Gréasque par exemple, et c’est tout l’intérêt de la métropole. J’ai passé du temps, d’abord avec les maires puis avec les élus du conseil de territoire (lire notre article) pour expliquer, pour informer et pour échanger. Des remarques ont été faites et seront d’ailleurs intégrées.
Lesquelles ?
J-.P.S. Nous mettons en place immédiatement un comité de pilotage qui va regrouper l’ensemble des acteurs concernés. D’ici la fin de ce semestre, au mois de juin, dans le cadre de ce comité de pilotage nous pensons avoir tous les éléments en terme de travaux, délais de mise en route etc… On vise évidemment l’horizon 2021, c’est urgent pour résoudre le problème de ces populations.
Quel est le coût de ce projet alternatif ?
J-.P.S: Pour ce projet alternatif, 25 millions d’euros sont nécessaires pour les aménagements routiers et autoroutiers et en particuliers sur les pôles d’échanges multimodaux pour être connectés directement à l’autoroute. 25 millions, sur lesquels il faudra préciser les aménagements complémentaires de connexions avec le système de BHNS-Chronobus qui va relier la gare d’Aubagne à la zone des Paluds et qui va jusqu’à Gemenos. Les habitants de Gemenos seront connectés à Aix-en-Provence, à Aubagne et à La Ciotat, ce qui n’était pas le cas avec le procédé précédent.
Quelles sont les autres missions de ce comité de pilotage ?
J-.P.S. Dans le cadre de ce comité de pilotage seront relancées les études sur les sections de tramway d’Aubagne vers la Pennes-sur-Huveaune et vers Marseille, et je pense que là aussi il y a des grands intérêts. Cinq stations supplémentaires pour un tracé de 2,5km.
Et à propos de la voie Valdonne qu’en est-il ?
J-.P.S: Elle sera la propriété de la Métropole et nous allons travailler sur une mise à disposition ce patrimoine, sur sous forme d’une voie verte, dans un premier temps et transports doux et la possibilité de disposer d’une autre voie d’expérimentation pour faire des tests sur un certain nombre de services et pourquoi pas avec des véhicules autonomes, ou l’utilisation de services d’urgence.
Concernant la gratuité qu’offrait le transport en Val’Tram, est-elle remise en cause ?
J-.P.S: La gratuité n’est pas remise en cause, à l’heure actuelle. C’est absolument neutre que l’on développe le Val’Tram ou le « metro express ». Pour la soutenabilité financière, on devra respecter un équilibre. La question aujourd’hui ne se pose pas mais dans un cadre plus général des discussions devront être menées.