Les transports, le trafic maritime, l’industrie… Ces trois activités sont pointées du doigt comme étant aujourd’hui les plus polluantes. Alors, les professionnels cherchent des solutions et parmi les options disponibles, ils optent souvent pour le gaz afin de réduire à court terme leurs émissions de CO2. Dans son dernier bilan, GRTgaz, le premier gestionnaire de réseau de transport de gaz en France, avance le chiffre de 2,5 TWh de consommation de gaz liées aux nouvelles conversions fioul-gaz et charbon-gaz de clients industriels réalisées en 2018. « Depuis 2012, elles ont permis d’éviter l’émission de 2,2 millions de tonnes de CO2 en 2018 », estime l’entreprise.
Ces usines à gaz qui polluent moins
Dans la région Sud, les industriels sont les plus gros utilisateurs de gaz. Ils représentent plus de 70 % de la consommation locale. Ce sont au total 44 usines qui sont raccordées au réseau de gaz naturel pour alimenter notamment leurs chaudières. Elles sont principalement concentrées autour de l’Etang de Berre. L’an dernier, Naphtachimie, la filiale de Total raffinage et Ineos installée à Martigues, a finalisé la conversion de ses chaudières au gaz naturel. Cet investissement de plusieurs millions d’euros va « permettre de réduire de 70 000 tonnes par an les émissions de CO2 de l’usine, soit l’empreinte carbone d’une ville de 7 000 habitants », affirme Georges Seimandi, le délégué territorial de GRTgaz Rhône-Méditerranée.
En 2015, LyondellBasell avait aussi dépensé plus de 13 millions d’euros pour faire passer sa chaudière au gaz et diminuer ses émissions de CO2 de 60 000 tonnes par an. Pour GRTgaz, les vertus écologiques de cette énergie ne fait aucun doute : « La combustion du gaz naturel n’émet ni suie, ni poussière, ni fumée. Il génère 30% de gaz carbonique de moins que le fioul, 45% de moins que le charbon, 2 fois moins d’oxyde d’azote (NOx) et presque pas de dioxyde de soufre (SO2) », assure le groupe. Reste à faire baisser le prix de cette énergie toujours plus élevé que le fioul lourd ou le pétrole. D’autant que les industriels du Sud de la France payaient plus chers que leurs voisins du Nord à cause d’un problème de congestion du réseau.
La fin des inégalités Nord-Sud sur le gaz pour les industriels
L’an denier, la France était encore divisée en deux zones tarifaires, Nord et Sud pour le gaz. « Nos industriels pouvaient alors payer jusqu’à deux fois plus cher que dans le Nord en période de pointe. Ils ont taper du poing sur la table du gouvernement pour ne plus subir cette inégalité allant même jusqu’à menacer de quitter le pays », raconte Georges Seimandi. Ils ont finalement obtenu gain de cause car depuis le 1er novembre 2018 car l’Etat a mis en place une zone unique pour l’ensemble du pays. Les consommateurs industriels du Sud ont ainsi bénéficié d’une baisse du prix d’environ 1,4 à 1,9 euros/MWh, « soit un gain annualisé proche de 80 millions d’euros, une économie d’environ 10 % sur la facture », estime le patron de GRTgaz Méditerranée. Pour offrir cette réduction des coûts, le groupe a dû construire une nouvelle conduite entre Dijon et Lyon afin de sécuriser l’approvisionnement du Sud de la France. Il a investi un milliard d’euros dont 50 millions sur sa station de compression de Saint-Martin-de-Crau. Au final, cette canalisation permet d’augmenter de 42 % la capacité de transport de gaz entre le Nord et le Sud. De plus, la création de la zone tarifaire unique a rendu le marché français plus attractif. En deux mois, GRTgaz a compté 8 % de clients expéditeurs supplémentaires. Cet engouement des expéditeurs se retrouve également avec les arrivées de gaz naturel liquéfié (GNL) par bateaux sur les terminaux de Fos-sur-Mer.
50 millions investis à Saint-Martin-de-Crau
En plus du réseau terrestre, GRTgaz est également l’opérateur des terminaux gaziers de Fos-Cavaou et Fos-Tonkin sur le grand port maritime de Marseille avec sa filiale Elengy. L’an dernier, ils ont accueilli 109 navires en escale dont 8 pour un rechargement, soit trois de plus qu’en 2017. « Marseille devient une étape importante pour les méthaniers qui viennent se recharger avant d’aller livrer toute l’Europe », explique Thierry Labrousse, le responsable des terminaux Elengy de Fos. GRTgaz observe également un très forte progression des camions citernes qui viennent se charger avant de partir distribuer toute l’Europe. Tonkin a reçu 3 473 camions en 2018, une hausse de 85 % comparée à 2017. Maintenant, Elengy attend le décollage du GNL pour propulser les bateaux. Nombre d’entre eux comme Carnival pour les croisières ou CMA CGM pour le fret ont déjà lancé la construction de nouveaux navires au GNL mais leur avitaillement à Marseille passe par l’arrivée d’un nouvel opérateur : « L’Union européenne doit bientôt lancer un appel d’offres sur lequel Engie et la Métropole souhaitent se positionner », raconte Thierry Labrousse. En attendant, Elengy construit des infrastructures sur Fos Cavaou pour pouvoir faire du soutage. Cet investissement de 2 millions d’euros sera opérationnel dès cet été.
Le biogaz s’impose dans les transports en commun
Les transports en commun confirment également leur intérêt pour le GNV, gaz naturel pour véhicules. « C’est un carburant intéressant pour le trafic routier longue distance », avance Georges Seimandi. Ainsi, le Département a annoncé un investissement de 4,5 millions pour permettre à la Métropole d’acheter 50 autocars roulant au GNV. La Région va également ouvrir deux nouvelles lignes de bus au GNV entre Arles et Salon et Draguignan – Saint Raphaël. Reste à développer les stations d’avitaillement pour ces véhicules. La région en compte déjà sept et une dizaine d’autres sont en projet. Au niveau national, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) mise sur 20 000 camions au biogaz d’ici 2023 contre 8 000 aujourd’hui.