Vendredi 8 janvier, les gestionnaires du stade Vélodrome rénové et agrandi présentaient leur premier bilan à la presse au terme d’une année d’exploitation. Dans un contexte de rude concurrence entre les stades, ils espèrent encore trouver un ‘naming’ pour compléter leurs recettes. Une situation qui ne remet pas en cause les recettes garanties à la municipalité.
Après une année d’exploitation complète, les gestionnaires du stade Vélodrome, inauguré en octobre 2014 au terme d’une rénovation de trois ans, ont présenté à la presse un premier bilan. «Nous avons eu un démarrage assez vertical dès notre première année d’exploitation, avec six grands événements culturels et sportifs internationaux, sans compter les matchs de l’OM. Nous avons battu quatre fois d’affilée les records d’affluence. Le stade a rencontré son public », a estimé Bruno Botella, président de la société Arema, la filiale de Bouygues Construction qui exploite l’installation.
Près de 1,4 million de personnes en 2015
Avec sa jauge (capacité) portée à 67 000 personnes, le Vélodrome a en effet vu sa fréquentation moyenne passer de 51 000 à près de 55 000 spectateurs après les travaux, avec un record de 65 000 spectateurs lors du match OM-PSG d’avril 2015. Sur l’année complète, près de 1,4 million de personnes sont entrées dans le stade : outre le million de spectateurs des matchs de l’OM, les événements (concerts et événements de la Ville de Marseille comme la fête des écoles, Handicap International…) ont attiré près de 250 000 personnes, les séminaires 25 000, et les visites des coulisses près de 50 000. « Nous nous étions engagés, dans le cadre du partenariat avec la Ville, à réaliser 5 à 6 événements par an, ce qui n’est pas évident dans le contexte de concurrence actuel. Notre position de grand stade de centre ville intéresse les organisateurs, et c’est ce qui nous a permis d’accueillir l’an dernier le concert de Paul Mc Cartney, seule date en province de cette star internationale », poursuit Bruno Botella. L’objectif pour les exploitants serait d’organiser 2 à 3 concerts par an. Après celui de l’ex-Beatle qui avait réuni 45 000 spectateurs, il y a eu le Summer Stadium Festival (20 000 spectateurs) et ses DJ en juin dernier.
En 2016, le Vélodrome se prépare à recevoir ACDC ; le groupe de sexagénaires y fera son unique date en France, le 13 mai, un choix judicieux puisque le public s’est arraché la quasi-totalité des places malgré le prix élevé des billets. « Les défauts acoustiques détectés lors du concert de Paul Mc Cartney ont été corrigés », assure Martin d’Argenlieu, directeur général du Nouveau Stade Vélodrome. En revanche, le stade étant réservé pour l’EURO 2016, Marseille a vu Coldplay lui échapper pour cette année.
Six matchs de l’Euro 2016 dont une demi-finale
Côté sport, le stade accueillera le 2 avril le match de rugby RCT-Clermont, puis enchaînera sur six matchs de l’Euro 2016, dont un quart de finale le 30 juin et une demi-finale le 7 juillet après Angleterre-Russie, France-Albanie, Islande-Hongrie, et Ukraine-Pologne. Si ces matchs ne rapportent aucune recette à Arema, l’enjeu est important pour la notoriété du Vélodrome puisque près d’un milliard de téléspectateurs suivront la compétition derrière leurs écrans. Quant aux matchs de l’OM, l’arène sportive doit réserver 25 dates par an au club résident.
Parmi ses autres projets, le stade, élu plus beau stade de France par le magazine anglais Four Four Two, a prévu de s’engager en 2016 dans une démarche de développement durable en visant la certification ISO 2012-1 qui concerne la gestion responsable des activités événementielles.
Les engagements financiers auprès de la Ville ont été tenus
Selon les exploitants du stade, cette première année d’exploitation a démontré la pertinence d’une enceinte multifonctionnelle, pouvant recevoir de grands événements sportifs et culturels tout comme des séminaires d’entreprises ou des soirées dansantes, qui viennent compléter les revenus. Le laboratoire de restauration qui se trouve à l’intérieur du Vélodrome livre des repas à certaines municipalités du Var. « Tout a été pensé pour optimiser le fonctionnement du stade. Il vit presque 365 jours par an », selon Bruno Botella.
Cette diversification des ressources suffira-t-elle cependant pour rentabiliser un équipement dont la rénovation-agrandissement a coûté au total 268 millions d’euros, opération dont le montage a été sévèrement critiqué par la Chambre régionale des comptes ? Les gestionnaires du Vélodrome sont restés assez discrets sur les comptes, ne dévoilant qu’un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros. « Nous devons 12 millions par an à la Ville de Marseille et nous les avons versés dès la première année. La moitié de notre CA provient des grands événements, l’autre se répartit entre les partenariats et recettes diverses », s’est borné à préciser Bruno Botella.
Selon les termes du contrat, la Ville de Marseille doit verser à Arema une redevance annuelle de 23,5 millions d’euros pendant 30 ans. En contrepartie, Arema lui doit des recettes garanties de 12 millions chaque année. Il est également prévu que les recettes annexes perçues au-delà du montant des recettes garanties soient reversées à 60% à la Ville, indique le rapport de la Chambre Régionale des Comptes. La municipalité perçoit par ailleurs un loyer directement acquitté par l’OM, composé d’une partie fixe de 4 millions d’une partie variable liée aux ventes de billets : soit au total un montant très éloigné du fixe de 8 millions, additionné d’un variable, préconisés par la Chambre régionale des comptes…
Un ‘naming’ au prix du marché
Un éventuel « naming » viendrait à point pour compléter les recettes. Or, même si le stade Vélodrome a noué des partenariats avec Orange et Engie et avec des fournisseurs (la Cepac, Carlsberg, Onet et Sodexo), pour l’heure il n’a pas trouvé de sponsor souhaitant lui apposer son nom, contrairement aux stades de Nice (devenu Allianz Riviera) et de Bordeaux (Matmut Atlantique). Le montant à espérer d’un éventuel ‘naming’ a été largement revu à la baisse. Sans dévoiler de chiffres, Bruno Botella a simplement déclaré qu’Arema se mettrait au prix du marché. Quoi qu’il en soit, l’absence de naming « ne fait pas peser de risques sur le contribuable », a tenu à rappeler le dirigeant.
Les actionnaires d’Arema sont les sociétés GFC construction à hauteur de 14 %, Exprimm (1 %), OFI Infravia (28,33 %), FIDEPPP (23,33 %), la Caisse des dépôts et consignations (28,33 %)et la Caisse d’épargne Provence-Alpes-Corse (5 %), peut-on lire dans le rapport de la Chambre Régionale des Comptes.