On a tous les images de cyclistes gravissant les cols, où sont amassés sur les bas-côtés des dizaines de milliers de spectateurs, accompagnés de leurs traditionnels camping-cars. Le Tour de France, ce n’est pas que la caravane, des semi-remorques déployant tout le barda médiatique, c’est aussi des suiveurs qui dévorent les routes hexagonales comme les fashion victims parcourent les allées des centres commerciaux, lors des soldes. Certes faire venir l’événement annuel le plus important du monde a un coût, environ 500 000 euros, mais surtout des retombées énormes, estimée à plus de 5 millions par Richard Miron.
Avec plus de 3,5 milliards de paires d’yeux scrutant Marseille sur leurs télévisions, ordinateurs ou smartphones, nul doute que le sport est entré dans une autre dimension. Et la Métropole souhaite emboîter le pas à cette dynamique. Jean-Daniel Beurnier de décrire les ambitions : « On parle souvent de Barcelone, avec le Grand Prix F1, son club de football… Marseille doit devenir, elle aussi la marque du sport sur le plan mondial. » En Europe, ce secteur est devenu un des moteurs de l’économie, avec 3,4 % du PIB du continent, et un chiffre d’affaires n’ayant plus flanché depuis 2009, alors que l’ensemble des domaines étaient plongés dans une crise dont on peine à voir la fin. Mais pour atteindre ce niveau d’excellence fixée par le vice-président de la CCI Marseille-Provence cela passe par l’organisation de grands événements mondiaux, la présence de clubs et infrastructures à la renommée internationale. Et pour répondre à ses attentes, la région se structure petit à petit. Même si rien ne dit que le pari sera un jour remporté par le territoire, l’attribution en bonne voie des JO 2024 à Paris et donc Marseille, le Grand Prix de Formule 1, ses 66 000 spectateurs attendus et ses 65 millions d’euros de retombées, et les deux Arenas d’Aix et de Miramas devraient poser les pierres sur le chemin du succès.
Virgile Caillet, le délégué général de l’Union sport et cycle de faire passer un message « le poids économique du sport dans notre pays est de 37 milliards d’euros, soit 2% du PIB. C’est un domaine qui pèse, à tel point que M. Macron, alors ministre, a lancé il y a un an et demi, la filière de l’économie du sport. Pour rappel, le professionnalisme ne pèse que cinq milliards » dans cette gigantesque enveloppe. Il n’est que la pointe émergée de l’iceberg. L’économie du sport représente aussi le tourisme, un pan de plus en plus exploité. Il y a aussi la recherche et développement, avec l’université Aix-Marseille avec la filière Sport et bien-être. Tout un écosystème économique en constante progression et évolution, et le vice-président de la CCIMP de recadrer « dans notre région, le poids économique de la filière sport est largement supérieur au monde de la micro-électronique. Soit 10 000 salariés, répartis sur 3 000 structures. » Et dans ce lot d’entreprises, certaines sont devenues de véritables leaders mondiaux comme Beuchat, Shark ou Poli, bien loin des sunlights du football, ou du Tour de France.
La locomotive régionale n’est pas en reste depuis le rachat par M. McCourt de l’OM. Le président, Jacques-Henri Eyraud de livrer ses sources d’inspiration dans la gouvernance et la gestion. « J’ai un modèle qui se nomme le FC Barcelone, ce club ambitionne de devenir la première marque au monde. Et de plus, quand on parle de tourisme, la Sagrada Familia vend 3,6 millions de billets de visites par an, quand le musée du club en génère 2 millions. J’espère qu’un jour, on pourra voir ce genre d’installation dans cette ville. » Dans l’aspiration des Jeux olympiques de Paris 2024, Marseille souhaite dynamiser son économie, et pour cela rien de mieux qu’un peu d’activité sportive.
Après le parallèle entre Boston et Marseille. Deux villes similaires, vivant dans l’ombre de mégalopoles cannibales (Paris et New-York). M. Eyraud, le président de l’Olympique de Marseille est revenu sur un point important du développement du club, l’aspect social. Nous sommes allés lui demander ce qu’il entendait par là.
Gomet’ : M. Eyraud, vous avez parlé de développer l’aspect citoyen du club de Marseille, pouvez vous expliquer cela ?
Jacques-Henri Eyraud : Dans le projet OM Champions, il y a une dimension citoyenne et sociale très importante. Elle est même le troisième axe de développement de notre projet. Elle consiste à travailler pour ancrer encore plus le club dans la cité. Il doit devenir un acteur social, travailler beaucoup plus avec les associations, ainsi que toutes les personnes s’impliquant dans ces thématiques. Quand on est un club comme l’OM avec une responsabilité sociale, on doit être actif à ce niveau. Évidemment, la performance sportive est ce qui nous préoccupe le plus, mais on doit être capable aussi d’être un acteur de la vie de la cité. Ce point est fondamental et j’annonce qu’à la rentrée nous allons lancer des initiatives allant dans ce sens.
Vous avez fait de Barcelone votre exemple. Le club a un musée au sein de son stade qui accueille plusieurs millions de visiteurs annuellement. Qu’en est-il de ce projet à Marseille?
J-H. E. : Je ne ferai pas de commentaire aujourd’hui là-dessus, mais on travaille sur toutes les pistes pouvant permettre à l’OM d’être encore mieux implanté, de parler mieux à ses supporteurs, qu’ils soient à Marseille ou dans le monde entier. On travaille sur des pistes créatives dans tous les domaines, il sera temps d’en parler le moment venu.
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Un autre club de la métropole est en pleine expansion. À l’ombre de sa cousine footballeuse, l’équipe cycliste Delko-Marseille poursuit sa mue, avec l’ambition de participer au Tour de France en 2018 !
GOMET’ : Frédéric Rostaing, en tant que manager de Delko, que pouvez-vous nous dire sur le projet de développement de l’équipe ?
Frédéric Rostaing : On a repensé le projet avec les collectivités territoriales pour que ça embrase vraiment toute la dimension du territoire. On va vraiment élargir nos capacités en créant un pôle innovation et recherche, pour progresser dans l’excellence. Puis un pôle lié l’attraction touristique car nous sommes tout au long de l’année des ambassadeurs de notre région. Pour rappel sur les 180 jours de courses, la moitié se déroule à l’étranger. Pour cela, nous devons être meilleurs sur les réseaux sociaux, on doit mieux communiquer sur l’image de notre région tout au long de l’année par notre pratique, ainsi tous nos stages vont être relocalisés sur le territoire. Puis, notre dernier axe de développement sera basé sur la formation. Nous devons nous appuyer et dynamiser le tissu associatif local. Il y a avait La Pomme par le passé, maintenant il y a le VC Aix et Martigues Sport Cyclisme. Ces structures nous permettront de garder et faire grandir les talents de notre région. Le projet doit trouver la légitimité et l’essence dans cette base de travail.
Et en termes de budget, ce développement devrait aussi se ressentir…
F. R. : Je parlais dans un premier temps des fondamentaux, après il y a un travail en parallèle pour servir notre ambition de croissance. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation de financement public et privé, notre principal sponsor – Delko – a renouvelé son partenariat pour cinq ans, nous offrant une visibilité plutôt rare dans le vélo, puisque nous avons un contrat jusqu’en 2022. Ce confort n’est pas négligeable pour travailler. Enfin, nous essayons de nous appuyer sur des partenaires privés, dans le but d’avoir une présence légitime sur les grandes courses et pouvoir être performants.
Vous venez de signer un partenariat avec Evergreen…
F. R. : Oui, cela fait parti de notre développement. On travaille en collaboration avec les agences qui promeuvent le territoire, comme Marseille Provence Promotion, pour vraiment réussir à booster ce projet, où le mérite la région. C’est-à-dire au plus haut niveau.
Faut-il comprendre, que vous espérez changer de division et passer en World Tour (1ère division mondiale ndlr) ?
F. R. : Aujourd’hui, parler de ça est beaucoup trop précoce, on est actuellement dans la construction. On va bâtir et ficeler notre projet dans un premier temps. Après, on pourra voir jusqu’où on le portera, mais attendons 2019 pour la livraison puis on en reparlera.
Le Tour touche à sa fin, les premiers noms de recrues se font entendre à droite et à gauche. Où en êtes-vous?
F. R. : On doit attendre le 1er août avant de communiquer. Une chose est sûre, il n’y aura pas de noms ronflants. Ce n’est pas notre philosophie. Une fois notre phase de développement lancée, on verra. Mais pour le moment nous voulons plutôt asseoir nos bases avant de voir trop loin.