C’est une aventure artistique comme il en existe peu et ce sont nos cousins canadiens qui l’ont inventée… En 2002, sept artistes venus de tous les horizons de la piste – ils sont jongleurs, équilibristes, clowns, mais aussi chorégraphes, musiciens et metteurs en scène – se regroupent pour inventer une autre forme de ce qu’on appelait déjà le « nouveau cirque ». Baptisé « Les 7 doigts de la main » le collectif propose depuis des spectacles où se mêlent la poésie du geste, l’humour des situations, la maîtrise de l’acrobatie et de la voltige tout autant que la grâce d’un instant suspendu où l’effort de l’entraînement s’efface devant l’époustouflante beauté de la figure présentée.
Pendant quelques jours, alors que la compagnie se produit sous toutes les latitudes, elle s’est installée dans la région, pour présenter, à Aix et à Marseille, dans les trois théâtres que dirige Dominique Bluzet, trois spectacles, une occasion unique de découvrir quelques-unes des facettes de son travail.
Traces , une explosion d’énergie
Au Grand Théâtre de Provence à Aix-en-Provence, il y a Traces, une explosion d’énergie, une débauche de sauts plus vertigineux les uns que le autres, des ballets millimétrés sur skateboards, des envols époustouflants sur des sangles aériennes, un ballon de basket facétieux, des barres verticales et lisses qui n’en finissent pas de mettre à mal toutes les lois de la gravité et surtout, plus que tout, une urgence à croquer la vie, à exalter la jeunesse, à profiter du temps qui reste, avec ce décompte affiché, pour laisser derrière soi le plus beau des souvenirs, celui d’un cœur battant au rythme du jeu, d’une pulsion vitale que l’enfermement – puisqu’il en est aussi question dans cette performance – ne peut anéantir.
Autre univers, toujours à Aix mais au Théâtre du Jeu de Paume : l’un des fondateurs de la compagnie, Patrick Léonard, présente seul en scène Patinoire. Celui qui fut champion du Canada de patinage artistique à roulettes joue les équilibristes sur un bric-à-brac qui a tout d’un inventaire à la Prévert, une table, une chaise, des enceintes de son et bien d’autres choses encore. Avec humour et poésie, tendresse et fantaisie, il est ce personnage maladroit et terriblement humain qui, funambule de son rêve, invente un monde où les objets ont décidément une âme.
Au Gymnase marseillais, Les 7 doigts de la main offrent un cadeau, leur dernière création, née le 28 octobre 2014 à Montréal. Dans Cuisine et confessions, les neuf interprètes convoquent leurs souvenirs, remontent le fil de leur enfance, confrontent leurs cultures. Il est question de Nutella et de récitations, de plats familiaux et de parfums, de saveurs qui sont autant de jalons de la mémoire. Tout cela avec la virtuosité des acrobaties, des accessoires qui virevoltent et une bonne humeur indispensable à la réussite de toute recette.
Comme tous les autres, passés et à venir, ce spectacle du collectif « Les 7 doigts de la main » est réjouissant, intelligent, virtuose, sensible et surtout, à partager sans modération…
Informations et réservations sur le site lestheatres.net
(Illustration: le triomphe de Traces au GTP vendredi 28 novembre, photo MP)