Il est 15 heures lorsque les premiers journalistes franchissent les grilles du parc du Pharo. Appareil photo, caméra, calepin à la main… la presse régionale, nationale et internationale est au rendez-vous pour suivre l’événement du jour : le sommet Macron-Merkel, à Marseille. C’est vers 16h15 que la voiture du président de la République fait halte à quelques mètres du Palais du Pharo, qui s’est paré pour l’occasion des drapeaux français, allemand et européen.
D’un pas lent et assuré, Emmanuel Macron, costume noir, franchit les quelques marches qui le séparent de Jean-Claude Gaudin. Le maire de la cité phocéenne a repoussé son départ en vacances à dimanche pour être présent. Accolade et poignées de mains chaleureuses, avant de disparaître loin des flashs et des caméras. C’est en deux temps que s’est ensuite déroulé l’après-midi. A l’abri des regards, le chef de l’Etat a rencontré pendant plus d’une heure les élus du département : les sénateurs, à l’image de Samia Ghali, ou encore Bernard Reynès, les députés LREM Alexandra Louis, Anne-Laurence Petel, Monica Michel, François-Michel Lambert, Saïd Ahamada, Mohamed Laqhila… même Jean-Luc Mélenchon ne s’est pas privé de cette rencontre. Martine Vassal, en sa qualité de présidente du Département des Bouches-du-Rhône et candidate (presque élue) à la présidence de la Métropole Aix-Marseille Provence a assisté au rendez-vous. « Tout le monde a pu s’exprimer comme il le souhaitait », confie Jean-Claude Gaudin à la sortie de cette entretien. « Le président a surtout écouté ».
Macron: « Faire de la Méditerranée une chance et non une crainte »
Différents thèmes ont été évoqués, parmi lesquels forcément la fusion Département-Métropole qui « semble en bonne voie », maintient le maire de Marseille. Alors qu’Emmanuel Macron et Jean-Claude Gaudin échangent quelques mots sur le pas de la porte, et que la Garde Républicaine est en place, c’est au tour d’Angela Merkel de faire son entrée au Palais du Pharo, un peu après 17 heures, dans un décor de carte postale. La Méditerranée, le Mucem, la « Bonne Mère »… Tour d’horizon avec la chancelière allemande pour fixer l’instant. Les deux dirigeants prennent la pose avant leur allocution commune. Courte. « Nous sommes là aujourd’hui pour préparer l’avenir », déclare Emmanuel Macron. Puis la chancelière allemande et le président français se retirent dans une salle du palais du Pharo pour une réunion bilatérale portant sur les questions européennes « et préparer les sujets relatifs aux grands défis du moment : les sujets migratoires et cette ville de Marseille les connaît oh combien comme toute la Méditerranée qui est au cœur aujourd’hui de notre politique européenne », indique Emmanuel Macron.
C’est à Marseille que nous nous rencontrons aujourd’hui avec la Chancelière Angela Merkel. C’est à Marseille que nous échangeons pour parler d’Europe, pour faire de la Méditerranée une chance et non une crainte. pic.twitter.com/NLDIO9W3pk
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 7 septembre 2018
Derrière une réunion destinée à «préparer une rentrée chargée », les deux dirigeants semblent vouloir consolider leur alliance à l’approche des élections européennes. La chancelière allemande et le président français partagent un même souhait : faire front commun face à la progression du nationalisme anti-migrants qui progresse en Europe au fil des scrutins. Face à ce camp emmené notamment par le Hongrois Viktor Orban et le ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini, Emmanuel Macron voudrait constituer une alliance de pays « progressistes ». Et il a besoin d’alliés pour le faire..
Question migratoire, taxation des entreprises numériques mais aussi du Brexit… Il s’agissait également de préparer le sommet qui aura lieu à Salzbourg en Autriche les 19 et 20 septembre prochains. les deux dirigeants ont ensuite rencontrer les différents conseillers pour une réunion élargie, avant de terminer la soirée dans une institution marseillaise, le restaurant Passedat situé sur la Corniche.
La rencontre avec Macron : une surprise pour Mélenchon
Le chef de file de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon était lui aussi à Marseille à l’occasion de la rencontre des deux dirigeants dans la cité phocéenne. Il a rencontré Emmanuel Macron peu avant l’arrivée de la chancelière allemande pour une brève discussion de laquelle il est sorti « surpris ». « Je lui ai dit que madame Merkel ne comprenait rien à la Méditerranée et que c’était une bonne chose de l’avoir invitée ici », a raconté le député des Bouches-du-Rhône sur BFMTV.
« C’est une bonne occasion pour lui expliquer que la France a un destin avec le reste du bassin méditerranéen. Et c’est quelque chose qu’il a très bien compris. Je lui ai dit qu’il fallait revenir à un projet plus raisonnable et il a répondu « oui ! » On verra bien ce que cela donne ». Dans la matinée, Jean-Luc Mélenchon n’avait pas hésité a fustigé les deux dirigeants qu’il a accusé d’être « des contre-humanistes ».