Marion plus forte que Jeanne d’Arc
Pendant que sa tante se faisait houspiller au Québec à coup de « tabernacle » – nos cousins du Canada lui ont fait savoir sans ambiguïté qu’elle n’était pas la bienvenue dans leurs cabanes – Marion Maréchal Le Pen profitait d’occuper le vide médiatique laissé par Marine. Du haut de sa jeune expérience, elle a expliqué, tout à fait sérieusement, que si le FN avait été en mesure de gouverner, les événements du 13 novembre n’auraient pas eu lieu. Silence dans les rangs et interdit de sourire. On comprend pourquoi son grand-père vient de créer une association nommée « Jeanne, au secours ». Ce trio-là n’est peut-être pas encore mûr pour prendre les rênes de la France, mais il est fin prêt pour le festival off d’Avignon.
Le mythe de la grotte
L’architecte André Stern a dans ses cartons le projet d’une réplique de la grotte Cosquer, qui permettrait aux visiteurs de découvrir ce que de rares scientifiques et plongeurs professionnels ont pu admirer sous l’eau, au cap Morgiou, à 37 mètres sous la surface de la mer. Cette perspective avait été envisagée sous l’ère du professeur Robert P. Vigouroux, mais la municipalité Gaudin qui lui a succédé ne lui a pas donné suite. Lorsque l’on sait que la réplique de Lascaux a attiré le million de touristes et que la grotte Chauvet (photo XDR) a une moyenne de 300 à 400 000 visiteurs, on se dit que l’idée de révéler un patrimoine de 22 000 ans n’est pas une utopie. Oui mais il lui faut une volonté politique. Lorsque l’on sait qu’Etat et ville se renvoient la balle pour sauver la tour du Lazaret (1526) on se dit que les peintures rupestres découvertes au pied (marin) du massif des calanques risquent d’attendre un peu. Attention peintures pas fraiches.
Parc Chanot ou no go zone
C’est la chaîne très conservatrice Fox News qui a parlé la première de zones où on ne peut aller en France. Elle visait, sans y avoir réalisé le moindre reportage, des quartiers de Paris où cohabitent en paix diverses nationalités et une majorité de Parisiens de souche. Désormais c’est Christian Estrosi, nouveau président de la Région Paca, qui pointe du doigt un périmètre le parc Chanot, et un événement le rassemblement des musulmans du grand sud sous l’égide de l’Union des Organisations Musulmanes de France (UOIF). Le maire de Nice affirme que si ce week-end à Marseille des prédicateurs islamistes avaient droit de cité, il faudrait envisager la dissolution de l’UOIF. Stéphane Ravier et Marion Maréchal Le Pen lui ont aussitôt fait écho, avec la surenchère en prime. On est là sur une matière aussi sensible que les explosifs que des fanatiques manipulent à Bruxelles ou à Paris. Il y a une priorité pour tout républicain qui défend la laïcité. Aller voir, entendre, voire entamer un dialogue. Et se rappeler que la notion de responsabilité collective a été condamnée à Nüremberg. Tous les musulmans ne sont pas des obscurantistes et toutes les associations ne sont pas semblables. La démocratie n’est pas un fleuve tranquille.
La longue marche de la L2
Il y a dans nos universités une volonté affichée de raccorder la recherche à la réalité. C’est louable. Peut-on se permettre de suggérer à nos brillants juristes de se pencher par exemple sur le long périple qu’a dû emprunter la célébrissime L2 pour permettre, au mois de juillet prochain (portion Est) aux automobilistes d’éviter Marseille ou les tarifs prohibitifs du tunnel Prado Carénage. Le parcours juridico-administratif a duré plus de vingt ans. On attend avec impatience le prix qu’aura dû payer la collectivité pour passer l’obstacle dressé par une association, un riverain, une entreprise et aboutir à un service attendu par le plus grand nombre. Les tenants de la concertation argueront qu’il est normal que la communauté citoyenne use de sa vigilance pour encadrer les ardeurs des élus, des promoteurs ou d’autres encore. Certes mais il n’est pas certain que tous les opposants à la L2 aient eu pour premier objectif : l’intérêt général. Allez chers étudiants une petite thèse pour la route.
On peut plus le supporter
L’OM traverse une mauvaise passe. On sait que l’atmosphère au sein du club est délétère. On a compris, à lire certaines banderoles de supporters que les joueurs hésitent entre chichi et chicha, soit en clair qu’ils se font prier pour mouiller le maillot et qu’ils fréquentent plus les bars orientaux que les salles de musculation. On a une fois de plus la confirmation que le maire de Marseille – que Gaston Defferre disait obligatoirement maire de l’OM – n’est pas un intégriste du ballon rond. On entend enfin des anciens présidents qui reconnaissent que l’OM est singulièrement difficile à coacher. Du coup une pétition commence à mordre sur les réseaux sociaux. Elle tente de regrouper ceux qui se refusent à payer des impôts pour venir au secours de ce bateau à la dérive et du mauvais payeur qui loue le vélodrome, l’OM. Un stade qui devrait changer de nom. A suivre l’actualité on est parti pour le Titanic.
Où sont les réserves
Nous l’avons souvent écrit : la multiplication des zones de chalandise aura un effet pervers sur le commerce de l’hyper centre à Marseille. C’est désormais un fait et du Panier à la rue St Fé, de la rue de la République à la rue Paradis, on entend la lancinante lamentation du petit commerce en train de péricliter. D’aucuns annoncent l’arrivée d’enseignes à bas prix pour doper certaines artères, quand d’autres craignent du coup une plus grande paupérisation. Quelques-uns, donc le bijoutier Frojo, prône la constitution d’une zone franche qui permettrait, disent-ils, un allègement des charges pesant sur les professionnels concernés. Ils citent l’exemple de Toulon qui a pu ainsi relever la tête. Tout cela mérite attention, mais comment peut-on raisonnablement imaginer que les Marseillais attirés à grand renfort de communication vers les grandes zones commerciales, vont dans le même temps arpenter le centre avec ses difficultés de stationnement, ses tarifs peu attractifs et ses marques semblables. Faute d’avoir été pensé, l’aménagement du territoire doit être désormais géré, avec ses contradictions. Pas simple.