En politique, il faut savoir faire diversion. C’est la meilleure façon de sortir par le haut les soirs de défaite. Dimanche 28 septembre, Jean-Claude Gaudin n’a ni gagné ni perdu de sièges, – puisqu’il fait élire trois sénateurs au Palais du Luxembourg -, mais cette victoire lui laisse un goût d’inachevé. Il en espérait deux de plus. C’est raté.
1) Pour Jean-Claude Gaudin, les socialistes ont tué la métropole :
Mais dès la proclamation des résultats officiels, il pointait du doigt la responsabilité des socialistes dans un communiqué : « Les grands électeurs des Bouches-du-Rhône ont clairement manifesté aussi leur opposition à la future métropole dont la création, trop rapide, trop brutale et trop dogmatique leur est apparue dangereuse pour l’avenir de leurs villes et de leurs villages. En refusant cette perspective, ils ont privé notre famille politique du bénéfice de ses victoires dans de nombreuses communes lors des dernières élections municipales ». Métropole qui doit voir le jour le 1er janvier 2016 et dont il était pourtant l’un des soutiens, caressant également l’espoir d’en être le président.
La métropole aurait pu être une grande idée, les socialistes l’ont tuée #Senatoriales2014
— Jean-Claude GAUDIN (@jcgaudin) 28 Septembre 2014
De l’autre côté de l’échiquier politique, la gauche subit un sérieux camouflet. Samia Ghali ne doit sa réélection qu’à cinq voix près. Le PS a beau jeu de se réjouir de ne pas réaliser un zéro pointé. Il n’empêche que ce résultat, logique puisqu’il découle de celui des élections locales, est un véritable fiasco.
Félicitations à Samia Ghali, réélue sénatrice des BdR malgré les prédictions des Cassandre promettant un 0 pointé à la @FederationPS13
— Stéphane MARI (@stephanemari) 28 Septembre 2014
2) Jean-Noël Guérini leader de la gauche dans le département :
Car celui qui a engrangé les voix des grands électeurs, c’est le président du Conseil général Jean-Noël Guérini, exclu du PS en 2013. Il est, de fait, le premier représentant de la gauche dans le département. Avec sa liste dissidente soutenue par le Parti radical de gauche (PRG), il a pilloné la métropole d’Aix-Marseille-Provence depuis le début de la campagne, en surfant sur les inquiétudes des maires des petites communes. Les deux co-listiers de Jean-Noël Guérini élus sont d’ailleurs Mireille Jouve, maire de Meyrargues, et Michel Amiel, des Pennes-Mirabeau, qui avait quitté le PS en 2013 pour contester la création de la métropole.
Jean-Noël Guérini désigne également la réforme territoriale comme catalyseur dans le département : « Cette élection sénatoriale est une condamnation claire et nette de la mauvaise réforme territoriale défendue par le gouvernement. J’en appelle au gouvernement. Il est encore temps de lancer un dialogue qui permettra, je l’espère, de corriger profondément un texte de loi dont chacun mesure les dangers ».
Nul doute que l’aide aux communes, qui lui permet de financer les projets des maires (134 millions dans le budget annuel du Conseil général en 2014), a été un autre argument du président du Conseil général. Samia Ghali ne manquait d’ailleurs pas de le rappeler dimanche 28 septembre, quelques heures après le début du vote.
3) Le discours du Front national à l’épreuve des faits :
Stéphane Ravier, lui, fait une entrée fracassante au Sénat. Il n’a jamais caché son opposition à la métropole et les maires inquiets ont pu lui apporter leur suffrage pour cette raison. C’est ainsi qu’à Saint-Victoret ou Saint-Andiol, là où le Front national a fait jusqu’à 50% des suffrages aux dernières européennes, le gendre idéal du FN a convaincu les élus de rejeter une structure qui pourrait rogner sur leurs prérogatives. Mais l’entourage du maire du 7e secteur de Marseille plaide aussi la « conviction » des élus, mettant en avant un vote de soutien.
Stéphane Ravier (FN) : les prochaines portes à… par publicsenat
Demain, Ravier profitera de cette nouvelle tribune pour proposer des amendements inspirés par les craintes des maires du département. Il faudra alors démontrer que les promesses et les incantations faites lorsque le Front national n’exerce pas le pouvoir ne s’usent pas lorsqu’il parvient aux responsabilités. Un défi immense.
(Crédit : wikimedia/jandrewes)