« L’agriculture souffre, assène Martine Vassal lors de son discours inaugural. Trop d’impôts, trop de taxes, de normes, de directives. Nous voulons apporter des réponses concrètes et ici, montrer ce que l’on fait de bien dans le domaine. » Le budget du Conseil départemental est constant : 10 millions d’euros. Au cœur du premier département français producteur de fruits et légumes, pays d’élevages et de transhumance, le Salon des Agricultures vise à favoriser les échanges directs entre agriculteurs et consommateurs, à promouvoir la qualité de la production locale, à découvrir le terroir des Bouches-du-Rhône.
C’est l’occasion également de mettre sur la table les difficultés auxquelles sont confrontées les exploitants. Sous les chapiteaux blancs, les sourires des maraîchers, des oléiculteurs, des viticulteurs, tomates écarlates et charnues, fromages parfumés, vitrines immaculées. Des enfants, tee-shirts vert fluo et casquettes vissées sur la tête se tiennent par la main et n’attendent qu’une chose : aller voir les taureaux qui patientent dans un enclos, les moutons qui paissent et les chevaux dans leurs boxs.
« Il nous faut plus d’aides »
C’est dans une de ces allées que Frédéric Morgante, producteur de fruits et légumes bio à Berre l’Etang, attend le chaland. Son principal souci : les prix qui fluctuent et la concurrence. « Difficile de se démarquer des autres, de présenter des produits de qualité innovants. » Il s’interrompt pour vendre quatre courgettes jaunes à une dame qui compte les cuisiner à ses petits-enfants. « Nous sommes agriculteurs depuis trois générations. Avant, je faisais partie d’un grand groupe mais nous en sommes sortis. Le bio et le naturel sont de plus en plus demandés. Par exemple, on revient à la permaculture, c’est ce que faisaient les anciens ! »
Plus loin, Trufficulture 13, le syndicat des truffiers. Quelques gaillards à la peau brunie par le soleil, aux mains rugueuses et au rire sonore. L’un d’eux, Philippe Boit, déplore le changement climatique, qui rend l’air plus sec et le sol moins propice à la prolifération des champignons et donc des truffes. Mais aussi les dégâts causés par les sangliers. « Les races sont hybrides, croisées avec des cochons. Ils se reproduisent à vitesse grand V et font plusieurs portées par an, avec plus de petits qu’avant. C’est une catastrophe écologique. Les clôtures coûtent cher et ne sont pas toujours efficaces. » Comment résoudre le problème alors ? « Peut-être se poser la question de la stérilisation », avance Philippe Boit. « En 1900, on faisait 100 tonnes de truffes, cette année, c’est deux fois moins, renchérit l’un de ses collègues. Il nous faut plus d’aides, c’est sûr. »
Un avis partagé par la plupart des agriculteurs bien sûr, et en particulier par Mélanie Roumanille, qui tient une fromagerie à Saint-Rémy-de-Provence. « Les charges sont trop élevées, le retour sur investissement compliqué. » Le matériel est cher : 15 à 30 000 euros la cuve à tomme, 30 000 euros la conditionneuse à yaourt. « Quand on veut faire les choses bien, forcément ça coûte plus cher ». Les choses bien pour cette éleveuse, c’est la production autonome du fourrage pour ses vaches laitières, le label bio, la valorisation des déchets. « Dans l’idéal, je voudrais embaucher au moins deux personnes, mais financièrement, c’est impossible. » 80h par semaine pour moins du Smic, forcément, ça n’attire pas les jeunes. « C’est un métier de passion, maintient-elle. Je suis heureuse… mais fatiguée. »
« Nous sommes les mieux lotis »
Du côté de l’oléiculture, Patrick Monnier, oliveron à Fontvieille, ne s’autorise pas à se plaindre. « L’huile d’olive fonctionne bien. Avec une appellation, les bouteilles s’écoulent bien. La seule inconnue : les irrégularités de production, d’une année sur l’autre. » La seule inconnue, pas tout-à-fait, puisque un autre facteur menace sa production : la bactérie tueuse d’oliviers dont on ne sait quasiment rien. Apparue en 2013 en Italie où elle a fait des ravages dans la région des Pouilles, elle a ensuite été détectée en France, en Corse, puis récemment dans les Alpes-Maritimes. « Les médias et les politiques ne nous tiennent pas du tout informés », regrette l’oliveron.
A quelques stands de là, juste devant un drôle d’orchestre composé de musiciens en chapeaux de paille et tabliers aux couleurs du salon se tient le stand des Vignerons du Roy René. Bouteilles éclatantes, le rosé se veut à part. « Le vin est un produit à part, recherché et convivial, avance Evelyne Henry, viticultrice venue de Lambesc. En particulier le rosé. De tous les secteurs agricoles, nous sommes les mieux lotis. » Si tous les exploitants ne sont pas affectés de la même façon par les difficultés financière, l’unanimité réside dans la reconnaissance, à l’occasion de ce Salon des agricultures de Provence, de la classe politique. Nicolas Isnard, maire de Salon, ne cache pas sa fierté. « Sans les agriculteurs, le territoire ne serait pas façonné de la même façon, il ne serait pas si attractif. »
Chiffres clés :
38 000 visiteurs en 2016
40 à 50 000 visiteurs attendus cette année
400 hectares : surface totale du Domaine du Merle
1500 animaux
5 mascottes du Salon : 4 animaux et… un tracteur !
6 pôles thématiques : Serre & Végétal, Enseignement & Formation agricole, Tourisme, Innovation, Eau & Environnement, Elevage
+ 100 animations gratuites pour tous
150 stands au Village des producteurs
150 personnes en charge de l’organisation sur le site
1000 élèves en visite