Il est désormais le nouveau « premier flic de France ». A 52 ans, le porte-parole du gouvernement et délégué général de La République en marche débarque place Beauvau. Christophe Castaner, macroniste de la première heure, a été nommé mardi 16 octobre à la tête du ministère de l’Intérieur, deux semaines après la démission de Gérard Collomb. Sa proximité et sa fidélité indéfectible au président de la République, sa popularité au sein des marcheurs et sa proximité avec les parlementaires LREM, ont indéniablement fait la différence. Il fallait, par ailleurs, une personnalité qui inspire confiance aux Français ainsi qu’au chef de l’Etat. L’ancien député des Alpes-de-Haute-Provence et ancien maire de Forcalquier (16 ans) joue d’ailleurs de cette faculté à établir le contact, tout en gardant la volonté de « rester un type normal ». L’autre avantage de l’ancien secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, c’est de ne pas faire pencher l’équilibre politique du gouvernement à droite.
Les défis annoncés
Au sein de son nouveau ministère, dont il rêvait depuis près de deux ans, Christophe Castaner aura à relever de nombreux défis : la mise en place concrète et effective de la fameuse police de sécurité du quotidien, les quartiers de reconquête républicaine ; la réforme de la procédure pénale. Des projets en cours, lancés par Gérard Collomb, mais qui doivent être finalisés par le nouveau ministre de l’Intérieur. Christophe Castaner devra également mettre en oeuvre la loi « asile-immigration » votée cet été.
Le ministre en charge des Cultes aura également sur sa table la synthèse des «assises territoriales » destinées à réformer l’organisation du culte musulman. Emmanuel Macron avait déclaré son intention de « poser les jalons de toute l’organisation » de la deuxième religion de France. Des annonces fortement attendues, mais qui ne devraient pas intervenir avant le début de l’année prochaine. Par ailleurs, chargé des élections, le ministère de l’Intérieur devra également réduire de 30 % le nombre de parlementaires et re-découper les circonscriptions, deux chantiers très sensibles.
Sécurité publique, maintien de l’ordre, investigation criminelle… : si les missions de la @Gendarmerie sont multiples, elle a ancré dans son ADN le service à la population.
J’y suis particulièrement attaché.
Et je l’ai rappelé cet après-midi à la brigade de Fosses. pic.twitter.com/rwP0j8YLJm— Christophe Castaner (@CCastaner) 16 octobre 2018
S’il n’est pas un spécialiste des sujets de l’Intérieur – même s’il avait en charge les aspects régaliens pendant la campagne présidentielle – le locataire de la place Beauvau sera épaulé par Laurent Nuñez, qui dirigeait jusqu’à présent la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Un poste auquel il a accédé au début du quinquennat d’Emmanuel Macron. Un invité-surprise qui devient ainsi la caution technique de Christophe Castaner. Il hérite d’un titre de secrétaire d’Etat (dont on ne connaît pas encore le périmètre). Laurent Nuñez devrait se consacrer à faire tourner la machine policière quand le ministre devrait occuper un rôle plus politique.
Deux expériences marseillaises fructueuses
Haut fonctionnaire, Laurent Nuñez est un homme expérimenté qui a une grande connaissance des questions de sécurité. En poste au cabinet du préfet de Paris (2012-2015), il a ensuite été préfet de police des Bouche-du-Rhône (2015-2017) où il laisse le souvenir d’un homme intelligent, compétent, gros travailleur et adepte du travail collectif. A Marseille, il a été très actif dans la lutte contre le narco-bantitisme, à travers, par exemple, le « pilotage opérationnel renforcé », destiné au partage du renseignement entre police judiciaire et sûreté départementale. Dans un entretien au Figaro, en décembre 2016, le préfet, tout en reconnaissant la persistance des trafics et des homicides, soulignait que 60 réseaux avaient été démantelés entre 2015 et 2016.
Afin de lutter contre les règlements de comptes, il a encouragé la « méthode proactive » consistant à identifier et faire incarcérer les malfaiteurs susceptibles de commettre ces assassinats en conduisant contre eux des enquêtes pour association de malfaiteurs notamment. Il est actuellement en charge d’un autre dossier très sensible : celui de l’anti-terrorisme français. La coopération, entre services de renseignement, entre ministères et bien sûr avec l’Élysée, fera aussi partie des priorités du nouveau secrétaire d’Etat
.@CCastaner et @NunezLaure.nt ont rendu hommage au professionnalisme et au dévouement des #policiers, des #gendarmes et des sapeurs-#pompiers rencontrés aujourd’hui en Seine-Saint-Denis et dans le Val-d’Oise, quelques heures après leurs nominations. pic.twitter.com/hwoZulqGAe
— Ministère de l’Intérieur (@Place_Beauvau) 16 octobre 2018
Le 3e homme : Stéphane Bouillon
Autre soutien de poids, Stéphane Bouillon, ancien préfet des Bouches-du-Rhône et de la région Provence Alpes Côte d’Azur ; et actuel préfet de la région Auvergne Rhône-Alpes. Il va être nommé directeur de cabinet du ministère de l’Intérieur. A 61 ans, diplômé de Sciences Po Paris et de l’Ena, Stéphane Bouillon est qualifié de « discret », « sobre » et « efficace. On le dit proche de Christophe Castaner et du couple présidentiel. Dans les Bouches-du-Rhône, son départ, après l’attaque de la gare Saint-Charles en 2017, avait été regretté par nombre d’élus, au premier rang desquels le maire de Marseille. Il avait entre autres travaillé sur le lancement de la Métropole Aix-Marseille Provence.
Même si Christophe Castaner hérite d’un portefeuille délesté de la charge des collectivités locales, réaffectées au ministère de la Cohésion des territoires (lire par ailleurs), un travail transversal devra être effectué entre ces deux ministères. Si les syndicats de police ont plutôt bien accueilli le tandem Casta-Nunez, ils ont déjà exprimé le fait que les renforts de police et de gendarmerie ne régleront pas tous les problèmes.