« L’enjeu est de valoriser les vestiges les plus symboliques de l’histoire de la ville et permettre au public de prendre conscience de l’épaisseur du tissu urbain d’Aix, son empilement stratigraphique », explique Nuria Nin. Pour l’archéologue, le quartier est le lieu de nombreux édifices remarquables : couvent des Prêcheurs, hôtels particuliers, vestige des enceintes du Portalet. « Il s’agit d’un urbanisme complexe, faisant cohabiter et se surimposer les périodes antique, médiévale et contemporaine. Le lieu d’une fracture urbaine, qui traduit aussi une rupture historique, marqué par d’importantes recherches autour d’un édifice symbolique : le Palais Comtal, devenue en 1501 le Parlement de Provence. »
Les fouilles préventives préalables aux travaux ont ainsi révélé une longue séquence de l’histoire d’Aix-en-Provence, entre le Haut Empire et la période contemporaine. Parmi les principaux vestiges mis au jour comptent la voie Aurélienne, une nécropole tardo-antique, une vaste aire d’ensilage alto-médiévale et médiévale, des segments des fortifications médiévales, et surtout l’aile sud-est du palais des comtes de Provence, ainsi que plusieurs parties d’îlots urbains qui environnaient ce palais entre les XVIe et XVIIIe siècles.
Un espace vitré pour mettre au jour les vestiges
En raison de la valeur historique et symbolique des vestiges et de leur état de conservation, la Ville a souhaité modifier l’aménagement du parvis du palais de Justice. Objectif : « prendre en compte ce patrimoine, le valoriser et en faire un outil pour doper l’attractivité de ce secteur de la ville » explique Jean-Marc Perrin, l’adjoint délégué à l’archéologie. Des vitres vont donc être posées, aptes à porter une charge de 500 kg/m², pour créer trois espaces vitrés dans le sol de la place. « Avec ces 60m² de vitrine, c’est une fenêtre sur l’histoire de la ville que nous ouvrons. Au-delà de la valeur patrimoniale, cette mise en lumière est un investissement pour l’avenir et les générations futures » argue Maryse Joissains. Un local technique de 200m2 accueillera également les techniciens qui veilleront à l’entretien des vestiges. Le coût total de cette opération de valorisation est de 600 000 €.
L’accent a donc été mis sur le Palais Comtal et notamment sur l’un de ses éléments les plus remarquables, son mur de façade sud-est. Avec lui, seront également présentés un aménagement souterrain du palais (l’une de ses caves) et un segment de voirie moderne : l’ancienne rue du Palais, aujourd’hui disparue, ainsi qu’un segment du mur de façade de l’îlot du Bourguet qui faisait face au Palais. « Cette sélection privilégie d’abord les éléments les mieux conservés, et surtout les plus immédiatement compréhensibles pour le public », précise Nuria Nin. Par ailleurs, elle répond aussi aux impératifs de fonctionnement de la place de Verdun, destinée à recouvrer son usage de place de marché.