La révélation dans la préhistoire, communiquée en avril lors d’un colloque scientifique à San Francisco, vient d’être officiellement confirmée le 21 mai dans les colonnes de la publication Nature. Depuis 30 ans, sur la rive occidentale du lac Turkana, au nord du Kenya, des sites de fouilles permettent de comprendre les capacités cognitives et motrices des premiers hominidés. Les plus anciens outils mis à jour avaient 2,6 millions d’années, environ.
Bond de 700 000 ans
Ce bond en arrière de 700 000 ans a ceci de remarquable qu’à ce moment, l’homme n’existe pas vraiment. Peut être déjà l’une de nos ancêtres, genre la célèbre Lucy, se dresse sur deux jambes.. Bredouillant même, peut-être, quelques mots, ( avant que ses diamants ne partent vers le ciel si on en croit les Beatles)… Mais l’Afrique n’a encore croisé ni Erectus, ni Habilis.. Il faut encore attendre quelques millénaires ! Ces “homo” surgiront 2 millions d’années avant notre ère. Or jusqu’ici, la science considérait que la taille de la pierre (donnant à l’époque son nom de paléolithique) n’apparaît qu’avec l’homo Habilis, et son cerveau déverrouillé. Mais l’archéologue française Sonia Harmand, et une vingtaine de ses confrères, parmi lesquels Jean-Philippe Brugal, de l’université Amu d’Aix-en-Provence, montrent que cette activité manuelle existait 700 000 ans avant le genre humain !
Qui sont ces pionniers ?
Autrement dit, avant que n’advienne notre espèce, un kenyanthrope, ou un australopithèque savait fabriquer un outil de pierre, en l’éclatant par percussion sur une autre pierre dure, dite enclume. Cette date a pu être établie par l’analyse physico-chimique des cendres incluses dans certains de ces matériaux d’origine volcanique, les plus lourds pesant une quinzaine de kilos. Et aussi en reconstituant la polarité du champ magnétique de l’époque.
Jusqu’à de plus amples informations -car les recherches en Afrique orientale se poursuivent – notre espèce peut donc continuer à se demander humblement qui furent ses prédécesseurs, capables d’aiguiser le grossier minéral. Et pour quoi faire ? Dépecer le gibier capturé, ou régler ses comptes avec les voisins ? Rappelons-nous ce crime ornant la grotte Cosquer, sous nos si paisibles calanques.
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