Parmi les 58 gagnants qui dirigeront pendant six ans le département, il y a de nombreux maires. Trois des secteurs marseillais (1er, 4ème et 5ème secteurs), mais aussi ceux d’Aubagne, Cassis, La Ciotat, Bouc Bel Air, Eyguières, Mallemort, Trets, Marignane, Fos-sur-Mer, Tarascon et Saint Cannat. Des adjoints également, comme les Aixois gérant Luynes et Puyricard.
Si on additionne les voix obtenues dimanche 29 mars par la droite et l’extrême droite, on mesure un formidable renversement du rapport de forces en Bouches-du-Rhône. Ce total se monte à 77% des bulletins, ce qui veut dire que la gauche, historiquement hégémonique, ne vaut plus que 23%, moins du quart de l’électorat !
Bleu et Toro
Dans la moitié féminine de l’assemblée départementale siégeront deux écologistes, dont une médecin, le docteur marseillais Rubirola (ancienne supportrice de Pape Diouf), plusieurs enseignantes et une ex-secrétaire commerciale de Lançon, qui porte la couleur bleue du front National. Son co-équipier sur le canton de Berre , Jean-Marc Verani, a tout juste 30 ans. Il est bien connu à la prison de Luynes, où il exerçait, dès le lendemain de son succès, le métier de surveillant pénitentiaire. Autre figure nouvelle venue, cette fois de sensibilité plutôt à droite, Marie-Pierre Gallet. Habitant à Maussane, dans les Alpilles, elle fut torero à cheval, et dirige maintenant les arènes de Saint Rémy et d’Alès, dans le Gard. Ça change des juristes et autres fonctionnaires ou politiciens professionnels.
Décalage
Les 29 couples nationalistes ont permis à leur formation de connaître entre les deux tours de scrutin une progression de plus de 36 000 voix. La préfecture livrait lundi matin le score total du FN 13 : 245 844 suffrages. Cette fois c’est plus que n’obtenait Marine Le Pen en 2012, et ce chiffre représente 39% des votes exprimés. Mais seulement deux élus, au bout du compte, la paire de Berre. De quoi embarrasser un démocrate sincère. Même si on ne partage nullement les idées ou les projets de ce mouvement, il est surprenant de constater que 39% des voix se traduisent par 3% des sièges. Surtout en observant qu’à l’autre extrémité du spectre politique, par exemple, avec 4% des voix, le Front de gauche occupe 5 fauteuils, “pesant” 26 217 citoyens. Et plus de 8% du conseil départemental. Autrement dit , un élu fronto-nationaliste peut s’exprimer dans l’hémicycle de Saint Just au nom de 122 922 citoyens. Quand parle son collègue fronto-gauchiste, il représente 5 243 voix ! C’est bien sûr le mode de scrutin qui produit cette distorsion, mais peut-on encore parler de représentation fidèle de la volonté populaire ?