Emmanuel Macron a présenté, mardi 22 mai, la philosophie et la méthode nouvelle avec lesquelles il souhaite traiter les problèmes des quartiers : pas un énième « plan banlieues » mais des engagements précis et mesurables pour une mobilisation durable. Arrivé au bout d’une stratégie « aussi âgée que moi », pour sortir les quartiers défavorisés de « l’assignation à résidence », le chef de l’Etat veut promouvoir une politique qui « n’est pas une politique de différenciation » mais « des mêmes droits – mais des droits réels, effectifs. C’est très exigeant ».
120 entreprises convoquées à l’Elysée en juillet
Emmanuel Macron a annoncé qu’il réunirait en juillet l’ensemble des grandes entreprises françaises, les appelant à « prendre leur part » dans la lutte contre le chômage qui affecte un jeune sur trois dans les quartiers défavorisés. « Vous allez m’aider et montrer à tous les esprits chagrins que, quand on aide les entrepreneurs à réussir, ça peut être efficace et juste », leur a-t-il lancé. En juillet, à l’Elysée, des chartes seront signées avec les 120 plus grandes entreprises du pays pour les faire entrer plus concrètement dans la politique de la ville. A raison de 40 par an pendant trois ans, elles seront soumises à des testings pour lutter contre les discriminations à l’embauche.
En matière de sécurité, le président de la République s’est prononcé pour « un plan de mobilisation générale », contre les trafics internationaux de drogue qui « conduisent aux pires des crimes », réaffirmant au passage son opposition à la légalisation du cannabis. Pour renforcer les nouveaux effectifs déployés avec la Police de Sécurité du Quotidien (PSQ), le président de la République s’est engagé à recruter 1 300 policiers supplémentaires dans les 30 quartiers de reconquête républicaine. Il souhaite également trouver un protocole de coopération plus fin entre la police nationale et les polices municipales, notamment en matière de lutte anti-terroriste.
Création d’une agence nationale de cohésion des territoires
Autre axe : la rénovation urbaine et la cohésion des territoires. Emmanuel Macron a annoncé le lancement de diverses initiatives d’ici juillet, avec une opération « cœur de quartiers » sur des « premières cibles » avec pour objectif « de les faire sortir en six mois » de leur situation dégradée. Il a également évoqué la création d’une agence nationale de cohésion des territoires, tout en conservant l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine). Cette agence, dont l’idée émane du rapport Borloo, jouera le rôle d’opérateur de rattrapage quand un territoire est sous-équipé.
Sur les copropriétés dégradées, son souhait est d’accompagner les établissements fonciers et définir d’ici juillet une dizaine d’opérations d’intérêt national qui permettent d’accélérer le travail de requalification. Il s’est dit favorable à la création en juillet d’une instance de recours pour les habitants comme les élus et à un débat d’évaluation sur l’équité territoriale au Parlement, une idée là-aussi de Jean-Louis Borloo.
Emmanuel Macron a donné rendez-vous aux acteurs associatifs et économiques en juillet et en septembre 2018 pour poursuivre la mobilisation. Il réunira tous les deux mois le Conseil présidentiel des villes (voir ci-dessous) afin d’évaluer les résultats de cette mobilisation générale pour la réussite des quartiers.
> Corinne Versini et Samia Chabani parmi les 25 membres du conseil présidentiel des villes. Samia Chabani, sociologue et directrice et fondatrice de l’association « Ancrages », implantée dans les quartiers Nord de Marseille (Bouches-du-Rhône), qui travaille sur les thématiques de mémoire et de citoyenneté et Corinne Versini, patronne de la société Genes’ink (Rousset) et référente départementale d’En Marche dans les Bouches-du-Rhône sont les deux provençales du Conseil présidentiel des villes qui se réunira tous les deux mois autour d’Emmanuel Macron.