Parmi les 300 rapports étudiés ce lundi 8 octobre au conseil municipal de Marseille, un sujet est souvent revenu sur le tapis : la préservation et la valorisation du patrimoine immobilier de la Ville. L’opposition, de gauche comme de droite, n’a eu de cesse d’accuser l’équipe de Jean-Claude Gaudin de brader les « bijoux de famille » aux promoteurs.
La Corderie : un jardin pédagogique à un million d’euros
Le programme immobilier de la Corderie a été le premier à lancer les hostilités. Le conseil municipal a voté une nouvelle délibération pour l’aménagement d’un nouvel espace public en surplomb des fameux vestiges. La mairie prévoit de créer « des espaces muséographiques de médiation » et « un belvédère au sein du parc de la Colline avec vue sur les vestiges », précise la délibération. S’y ajoutera également un nouveau jardin d’enfants et un terrain de boules. Coût total de l’opération : 1 million d’euros.
« Pourtant, Françoise Nyssen avait répondu en avril à l’Assemblée nationale que c’était à Vinci de payer l’accessibilité aux vestiges », s’étonne Patrick Mennucci, le conseiller municipal socialiste. « Si on compte que le terrain a été vendu 2,8 millions d’euros à Vinci, que la municipalité a déjà déboursé 1,4 million d’euros pour une sortie de secours de l’école communale attenante auxquels vient s’ajouter ce nouveau million, le solde n’est plus que de 400 000 euros pour la Ville », calcule-t-il. Le maire des 1er et 7e arrondissements, Sabine Bernasconi, répond que ces investissements sont pour le bénéfice des habitants car ils concernent « tout un travail de requalification sur le jardin et la voirie. D’ailleurs, les Marseillais l’attendent depuis trop longtemps. On était jusqu’à présent bloqué par des recours que vous avez soutenus, voire portés », dénonce-t-elle. Le projet complet du jardin pédagogique doit être présenté en détail avant la fin de l’année.
Un autre programme immobilier, tout proche de la Corderie, sur la rue Sauveur Tobelem, a également attiré l’attention de l’opposition. Le groupe Nexity est sur le point d’acquérir l’îlot Piana, qui propose une surface constructible de 11 000 mètres carrés, pour le prix défiant toute concurrence de 800 000 euros. « A ce tarif, il serait dommage que la Ville ne préempte pas pour réaliser du logement social. Ça aurait permis de réguler l’habitat dans un quartier où les habitants historiques ont parfois du mal à se maintenir vu l’augmentation du foncier », avance Patrick Mennucci. « Encore une fois, je vais devoir faire taire les rumeurs colportées par l’opposition », a répondu Sabine Bernasconi. Elle affirme avoir réservé cet emplacement lors de l’élaboration du Plan local d’urbanisme intercommunal (Plui) pour la réalisation d’un parking. « Cela fait des semaines que j’ai demandé la préemption auprès des services », assure-t-elle.
La Villa Valmer est-elle bradée ?
Toujours dans le 7e arrondissement, c’est au tour du projet d’hôtel cinq étoiles de la Villa Valmer de provoquer la colère de l’opposition. Une délibération a fixé le loyer pour l’exploitation du site à 300 000 euros minimum avec une part variable supplémentaire (voir notre article) : « On vend la plus belle partie de l’un des plus beaux parcs de Marseille auxquels les habitants n’auront plus accès », se désole Benoît Payan, le président du groupe socialiste au conseil municipal. « On brade Valmer pour 300 000 euros alors qu’on nous en proposait 720 000 euros par an. Une offre que la mairie a refusé », explique-t-il. Réponse immédiate du maire, Jean-Claude Gaudin lui-même qui rappelle « que l’on ne vend pas Valmer. On reste propriétaire des murs. Donc on bénéficie de la restauration sans un sou public. En plus, on va toucher 300 000 euros chaque année alors que jusqu’ici, on n’avait rien », rappelle-t-il.
Liens utiles :
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