Solable, start-up implantée à Aix-en-Provence au Technopôle de l’environnement de l’Arbois, a été distinguée aux CES Innovation Awards 2017 pour son produit LaDouche dans la catégorie ecodesign/sustainable technology (lire Le Digest Hebdo du 25 novembre 2016). Premier chauffe-eau thermocyclique, ce dispositif intelligent permet d’économiser 90% de l’énergie consommée pour chauffer l’eau et de disposer d’une eau chaude instantanée et illimitée. LaDouche permet également de réduire de 20% la consommation d’eau elle-même en épargnant l’eau gaspillée généralement en début de douche. La révolution écologique portée par Solable est actuellement exposée au CES International, le plus grand salon mondial de l’innovation qui se déroule à Las Vegas et qui fête cette année ses 50 ans. Pascal Nuti, Directeur Général de Solable et « creative man », témoigne de cette formidable aventure.
Quelle a été votre impression lors de votre arrivée au CES 2017 ?
Pascal Nuti : Ma première sensation fut d’arriver dans un Disney Land fabriqué pour les adultes. Je n’avais jamais mis les pieds aux Etats-Unis et encore moins à Las Vegas. C’est assez impressionnant, c’est tellement décalé par rapport au reste du monde. C’est la première impression que l’on reçoit. Ensuite, on arrive dans un très grand salon. Nous sommes déjà rodés à cela et donc moins dépaysés car nous avons déjà exposé dans de grands salons européens. Cela s’est très bien passé tant au niveau de l’installation que de l’organisation du salon en règle générale.
En ce dernier jour du CES, quels sont les bénéfices retirés de ces 4 jours d’exposition ?
P. N. : Les bénéfices sont énormes et certainement liés à une pré-sélection des visiteurs professionnels et qualifiés. Je n’ai jamais rencontré de ma vie d’innovateur – et je fais des salons depuis 30 ans – autant de contacts de cette qualité. Avec eux il est très facile d’échanger et d’aller droit au but en quelques minutes seulement. C’est un défilé constant de gens focus à la recherche d’innovations. C’est impressionnant de densité. Je mettrais un facteur de 400% par rapport à ce que j’ai vu de mieux jusqu’à aujourd’hui. Concrètement, on peut faire en trois jours ce qui habituellement prendrait une douzaine de jours sur d’autres salons.
A quel point votre award contribue-t-il à votre succès ?
P. N. Pour être très clair, j’étais un peu sceptique au départ. Mais je suis obligé de m’incliner. C’est énorme, gigantesque, « huge », phénoménal. Au départ, nous n’avions pas compris l’avantage de la taille de notre produit LaDouche. Or, c’est impossible de ne pas voir notre machine vu sa taille dans la salle d’exposition des CES Innovation Awards. 150 000 personnes ont dû voir LaDouche. Un bon pourcentage est revenu sur le stand grâce à cela. Evidemment les retombées médiatiques sont proportionnelles aussi. Cela nous permet de nous distinguer par rapport aux autres start-up. Nous sommes trois sur la Région Paca à avoir eu un Award, cela nous apporte un éclairage extraordinaire.
Avez-vous engagé des partenariats avec des distributeurs ou des investisseurs ?
P. N.Nous avons rencontré beaucoup plus de partenaires potentiels ici que ce que l’on en rencontre chez nous. Et surtout, nous avons rencontré des Français que nous n’avons pas l’opportunité de rencontrer en règle générale. Nous avons noué des contacts assez monumentaux comme des groupes de construction ou encore EDF, Engie, Leroy Merlin. Il s’agit de contacts très qualifiés avec des décideurs directement rattachés à notre cœur de métier et que nous n’arrivons pas à croiser en France. Nous avons eu également de bons contacts au niveau international, principalement américains et canadiens. Le marché américain est une de nos cibles pour l’année prochaine. Nous nous donnons pour perspective d’équiper à cinq ans 10 millions de foyers et 2 millions d’hôtels, en Europe et en Amérique du Nord dans un premier temps.
Quelle leçon tirez-vous de cette expérience et y retournerez-vous en 2018 ?
P. N. Oui bien sûr, nous reviendrons l’année prochaine. Le premier bilan est extrêmement positif. Venir en force avec plusieurs entreprises françaises est une excellente chose. Bien sûr, il y a encore des choses à améliorer mais cette expérience va nous permettre de revenir armés et dangereux ! Nous remercions bien évidemment les acteurs publics français qui nous soutiennent et qui nous ont permis de participer à la délégation Aix-Marseille French Tech, avec la CCIMP, la Région, la Métropole et bien sûr le Technopôle de l’Arbois qui nous accompagne toute l’année dans notre développement. Pour l’heure, nous terminons ce dernier jour du CES plus que satisfaits et surmotivés. See you !
Un modèle économique basé sur le licencing de la solution auprès de grands acteurs du logement.
Le processus technique de LaDouche (ex-Quantia) est basé sur la récupération de la chaleur de l’eau usée pour réchauffer l’eau froide grâce à un échangeur à plaques situé dans une boite en inox pleine de lamelles. Le flux d’eau usée sort de la bonde de la douche, en général à température de 36°c et vient donner de la chaleur à l’eau propre qui est froide. 90% de la chaleur est valorisée explique les dirigeants de Solable. Le génie de la solution réside dans l’instantanéité de la récupération des calories avec une production immédiate de 18 kilowatts.
Le marché est porteur dans le cadre du développement des bâtiments bioclimatiques. Solable a racheté début juillet 2016 Quantia, l’ancienne société de Pascal Nuti. Solable dispose d’un site de production à Lambesc où se situe également son siège et de bureaux sur Technopôle de l’Arbois. Solable avait participé à l’automne à la Medcop22 au Maroc et à Pollutec à Lyon. La société attend encore quelques certifications pour commercialiser sa solution sur le marché de l’immobilier neuf.
Elle peut en revanche s’implanter dans le marché de la rénovation. La solution LaDouche a été déployée en expérimentation dans un office HLM. Le business model de La Douche est basé sur le licencing de sa solution auprès de gros donneurs d’ordre sans forcément lever des fonds.
La société a réalisé un chiffre d’affaires de 30 000 euros lors de son exercice précédent. Elle est aidée par l’Ademe avec une subvention de 100 000 euros. L’accélérateur de start-up grenoblois a également investi 120 000 en contre-partie de son entrée au capital. 100 à 500 machines pourraient être produites en 2017. Outre les contacts obtenus au CES, à la Cop22 et à Pollutec, Solable est déjà en contact avec Bouygues.
J-F. E.