Deux mois et demi après la catastrophe de la rue d’Aubagne, le maire de Marseille s’est une nouvelle fois expliqué sur sa gestion du drame, saluant le travail des secours et du personnel de la ville. Droit dans ses bottes (lire demain le 2e volet de notre reportage), il refuse toujours d’en assumer l’entière responsabilité et défend son bilan sur le plan social mais aussi économique : « Gérer les intérêts de la ville de Marseille, c’est aussi poursuivre le travail engagé depuis plus de 20 ans dans tous les domaines qui font d’elle une capitale européenne d’envergure, économiquement forte et plaque touristique méditerranéenne », a-t-il lancé, lundi 21 janvier au matin, à l’assemblée des journalistes.
Jean-Claude Gaudin s’est ainsi félicité de l’afflux toujours plus important de touristes. Ils étaient plus de cinq millions à visiter Marseille l’an dernier, « ce qui a permis de faire reculer le taux de chômage qui est passé de 23 % en 1995 à environ 12 % aujourd’hui », affirme-t-il. Il parle même de 350 millions d’euros de retombées économiques rien que pour l’activité de congrès. L’attractivité de Marseille est donc créatrice d’emplois et de richesses. Pour autant, la ville doit encore progresser dans de nombreux domaines dont un en priorité : les transports.
Les grandes manœuvres contre les embouteillages
Restant l’une des villes les plus embouteillées de France, Marseille connaît une vague de nouveaux chantiers d’importances qui visent à fluidifier la circulation routière. En fin d’année dernière, la fameuse rocade L2 a enfin été ouverte, « qui a permis de réduire de 30 % le trafic sur le Jarret, nous allons donc continuer le travail de décongestionnement des grands axes et de requalification des grandes voies de circulation que sont le Jarret et le Cours Lieutaud », a rappelé le maire. Pour le premier, les travaux doivent se terminer en 2021 alors que le deuxième chantier sera finalisé normalement à la fin de l’année prochaine.
Enfin, « grâce aux 218 millions alloués par le Département, nous pourrons aussi achever le contournement de Marseille avec le Boulevard Urbain Sud », a jouté Jean-Claude Gaudin. Pour ce dernier grand axe, la date de livraison est annoncée pour fin 2022. Sur les transports publics, il n’a plus la main. La compétence appartient désormais à la Métropole. Cependant, il observera toujours de près « les décisions financières de l’État pour que la Métropole puisse programmer le prolongement du tramway vers le Sud, le Nord et la place du 4-septembre ». Il n’abandonne pas non plus le projet du téléphérique jusqu’à Notre-Dame de la Garde. « Nous suivrons au plus près les études techniques du projet de téléphérique que nous souhaitons pour relier le Vieux-Port à Notre-Dame-de-la-Garde », assure-t-il. Sur le tramway comme le téléphérique certains élus de sa propre majorité sont pourtant très critiques, à l’instar de la maire du 1er et 7e arrondissements, Sabine Bernasconi.
Le parc Borély pourrait s’étendre sur l’hippodrome
Très attaché aux quartiers Sud de Marseille, Jean-Claude Gaudin est revenu sur un projet qu’il avait évoqué en novembre 2017 : l’extension du parc Borély vers la mer. « C’est ici, aussi, au bord des plages Gaston-Defferre, que nous voulons étendre le Parc Borély jusqu’à la mer dès l’expiration de la convention qui lie la Ville à la société hippique gestionnaire de l’hippodrome », a annoncé le maire. En effet, le bail de la société hippique de Marseille arrive à son terme en 2022 et la mairie propriétaire du terrain de l’hippodrome ne souhaite donc pas le renouveler. Elle voudrait le récupérer pour étendre la parc Borély vers les plages avec un accès direct à la mer. Reste à savoir quelle est la position de l’actuel locataire. En mars dernier, Patrice Camacho, le président de la société hippique, demandait des garanties sur l’avenir de l’hippodrome. « Si Marseille-Borély n’existait plus, le centre d’entraînement de Calas pourrait être remis en cause et l’hippodrome de Vivaux aurait également des difficultés. Ce sont près de 400 emplois qui sont en jeu », confiait-il à nos confrères de La Provence. Les propos de Jean-Claude Gaudin aujourd’hui ne risquent pas de le rassurer. La société hippique verse actuellement un loyer annuel de 130 000 euros à la mairie auquel il faut rajouter 450 000 euros par de taxe sur les paris perçues par la mairie.
Des start-ups dans l’hôpital Salvator
Après le parc Borely, le maire a rappelé son attachement à l’hôpital Sainte-Marguerite et demande à « l’AP-HM de développer, sur les terrains qui entourent l’ancien hôpital Salvator, une zone de start-up liées à la recherche médicale ». L’Etat avait évoqué en mars dernier une possible fermeture de l’hôpital Salvator. Jean-Claude Gaudin continue de militer pour un maintien d’activité médicale de pointe sur le site. Les services de développement économique ont commencé à travailler sur ce terrain. Ils l’ont notamment présenté au groupe américain Johnson & Johnson qui cherche depuis plus d’un an maintenant un emplacement pour installer un incubateur à Marseille.
Très attaché à la réputation d’excellence médicale de Marseille, Jean-Claude Gaudin a également annoncé qu’il allait « entreprendre tout ce qui sera nécessaire pour relancer le projet du grand hôpital privé à Saint-Barnabé avec une configuration urbanistique plus adaptée au tissu urbain qui l’entoure et avec quelques améliorations par rapport au projet initial ». Il semble donc que la mairie soutient le groupe Sainte-Marguerite dans sa volonté de s’installer sur le site de l’ancien collège Louis Armand. La direction doit maintenant revoir sa copie légèrement à la baisse pour répondre aux exigences des habitants du quartier et des services de l’Etat.
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et ne cèdera pas son fauteuil avant 2020