Depuis le coup de sifflet final de la rencontre entre l’OM et l’Olympique Lyonnais dimanche 20 septembre, au Stade Vélodrome, les débordements survenus sur la pelouse et dans les tribunes ont pris la tournure d’une affaire d’Etat. Voici en cinq points les clefs d’une affaire qui a largement dépassé les travées de l’enceinte du boulevard Michelet à Marseille.
1 – Les incidents
Dés l’entrée des joueurs lyonnais sur la pelouse dimanche soir pour leur échauffement, les supporters marseillais installaient depuis les tribunes un climat particulièrement hostile. Leur cible particulière avait un nom : Mathieu Valbuena. Le milieu de terrain avait passé huit saisons sous les couleurs marseillaises avant de rejoindre l’ennemi lyonnais. Une trahison pour les supporters, certains ont traduit ce sentiment en acte de violence. Mathieu Valbuena a rapidement essuyé des jets de projectiles dés qu’il tirait un corner, par exemple. Des bouteilles d’eau en plastiques, des gobelets mais rapidement des bouteilles de bières, en verre. Une aberration de remarquer la présence de bouteilles en verre dans un stade de foot. Mathieu Valbuena a également été la cible de jets de drapeaux depuis toutes les tribunes. Ruddy Buquet, l’arbitre du match a décidé en seconde période d’interrompre le match durant 25 minutes. Ensuite, un calme relatif est revenu, jusqu’au coup de sifflet final.
2 – Les déclarations de Jean-Michel Aulas et Vincent Labrune
Ils ne se détestent pas forcément mais les deux présidents des deux « Olympiques » n’en manquent pas une pour se taquiner, à coup de déclarations fracassantes. Au moment où les arbitres interrompent la rencontre, Jean-Michel Aulas quitte immédiatement la tribune présidentielle pour aller voir les délégués officiels du match. Il est suivi par son homologue marseillais. L’échange se déroule derrière une porte close. Les deux hommes ressortent et Vincent Labrune s’exprime au micro de nos confrères de Canal+ : « Il y a eu des faits de jeu qui ont entraîné ces incidents, et deux trois bouteilles de bière sur le terrain, reconnait alors Vincent Labrune. Il faut raison garder. Le club assumera ses responsabilités en matière de sécurité. Mais j’espère que la fédération, la direction de l’arbitrage et l’Olympique Lyonnais feront de même.” A l’issue de la rencontre, Jean-Michel Aulas réplique, et les secousses sont fortes : « Aujourd’hui, parce que le président Labrune veut grandir un petit peu plus vite qu’il n’en a la possibilité de le faire, on se retrouve dans des conditions qui mettent tout le monde en difficulté y compris les arbitres. Les dirigeants de l’OM ont laissé se propager ce qui était une vendetta à l’attention de Mathieu Valbuena. C’est insupportable. Son intégrité physique a été mise en danger. J’ai dit à Vincent Labrune que c’était un guignol.” Dernière réponse en date, celle de Vincent Labrune sur Europe1, lundi soir. Le président de l’OM évoque son homologue lyonnais : « C’est vrai que Jean-Michel [Aulas, NDLR] a pris l’habitude de se vexer dés que l’on contrecarre ses plans. Il faut faire avec. Mais il y’a c’est vrai un choc des générations entre nous entre une vision du football moderne, internationale et économiquement saine que j’essaye d’incarner et une vision plus conservatrice qui est la sienne. C’est un peu comme en politique, les vieux lions ont parfois du mal à accepter l’arrivée de personnes plus jeunes, il faut pourtant faire avec. »
3 – Les virages du Vélodrome, quelle gestion, quelle sécurité?
C’est Bernard Tapie, alors président de l’OM en exercice qui avait instauré ce mode de gestion avec les groupes de supporters. Le deal était le suivant: Les places et les abonnements vendus dans les deux virages du stade était à la charge des groupes de supporters. en échange, ces groupes prenaient une marge sur ces ventes, ce qui leur permettait de pouvoir fonctionner. La vente des places est donc depuis l’affaire des groupes de supporters. En revanche la sécurité dans le stade des tribunes présidentielles au virage est l’affaire de l’OM. L’Olympique de Marseille a récemment changé de société pour la sécurité. Vincent Labrune se défend des débordement en affirmant avoir mis les bouchées doubles pour la venue de Lyon. « Pour info, on avait 750 stadiers, détaille le président de l’OM, on avait 18 maître chiens, 88 agents d’accueil, on avait mis en place un dispositif spécial autour des poteaux de corner pour éviter justement des jets éventuels sur Mathieu [Valbuena, NDLR]. Pour un cout total de plus de 250000 euros ».
4 – Le ministre s’en mêle
Lundi matin, au lendemain du match, les images de violence survenues au stade Vélodrome remontent vers la capital et prennent la tournure d’une affaire politique. Dans le gouvernement, le premier à réagir est le ministre des sports, Patrick Kanner s’est dit « furieux et inquiet ». Inquiet de l’image donné dans les stades français alors que la France doit accueillir l’Euro 2016 et que Paris est ville candidate pour l’organisation des JO. Furieux, ensuite, à plusieurs titres et le ministre a détaillé sa colère : « Je suis furieux contre les responsables des forces de sécurité du Vélodrome qui ont permis l’accès à ces supporteurs armés de bouteilles de verre, furieux des propos de M. Labrune [président de l’OM, NDLR] qui a minoré ces incidents et fait porter la responsabilité à l’arbitrage.”
5 – L’emballement médiatique
« L’affaire »a fait la une de nombreux médias, régionaux et nationaux tout au long de la journée de lundi. Prochaine étape, qui devrait être tout aussi médiatisée, jeudi 24 septembre, la commission de discipline de la Ligue de Football Professionnelle doit se réunir pour décider des sanctions à l’encontre de l’Olympique de Marseille. le club risque un match a huis clos, mais également un retrait de points. Au final, sinon, Marseille et Lyon ont fait match nul 1 but partout, dimanche soir.
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