Olivier Mathiot est de ceux pour qui le goût d’entreprendre coule dans les veines. C’est dans son ADN. Le co-fondateur du site de e-commerce PriceMinister (crée en 2001 et racheté pour 200 millions d’euros par le groupe japonais Rakuten en juin 2010), a été élu le 25 avril à la présidence de thecamp, et succède ainsi à Jean-Paul Bailly. « Un honneur », pour cet entrepreneur qui arbore plusieurs casquettes mais aussi « un nouveau challenge ». Grand professionnel du marketing, cet ancien HEC a longtemps baroudé entre les Etats-Unis, l’Asie et l’Europe, affûtant sa vision du monde, pour rester dans l’ère du temps.
Vice-président de France Digitale et président de Rakuten France, qui commence à se structurer dans l’Hexagone, ce Grenoblois d’origine, a conservé un pied à Paris, les deux parfois, mais a toujours gardé un œil attentif sur la métropole Aix-Marseille. Il avoue qu’il y a quelques années, pour les investisseurs parisiens, l’image de la région Provence n’était pas « excellente », en raison notamment « des affaires politiques. » Les relations entre le privé et le public, « trop politisées, mélangeant des intérêts personnels… Qu’elle soit vraie ou fausse, cette image n’est pas très bonne ».
thecamp a tout changé
Puis thecamp a tout changé… Alors que le campus du futur est en chantier, Olivier Mathiot rencontre Frédéric Chevalier. Les deux entrepreneurs partagent la même vision de ce lieu « inspirant », dont ils souhaitent le rayonnement à l’international. Si de son vivant, « Fred » était considéré comme un « visionnaire, » Olivier Mathiot marche incontestablement dans ses pas, en ouvrant de nouvelles perspectives. Avec humilité, il « veut aller encore plus loin », convaincu « qu’une voix française peut se faire entendre dans le monde entier ». Pour y parvenir, il a déjà activé quelques leviers, tapé aux portes des institutions publiques françaises, sollicité des grands acteurs économiques… pour permettre à thecamp de se multiplier à travers le monde. Amateur de tennis, il a trouvé à thecamp un espace d’entraînement dans tous les sens du terme, nourri des mêmes valeurs qui animent le monde sportif.
Egalement engagé dans le mouvement Aix-Marseille French Tech mené par Pascal Lorne, Olivier Mathiot n’aime pas le capital qui dort. Business angel, il aime miser sur des start-up en qui il croit et envisage pour thecamp la création d’une structure d’investissement pour booster les jeunes pousses. L’autre ambition d’Olivier Mathiot et non des moindres est de faire de thecamp une « marque » qui pourrait s’exporter à l’international. Olivier Mathiot met sans aucun doute son observation et sa vision du monde qui change au service du campus du futur, pour en faire une «référence mondiale de l’innovation et de la transformation». Entretien, 1er volet.
On espère atteindre l’équilibre équilibre en 2020 (1/2)
Gomet’. Qu’est-ce qui vous a attiré vers thecamp ?
O.M. J’ai aménagé à Marseille l’an dernier, et j’ai constaté le fort potentiel de ce territoire. Au moment de ma rencontre avec Frédéric Chevalier, thecamp était encore en chantier, nous avions évoqué une collaboration future, sans en déterminer les contours. Nous étions, lui et moi, en pleine quête de sens, des interrogations sur le futur, le monde de demain… Nous partagions les mêmes constats. Puis, il lui est arrivé cet accident. J’ai ensuite intégré la liste de l’équipe Aix-Marseille French Tech, présidée par Pascal Lorne, puis je me suis reposé la question pour thecamp. C’était le moment. Aujourd’hui, je suis plus que fier, je suis honoré d’avoir été nommé à ce poste, d’autant que thecamp est sous une bonne étoile.
A la suite de votre nomination, y-a-t-il eu des modifications dans l’organigramme de la direction ?
O.M. Non, il n’y a de changement. Denis Parisot reste directeur général, aux cotés de Lionel Minassian. Je ne suis pas CEO, car je suis une partie à Paris pour aussi aller voir tous les partenaires privés et publics de thecamp et il faut bien réaliser que la France est assez centralisée et qu’il faut absolument passer du temps à Paris, voire à Bruxelles, Londres etc… Je serai toutes les semaines à thecamp. Je suis non-exécutif dans le titre, mais c’est vrai que de par mon caractère et mon parcours entrepreneurial, je discute beaucoup avec Lionel et Denis aussi des sujets opérationnels…
Après un peu plus de six mois d’exploitation, avez-vous des indicateurs chiffrés du succès de thecamp ?
O.M. Nous n’avons pas encore trouvé l’équilibre économique, qu’on espère atteindre en 2020. Cela met une certaine pression d’ailleurs. Le succès se traduit par d’autres chiffres : les 15 000 campeurs qui sont venus sur le site, depuis septembre, plus de 25 pays (le Brésil, le Mexique, la Chine, Israël, la Corée…) sont passés par thecamp. Avec le Pass, 1 500 séjours de grands groupes ont été organisés depuis l’ouverture et pas mal de résultats autour des projets de créativité représentés avec l’initiative « the Hive », dont la deuxième promotion est arrivée la semaine dernière avec 20 créatifs qui viennent de tous les pays. L’incubateur, le Village By CA avec dix start-up qui ont été incubées, bientôt la suite… et les projets en cours au Lab. Moi, j’aimerais renforcer tout cela.
Quelles sont vos idées pour y parvenir ?
O.M. J’aimerais que thecamp devienne un lieu de contenant dans le sens où il reçoit des personnes extérieures, mais aussi un lieu de contenus. Par contenus, j’entends des grandes conférences comme le France Digital Day, des événements du même type à San Francisco ou à Barcelone… Ces événements sont intéressants car ils sont riches mais très éphémères, et hors sols ils ne sont pas ancrés dans un territoire. Ce que je trouve intéressant avec thecamp c’est que non seulement, on va avoir des contenus intéressants, inspirants, originaux, qui transforment à la fois les organisations et les personnes, mais également ancrés dans un lieu. Et le lieu fait partie de l’expérience de transformation. Il y a des lieux qui existent par ailleurs, sans contenu, on peut toujours faire un séminaire facilement, dans un château, à la montagne… Mais associer les deux, c’est une alchimie unique…
> Retrouvez lundi le second volet de notre entretien : Olivier Mathiot, P-dg de Rakuten France : « Faire de thecamp une marque internationale » (2/2)