« La pierre me calme, la photo m’existe, mais le plus jouissif à réaliser sont les dessins car ils font appel à toute ma mémoire de l’instant. » C’est ainsi que Denis Lucas résume ses pratiques artistiques. À 70 ans, l’artiste plasticien, sculpteur et photographe, présente l’ensemble de ses travaux récents sans aucune censure, avec un grand sentiment de liberté, dans la galerie gérée par le collectif 3013, rue de La République, à Marseille. Un travail où la rudesse de la pierre dialogue avec la légèreté du crayon, à la manière de la force et de la fragilité de l’amour.
Mais de quel amour s’agit-il ? « Quasiment que du sentiment amoureux. Volatile. Dans mes dessins, il est plus aérien car c’est de l’ordre du souvenir d’une histoire. Dans mes sculptures, les liens dans les blocs thermoformés sont là pour réunir, ceux avec les pierres pour fixer » poursuit Denis Lucas.
Né à Rouen, Denis Lucas a commencé très tôt à sculpter sur des blocs de craie des falaises normandes. « De cette période, il ne me reste qu’un moulage car les autres sculptures étaient éphémères. La craie contient du sel qui a petit à petit rongé la pièce. » Installé en Provence depuis 25 ans, il découvre lors de ses balades la pierre de Cassis et sympathise avec un propriétaire de carrière qui lui laisse prendre ce qu’il veut. Une aubaine car ces carrières sont aujourd’hui fermées. « Mais je poursuis toujours mes balades à la recherche de deux pierres. Deux seulement à chaque fois et quand je les ai trouvées, je rentre à l’atelier. » Deux pierres qui doivent naturellement bien s’épouser.
Du dessin à la photographie, en passant par la sculpture, saisir l’insasissable, retenir ce qui ne peut l’être, c’est l’obsession de l’homme dans sa quête artistique. Ce qui fera dire très justement à Marie-Pierre Foissy-Aufrère, conservatrice des musées de France lors d’une précédente exposition à Avignon : « Le regard que porte Lucas sur la chair est un regard féminiment viril et quasi mystique. » Comme dans sa pratique du shibari, « légère car les liens ne sont pas serrés et mes modèles me disent que c’est plus troublant pour elles que dans la pratique traditionnelle car je leur laisse une liberté de mouvement dont elles ne savent pas quoi faire ». Des modèles, véritables muses, qui seront présentes le soir du vernissage et qui se verront pour la première fois exposées sur les murs d’une galerie.
L’exposition qui aurait dû trouver une place dans MP 2018
Pour Stéphane Sarpaux, membre de Marseille 3013 : « On a présenté des projets à MP2018 mais celui-ci n’a pas été retenu. Même si on n’est pas dans le programme officiel, on souhaitait vraiment travailler sur le charnel. C’est aussi un aspect de l’amour, moins bisounours, et quand j’ai vu le travail de Denis Lucas, j’ai su que c’était exactement ce que je recherchais. L’ensemble est cohérent, c’est un tout avec une réelle dynamique. » Et si le Off n’existe pas cette année, il pourrait s’inventer à l’image d’autres grands rendez-vous culturels ou comme l’a incarné le collectif pour MP2013.
Comme le collectif Marseille 3013 a pris l’habitude d’accompagner ses expositions d’une soirée festive, Love on the beat fera danser les adultes le lendemain du vernissage, samedi 17 février, lors d’une soirée rouge rythmée par la playlist du DJ Sonic Seducer.
Informations pratiques
> Vernissage vendredi 16 février 2018 à 19h – Entrée libre
> Soirée rouge – bal pour adultes, le samedi 17 février à partir de 21h, avec Sonic Seducer – PAF 8 € en prévente et 10 €
> 52, rue de la République – Marseille 2e(crédits photos ©Dominique Villanueva)