La maire d’Aix-en-Provence ne lâche rien et considère, deux semaines après la décision du Conseil constitutionnel validant la représentativité du conseil métropolitain de la Métropole Aix Marseille Provence, que le pire est toujours à venir. Invitée de l’émission La Voix est libre sur France 3 ce samedi 27 février, elle a maintenu ses critiques, à la fois sur le fond et sur la forme.
Sur le fond, elle considère plus que jamais que la métropole est une belle idée « de principe mais théorique » et sortie de cerveaux « d’intellos », de « technocrates » de l’Ena, déconnectés des réalités. Car la métropole sera ingouvernable, éloignée de la proximité du terrain de par sa taille et son mode de gouvernance centralisateur. « Dans le Pays d’Aix, nous allons vite car nous sommes décentralisés. »
« A Marseille tout vient du haut. Ça ne peut pas marcher »
« Ici nous avons la présence d’une administration marseillaise qui a démontré son incapacité à gérer. Je ne vois pas pourquoi nous devrions payer pour la mauvaise gestion des autres » lance Maryse Joissains pointant l’endettement de la ville de Marseille et l’harmonisation à venir de la fiscalité métropolitaine. « J’appelle ça un hold-up. »
Au-delà de la pauvreté de la ville-centre – contrairement à l’ensemble des métropoles qui sont tirées par une commune riche souligne Maryse Joissains – la maire d’Aix cible bien le manque d’efficacité des fonctionnaires marseillais. « Aujourd’hui les fonctionnaires de la ville de Marseille ont pris le pouvoir et on est en train de nous imposer des choses qu’on ne soupçonne pas. Cela rappelle le centralisme démocratique des pays communistes de l’Est. »
« Non seulement on va être massacré fiscalement mais quels vont être les investissements, quel va être le fonctionnement de cette administration hyper centralisée ? Il y a un mode de gestion déficient qui a entrainé cette ville dans l’échec. Et d’ajouter : « nous aurions du être choisis pour être les leaders de cette métropole. (…) Aujourd’hui il y a des élus à Marseille qui n’osent pas s’exprimer parce qu’il y un fonctionnement qui fait que tout est décidé à la tête. Moi à Aix, nous sommes dans une démocratie totale. A Marseille tout vient du haut. Ça ne peut pas marcher.»
« Une administration qui va vous tuer »
Maryse Joissains dit avoir tenté d’établir le dialogue pour préparer la mise en place de la métropole, évoquant ses courriers restés sans réponse l’été dernier. Elle se dit aujourd’hui plus que jamais déterminée à faire valoir les droits d’Aix et du pays d’Aix qu’elle a dirigés durant 15 ans. « Nous n’avons pas à payer pour l’échec et la mauvaise gestion de Marseille. Je vais réclamer notre dû. » En face de l’élue, le président de l’UPE 13, Johan Bencivenga invité sur le plateau de France 3, a souligné l’intérêt pour les entreprises de pouvoir bénéficier d’un interlocuteur unique sur un territoire « qui n’a pas tant réussi que ça ». Il a notamment pointé du doigt les retards en matière de transports ou de marketing territorial.
Maryse Joissains acquiesce mais n’en démord pas. Pour elle, ce n’est pas une administration hyper centralisée qui est en capacité de gérer cette étape. « Quand ça ne marche pas dans les colonies, on dit que c’est la faute de l’administration, de l’Etat, de la réglementation. Vous êtes en train de mettre en place une administration et une réglementation qui va vous tuer. Que ça tue Marseille, ce n’est pas mon problème mais que ça tue le pays d’Aix qui est extrêmement performant, extrêmement attractif, je ne peux pas adhérer. Et je me bats pour Aix et le pays d’Aix »
“Nous pouvons être leaders demain. Chiche ?”
Et si elle prenait les choses en main ? Maryse Joissains, qui avait un temps envisagé de se présenter à la présidence de la Métropole, cédant finalement au consensus autour de Jean-Claude Gaudin, semble aujourd’hui considérer qu’Aix serait la plus légitime pour diriger de façon efficace la Métropole. « Nous aurions du être choisi comme le leader car nous sommes la ville la plus riche. Nous avons une conjonction de compétence sur la ville d’Aix qui est formidable. » De là à mettre son énergie au service de la Métropole’interroge le journaliste Thierry Bezer : « Nous pouvons être leaders demain, lâche-telle, en ajoutant : « Chiche ? » En attendant, la maire d’Aix confirme qu’elle sera bien candidate à la présidence du Conseil de territoire du Pays d’Aix qui va remplacer l’ex-CPA. Une première étape ?
Lien utile :
L’intégralité de l’émission La Voix est libre sur le site de France 3