Les oreilles de Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, ont du sifflé jusque tard dans la nuit. Tant les attaques ont été nombreuses et répétées contre le maire de Marseille et son cabinet, voire contre toute la ville de Marseille. Pour Maryse Joissains, la maire d’Aix, son frère-ennemi préféré est coupable d’être resté sourd aux appels multiples durant l’été.
Car pour elle comme pour son adjoint aux Finances, Gérard Bramoullé, il est indispensable, pour démarrer la métropole dans des conditions acceptables, de se mettre d’accord sur un certain nombre de règles. Ainsi un pacte financier et de gouvernance a été rédigé, signé par les autres communes de la CPA et qui devait, selon les Aixois être discuté et validé avec Jean-Claude Gaudin, le président pressenti de la nouvelle collectivité qui verra le jour le 1er janvier 2016; la maire d’Aix-en-Provence ayant décidé de se rallier au maire de Marseille au début de l’été.
[pullquote]Bramoullé « Je préfère mourir debout. »[/pullquote] Mais patatras. Face au silence de l’hôtel de ville phocéen, les Aixois ont sonné en septembre la révolte. « J’ai fait la Légion. Je me rappelle Cameron et je préfère mourir debout » lance martial Gérard Bramoullé au conseil municipal. Les débats vont donc, durant plus de deux heures, refaire l’histoire du projet métropolitain, de l’étape ratée du pôle métropolitain aux amendements Gaudin, les seuls retenus, et qui privilégient selon Aix les tous petits maires ou Marseille… « Nous voilà condamnés à la double peine » lance Sophie Joissains la sénatrice UDI : baisse des dotations de l’Etat d’un côté, augmentation de la ponction métropolitaine sur nos finances de l’autre.
[pullquote]Objectif : prendre date au cas où..[/pullquote]Les Aixois décident donc de réagir et prennent des initiatives : élire d’abord les représentants à la métropole. « Nous devons appliquer la loi rappelle utilement Maryse Joissains. Nous comptons bien prendre toute notre place dans cette métropole. » Mais ils prédisent déjà l’échec de cette « monstropole ». « C’est un déni de démocratie, cela ne pourra pas fonctionner » lance Grérard Bramoulé qui incite les conseillers municjpaux à prendre date « face à l’impérialisme marseillais. » « Nous appelons à la création d’une métropole d’Aix et du pays d’Aix. » La proposition a fait la quasi unanimité des maires de la CPA lors de la réunion de bureau la semaine dernière. Si l‘initiative a peu de chance d’aboutir, elle a le mérite de faire diversion, de maintenir la mobilisation des élus et surtout de remettre la pression sur Jean-Claude Gaudin.
L’inquiétude semble très vive, derrière les nombreux effets de manche. Pele-mele : ce nouveau stade vélodrome, « c’est une désolation »; la Société des eaux de Marseille, « elle veut mettre la main sur l’eau d’Aix »; « l’APHM, ils veulent acheter l’hôpital d’Aix. ». « Nous savons que Jean-Claude Gaudin est en campagne avec sa méthode joviale et un peu ronde » observe Sophie Joissains qui le côtoie au Palais du Luxembourg dans une ambiance bien plus feutrée. « Nos dissensions ne sont pas idéologiques » rappellent encore les Aixois.
Certes. Mais
le clivage entre les deux villes n’a jamais semblé aussi important à quelques semaines seulement de l’élection du 1er président d’Aix Marseille Provence. Bonne chance !
Les 17 élus métropolitains :
L’élection s’est déroulée lors du dernier conseil municipal. Ont été élus conseillers métropolitains de la Ville d’Aix : > Pour le groupe La Force pour Aix : Maryse Joissains-Masini, Bramoullé Gérard, Gallèse Alexandre, Di Caro Sylvaine, Taulan Françis, Sicard-Desnuelle Marie-Pierre, Susini Jules, Zerkani Raynal Karima, Paoli Stéphane, Bonthoux Odile, De Saintdo Philippe, Boudon Jacques, Malauzat Irène, Chazeau Maurice, Grossi Jean-Christophe
> Pour le groupe Démocratie pour Aix : Lenfant Gaëlle.
>Jean-Jacques Politano (fraichement démissionnaire du groupe Démocratie pour Aix)
Une contre-offensive en trois temps :A la suite de l’élection des conseillers métropolitains, le conseil municipal a adopté trois délibérations qui encadre la contre-offensive aixoise contre la métropole :
> Deux rapports destinés à engager autant de recours devant le Conseil d’Etat ont été adopté. Le premier vise à faire annuler le décret portant création de cette Métropole, au motif que ledit décret « ne précise pas les compétences de la future métropole au jour de sa création », ce qui est contraire au code général des collectivités territoriales (art. L 5217-1). Le second attaque l’arrêté établissant le nombre de sièges au futur conseil de la Métropole : il accorde à Marseille un nombre de sièges (108) supérieur au nombre de conseillers municipaux de cette ville (101), en contradiction avec l’art. L 5217-6-1 du même code.
> Le troisième rapport a obtenu la création d’une autre métropole, qui serait baptisée « Aix-Pays d’Aix », et ne comprendrait pas Marseille.