Selon le fameux Franz Olivier Giesbert (éditorialiste au Point), Euromediterranée n’est rien moins, en ce début de siècle, que l’atout majeur de Marseille. Il n’y voit « pas seulement un projet de rénovation urbaine », avec ses milliers de mètres carrés de bureaux et de logements… mais un véritable « tigre » que le pays et l’Europe ont mis dans le moteur économique de la deuxième ville de France ! La voila ainsi « rajeunie et réenchantée »!
Les cartes gagnantes de cette ville conquérante, renchérit l’écrivain turco-suisse Arditi, se nomment désormais « Mucem, Regard de Provence, le Silo, les Docks…» La percevant « solaire et ténébreuse », la romancière Karine Tuil brosse le portrait d’une cité « terrienne et aquatique, qui ose et propose.»
Ces auteurs scandent le récit d’une aventure qui commence précisément le 13 octobre 1995… Il y a tout juste 20 ans paraissait au Journal Officiel de la République le décret créant l’Etablissement Public d’Amenagement EuroMediterraneen, en raccourci Euromed ( pas euromerd, comme le taggèrent certains malpolis). Une opération d’intérêt national devenue en 2 décennies le troisième quartier d’affaires en Europe, avec 800 entreprises sur place, un investissement de 7,5 milliards d’euros, 35 000 emplois nouveaux et 20 000 logements, dont le cinquième à caractère social.
Planter ses rêves pour les partager en frère
Deux cents pages, plus de 80 photos en couleurs, l’établissement publie , à l’occasion de cet anniversaire un volume relatant les moments forts de cette trajectoire, celle de la « plus grande opération de redéveloppement urbain en Europe. » Au coeur de ce « creuset de civilisation,» le confrère Contrucci observe qu’ici on « fabrique des Marseillais avec tous ceux que le ressac de l’Histoire dépose sur (les) quais.» Et d’après lui, « la terre appartient à celui qui y plante ses rêves pour les partager avec ses frères humains. »
Ce document se prononce en faveur d’une meilleure coordination des institutions agissant entre Arenc, la Major et la gare Saint Charles. Il est exact qu’elles foisonnent, non sans quelque désordre. Et que la cité, malgré ses 26 siècles d’existence, ou justement en raison de cela, poursuive et enrichisse sa coopération avec le port, où « elle peut retremper ses racines », comme le l’écrit Didier Van Cauwelaert.
Géants
A la rubrique des géants qui visent le monde depuis ce territoire, Euromed cite Sodexo (420 000 salariés, 18 milliards de chiffre d’affaires), leader mondial de restauration ; CMA CGM , un des premiers du transport maritime (18 000 salariés, 13 milliards de CA) et la Snef, génie électrique et climatique, 10 000 salariés et 1 milliard de chiffre.
Le psychanalyste Grimbert évoque la paupérisation liée à la désindustrialisation et la décolonisation, tout en assurant que Marseille saura, comme l’homme lui même, « faire de ses blessures une force. » Cette force brille dans ces pages, notamment grâce aux images signées d’une quinzaine d’artistes photographes.
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