Le 17 novembre dernier, à Los Angeles, Edward Meyer signe un chèque de quatre millions et huit cent mille dollars (4,8 millions d’euros) pour acquérir la robe de soie brodée de 25 000 brillants que portait Marilyn Monroe le 19 mai 1962, afin de susurrer l’archi célèbre « Happy birthday » au président Kennedy… devant 15 000 invités du Madison Square Garden. Le fourreau moulant couleur chair, imaginé par le couturier français Jean-Louis Berthault, et cousu à même la vedette, n’avait coûté que 12 000 $. En 54 ans, ce costume a donc vu sa valeur multipliée 400 fois ! L’acheteur dirige un réseau de musées Believe it or not [Croyez-le ou pas].
Un extrait filmé de cette mémorable soirée est projeté au centre de l’exposition . « La femme la plus sexy de tous les temps » aurait eu 90 ans aujourd’hui… Si l’abus de barbituriques et d’alcool n’avait pas fauché l’ultra glamour Marilyn quelques mois plus tard. Le centre d’art Caumont décrit « la relation particulière » que la star a pu entretenir avec les photographes et gens d’image qui n’ont cessé de la mitrailler. Et par leur truchement, avec des millions de camionneurs et de soldats, en Corée et ailleurs, qui affichent, tout près d’eux, le portait de leur icône préférée.
En réalité, la starlette a deux faces. Solaire, lumineuse, la blonde platine au sourire enjôleur est douée d’une exceptionnelle capacité photogénique.. Mais côté pile, Norma Jeane Baker n’est qu’une jeune brune tourmentée, fragile et vulnérable.
Nue pour manger ?
Marilyn Monroe. Cette jeune Norma n’a pas 20 ans lorsqu’elle traverse les Étaits-Unis, comme modèle, avec son premier photographe – amoureux, André de Dienes. Qui saluera en ces termes la spontanéité du mannequin : « Face à l’objectif, elle trouve automatiquement l’attitude qui convient… Seins en avant, léger déhanchement, sourire prometteur, regard pétillant. »
« J’avais faim », avouera-t-elle par la suite, pour justifier ses portraits dénudés qui scandaliseront (ou régaleront), l’Amérique, en pages centrales de Playboy (1953), ou en couverture de Life (7 avril 1952). Ces nus sont aussi repris, avec tact et discrétion, par les habiles muséographes du Caumont. Avant de surgir encore en première page de Time, Marilyn affirmera : « J’aime être vraiment habillée, ou pas du tout. L’entre-deux ne m’intéresse pas. »
Sablier et tête d’œuf
Norma devient Marilyn en 1956, Monroe étant le patronyme de sa mère, qui demeura toute sa vie discrète quant au véritable père de l’actrice. En 56 toujours, la pin-up épouse l’écrivain Arthur Miller. Une alliance que les médias apprécieront comme « egg head and hour glass » [littéralement : tête d’œuf et sablier]. Après le boxeur di Maggio, Miller sera le troisième et dernier mari de la belle. Qui confie, devenue Madame Miller : « Il ne m’aurait pas épousée si je n’avais été qu’une blonde écervelée. »
Sam Shaw capte en 1954 la fameuse image de la robe blanche se soulevant sur une grille de métro.. Scène universellement connue, que les cinéphiles reconnaissent dans 7 ans de réflexion... Une tenue qui conserve le prix record de 5,5 millions de dollars ! Selon son confrère Bert Stern, : « Photographier Marilyn, c’est comme photographier la lumière même.» La vedette peroxydée tournera une trentaine de films, mais Alfred Hitchcock lui préférera Grâce Kelly, en déclarant ne pas aimer les femmes « qui ont le sexe affiché sur la figure.»
Provocante
« Je veux que vous m’aimiez » clamait ce sex-symbol qui avait surtout l’obsession d’être vue. La séquence où elle le déclame tourne en boucle dès l’ouverture de la rétrospective aixoise. Ce que perçut parfaitement Andy Warhol. Le pape du Pop art reproduisant à l’infini, en 1964, ce visage tant admiré. Dix ans après, leur compatriote Norman Mailer écrira de l’idole qu’elle ne fut que “phosphorescence et poussière.»
La veille même de sa mort, en 1962, un reporter de Vogue capturera les dernières traces du sourire radieux d’une femme désespérée d’être devenue, à son corps défendant, ou non « la plus provocante d’Amérique» – selon la formule du magazine Redbook. Malgré un foulard des plus transparents, rien n’est vraiment caché au second étage de la rue Cabassol. Mais une ample robe noire rend le personnage encore plus séduisant. Et énigmatique.
Un demi siècle après le langoureux récital, et la mystérieuse disparition de ses deux principaux protagonistes, Marilyn Monroe reste, post mortem, abonnée à Facebook, y comptant la bagatelle de 3 millions de fidèles.
Liens utiles :
> Marilyn, du 22 octobre au 1er mai 2017, ouvert tous les jours de 10 à 18 h
> Tarifs : 5 à 13 €
> www.caumont-centredart.com