Il ne manquait plus que lui à la Cité de l’innovation et des savoirs. L’accélérateur « M » est le dernier lieu d’accompagnement de start-up à emménager dans l’ancien siège de la SNCM au Castel face au J1. Il rejoint les accélérateurs de L’Occitane et de la CMA CGM, Obratori et Zebox, installés aux 2e et 1er étage, et les bureaux d’Aix-Marseille Université qui est à l’origine du projet. La Métropole investit 300 mètres carrés de locaux au rez-de-chaussée de l’immeuble pour installer son nouvel accélérateur d’entreprises baptisé « M ». Si l’inauguration officielle de la Cité de l’innovation et des savoirs est prévue le 13 mars prochain, la présidente du Département et de la Métropole, Martine Vassal s’est offerte une visite du site ce mardi 22 janvier. L’occasion de découvrir avant l’ouverture officielle du lieu ce que va proposer l’accélérateur « M ».
L’accélérateur M, un concept à dupliquer sur d’autres villes
« Beaucoup de personnes ont d’excellentes idées et elles ont besoin qu’on les aide à trouver des moyens de production, des financements, des conseils juridiques… l’accompagnement des entreprises fait partie de nos compétences et c’est ce que nous faisons ici », explique Martine Vassal. A l’instar de Zebox ou d’Obratori, la Métropole veut jouer le rôle d’accompagnateurs des jeunes entrepreneurs sur tout le territoire. L’accélérateur abrite d’ailleurs les nouveaux bureaux marseillais d’Aix-Marseille French Tech. Après Marseille, le concept pourrait même être dupliquer ailleurs : « Sur Arles, par exemple, on pourrait faire quelque chose de similaire autour de la culture », avance Martine Vassal. A partir de mars prochain, l’accélérateur M accueillera des promotions d’une quinzaine de sociétés qui resteront environ 4 mois au Castel afin de murir leur projet. Elles seront aidées dans le développement de leur chiffre d’affaires, dans leurs recrutements ou encore dans leurs premières levées de fonds. Jusqu’ici, rien de très nouveau…
Mais en tant qu’acteur public, la Métropole propose un service beaucoup moins cher que ses petits camarades privés. A part un ticket d’entrée de 300 euros, le programme d’accélération est entièrement gratuit. Et contrairement à certains accélérateurs privés, l’accélérateur M ne prendra pas de participation dans le capital des start-up. Du moins, dans un premier temps, car « je souhaite que nous réfléchissons à la question à la fin de la première année d’exercice », annonce Franck Araujo, le directeur de l’accélérateur M et ancien de la CCI Marseille Provence. « A terme, on doit trouver le moyen en créant un fonds d’investissement de s’impliquer financièrement aux côtés des entrepreneurs », estime-t-il. D’ailleurs, Martine Vassal nous confie qu’un tel outil est en cours de préparation à la Métropole…
50 % de ressources privées dans trois ans
La Métropole finance entièrement le fonctionnement de ce nouvel accélérateur. Elle verse une subvention de fonctionnement de 150 000 euros par an à l’association « M » et prend en charge le loyer de 80 000 euros par an. « L’accompagnement d’une entreprise pendant quatre mois coûte entre 5 000 et 8 000 euros », explique Franck Araujo. Ce qui offre la possibilité d’en accueillir une trentaine chaque année grâce à la subvention de fonctionnement. « Mais il ne faut pas trop s’appuyer là-dessus car les fonds publics sont toujours amenés à se réduire au bout d’un moment », rappelle le directeur. La structure doit donc rapidement générer ses propres revenus. « A 3 ans, on se fixe l’objectif d’avoir un budget financé à 50 % par le privé », affirme Franck Araujo. Pour y parvenir, elle compte sur la deuxième partie de son offre, l’« Open Innovation » pour les grandes entreprises.
Ce programme consiste à impliquer des tierces-parties externes à une organisation dans son processus d’innovation afin d’exploiter au mieux l’intelligence collective de son écosystème. Cela signifie l’ouverture de son programme d’innovation collaborative à ses clients, fournisseurs, partenaires, à des universités et laboratoires de recherche, à des startups. « On utilisera nos résidents comme matière première pour challenger les grands groupes. Cette friction entre les petites et les grosses entreprises est bénéfique pour tout le monde », avance Franck Araujo. Il affirme avoir déjà beaucoup de sociétés locales et nationales intéressées pour souscrire au programme. L’accélérateur collaborera avec les équipes d’Aix-Marseille Université pour notamment proposer les compétences des laboratoires de recherche ou faire des recherches régionales de brevets issus du monde académique. Il organisera aussi des hackatons et des start-up challenge pour trouver des solutions innovantes ou identifier des opportunités de partenariats, voire de croissance externe. Les clients pourront également créer un Innov’lab pour apporter de nouvelles sources de valeurs en associant clients, partenaires et collaborateur de l’entreprise. Enfin, l’accélérateur propose également d’identifier et d’aider au montage des dossiers pour les appels à projets européens et obtenir de nouveaux financements. Petit plus, chaque entreprise clientes du programme Open Innovation devient membre de facto de l’accélérateur M et pourra apporter sa contribution à l’évolution du projet « avec pourquoi pas, une participation financière à la construction du fonds d’investissement », glisse Franck Araujo.
Les noms des premiers accélérés
Toujours en cours d’installation, l’accélérateur est en train de terminer la sélection de sa première promotion qui arrivera en mars. Il a déterminé trois grandes thématiques prioritaires pour ce choix : l’économie bleue, urbanisme – qualité de vie et les industries culturelles et créatives. Lors de la visite de Martine Vassal, l’un des premiers résidents officiels était déjà présent. Juan-Pablo Maidana Salazar a développé une solution d’analyse des comportements clients sur les réseaux sociaux pour les transformer en clients physiques. Il compte sur l’aide de l’accélérateur M pour boucler sa première levée de fonds auprès du grand public et de grandes entreprises françaises. Il travaille notamment avec Hammerson, le propriétaire des Terrasses du Port, pour tester son application et verrait bien ce « partenaire investir dans son projet ». D’autres noms de futurs résidents de l’accélérateur M ont déjà fuité. Il y’aura par exemple la société Humans & Drones, à l’origine du Drone Tour à Marseille et Iadsys, jeune entreprise aubagnaise qui a créé le Jellyfishbot, un robot nettoyeur pour les milieux aquatiques. « On aura également deux start-up du Technopole de l’Arbois qui ont reçu cette année un award au CES de Las Vegas », ajoute Franck Araujo. D’ailleurs, les patrons de deux d’entre elles, Connected Garden et Beelife, étaient présents à la visite.
Repères
Un système d’échange avec d’autres accélérateurs de la Méditerranée« M » pour Métropole mais aussi pour « Méditerranée ». L’accélérateur veut créer un réseau sur tout le pourtour méditerranéen et vers l’Afrique. Il annonce déjà des discussions très avancées sur des pays comme le Ghana, l’Algérie, le Liban… « On a un représentant de 619 factory qui vient visiter le site le 31 janvier », nous apprend Franck Araujo. Il s’appuie, pour établir ses contacts sur des structures bien connues à Marseille : Anima Network, Africa Link, Hub Africa, Emerging valley, l’Avitem… Ainsi, il a établi une liste de prospects prioritaires dont le Flat6Labs à Beyrouth, Jokkolabs (Sénégal, Cameroun, Côte d’Ivoire…) ou encore Impact Hub Africa. L’objectif est de partager les ressources mais aussi de créer un système d’échange entre les résidents de chaque accélérateur de se rendre dans un pays ou un autre à la découverte d’un nouveau marché potentiel.
Liens utiles :
> Cité de l’innovation et des savoirs : Aix-Marseille Université s’installe au Castel
> Gomet’ Premium : ZeBox, la première pépinière d’innovations de la CMA CGM ouvre au Castel à Marseille
> Gomet’ Premium : Obratori : L’Occitane ouvre son accélérateur de start-up à Marseille