Twitter n’est qu’un vaste bistrot. Et dans ce gigantesque café où convergent, chaque jour, des millions d’utilisateurs, on refait le monde, pour le meilleur et aussi parfois pour le pire. En quelques minutes, des centaines de brèves, d’humeurs, de coups de cœur ou de colère circulent sur le net. Et tandis que certains s’écharpent sur la dernière loi votée à l’Assemblée nationale, les autres commentent et analysent le match de leur équipe de football. Sur le web, on peut tout faire : demander un service, envoyer une photo, donner de ses nouvelles. Même chose pour Facebook, qui s’est transformé en une sorte d’agora immense (avec ses propres règles, parfois au détriment du débat justement), mais aussi en un levier de communication particulièrement efficace pour les sites d’information, les entreprises et les élus.
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Les réseaux sociaux ont peu à peu remplacé la place centrale du village, là où tout le monde se retrouvait pour s’exprimer et partager. La nostalgie n’est sans doute pas étrangère à ce parallèle et, à l’heure où chacun se connecte depuis chez soi, ces fameuses places sont bien désertes. On ne communique plus comme avant. On ne s’informe plus comme avant. On n’échange plus comme avant. Les discussions virtuelles ont pris une dimension telle que certains élus, comme le député UMP de Haute-Savoie Lionel Tardy, ont beaucoup misé, et gagné, en faisant gonfler leur notoriété sur Twitter : lui est devenu, entre autres grâce à son influence sur le réseau social, porte-parole de François Fillon. La technologie, si elle sépare les citoyens et fragmente l’espace public, intensifie également les communications. D’où l’intérêt de se faire une place dans ce vaste bistrot où l’on parle, bien souvent, de politique.
Votre maire est-il connecté ? Regardez sur notre carte :
Les maires de la métropole d’Aix-Marseille-Provence sont-ils vraiment connectés ?
Mais visiblement, la majorité des maires de la métropole n’a pas encore compris cet enjeu. Ou alors qu’à moitié. Certes, le coût évident pour développer une stratégie efficace sur les réseaux sociaux est une raison suffisamment importante pour justifier leur présence diffuse sur Internet. Un maire n’a souvent pas beaucoup de moyens pour exercer son mandat, notamment dans les petites communes, et il préfère dépenser son budget autrement que dans le développement des plateformes numériques. Sauf que… ça ne coûte pas forcément très cher de communiquer correctement sur Internet. Twitter et Facebook sont gratuits. Et c’est aussi la raison pour laquelle beaucoup de maires ont créé leur compte. Problème : ils y sont muets, très discrets ou même carrément inactifs, pour la majorité d’entre eux.
[pullquote]Bien communiquer sur Internet permet de se prémunir des attaques sur les réseaux sociaux.[/pullquote]La plupart du temps, les maires (ou plutôt leur équipe) créent un site Internet à l’occasion d’une campagne électorale. Les frais sont alors engagés par le parti. C’est particulièrement vrai pour la dernière campagne des municipales de mars 2014 : 28 candidats qui avaient lancé leur site à l’occasion de la campagne l’ont fermé ou déserté dès le lendemain du premier conseil municipal. Ensuite, en observant et en analysant les prestations fournies, on note tout de suite que la débauche de moyens n’est pas à la hauteur des ambitions : design bâclé, sites peu pratiques, difficultés d’accéder aux informations essentielles… Beaucoup de candidats délaissent leur site au profit du terrain. Et se contentent de relayer leurs photos et communiqués de manière automatique. L’effet est encore bien pire : mieux vaut ne pas communiquer du tout sur Internet que de le faire à moitié.
Regardez notre infographie sur la présence numérique des maires de la métropole :
Internet, un vecteur de notoriété et un lien direct avec les citoyens
Reconnaissons une chose : Internet n’est qu’un outil. C’est-à-dire qu’il ne remplacera pas une bonne initiative ni ne masquera la vacuité d’un mauvais projet. Si le candidat ne tient pas la route, les réseaux sociaux ne le rendront pas meilleur. Mais s’il est performant et qu’il communique correctement sur Internet, il peut se voir acquérir une notoriété supplémentaire. Ce n’est pas négligeable lorsque l’on se présente dans une petite commune, notamment pour négocier un poids politique dans une communauté d’agglomération par exemple… Ensuite, si un candidat déserte les réseaux sociaux, il prend le risque de laisser enfler les attaques sur Internet. Il faut pouvoir répondre au bashing numérique : en étant présent sur Internet et, surtout, en optant pour une communication adaptée.
[pullquote]Finalement, Internet n’est qu’une reproduction de ce qui se passe dans la réalité.[/pullquote] Enfin, les maires privilégient les permanences ou les marchés, qui permettent un accès « direct » aux électeurs. C’est une bonne chose et c’est un lien concret avec les électeurs. D’autant plus qu’en majorité, les citoyens qui se déplacent aux urnes dans les petites communes sont plutôt âgés et utilisent peu les réseaux sociaux. Mais justement, s’il y a bien un intérêt aux réseaux sociaux, c’est qu’ils permettent une communication immédiate, horizontale, entre les citoyens et leurs représentants ! Par le débat, la discussion, l’interpellation, chacun donne son avis. Internet, c’est aussi une certaine idée de la démocratie participative.
Expliquer ses arguments, diversifier son discours, donner une image moins lisse ou plus drôle : les réseaux sociaux permettent de voir les candidats sous un autre jour. Malheureusement, l’utilisation que les maires en font est très institutionnelle. Alors, on y va ?