Parmi toutes les expositions en cours à la Friche Belle de mai, les grands formats de Claire Tabouret retiennent l’attention. Cette artiste, originaire de Pertuis, vit désormais sur le terrain d’une mine d’or désaffectée, à quelques heures de Los Angeles. Et ce sont d’ailleurs des images photographiques de ce désert californien qui recouvrent délicatement les fenêtres de la salle d’exposition, comme pour nous faire partager son décor quotidien.
Une fois entré dans la salle, que découvre-t-on ? De la peinture figurative. Quelle rareté dans l’art contemporain ! Et on s’étonne à penser que cela fait beaucoup de bien de retrouver ce genre. Un personnage, barbu, peut être âgé ou usé, à l’allure des personnages des peintres réalistes du XIXe siècle tel Millet. Pour nous Provençaux, celui assis, avec son lourd barda sur le dos, aurait même des airs d’un Cézanne en chemin vers la Sainte-Victoire (photo en Une).
Son chercheur d’or, car il s’agit de chercheur d’or, fait dos à un tout autre travail, plus ancien. En résidence à Marseille en 2011, elle décide alors d’effectuer plusieurs traversées entre la France et l’Algérie, et en ramènera cette série de barques qui, peuplée de migrants, traversent elles aussi la Méditerranée. Des barques sans moteur à la dérive sur une eau dormante. Et on ressent dans les traits esquissés par les jeux d’ombre, la fatigue et l’inquiétude de ces hommes et femmes qui scrutent l’horizon. « Land for sea ».
Si la palette de l’artiste s’est enrichie, à six ans d’intervalle, les deux sujets présentent tout de même des points communs comme la quête et l’espoir d’un avenir autre. Celui de l’artiste a lui aussi basculé. Positivement. Claire Tabouret est devenue l’une des artistes françaises les plus remarquées, notamment depuis que François Pinault fait partie de ses collectionneurs, propulsant ainsi la jeune artiste sur le marché de l’art. Peut-être a-t-elle trouvé son filon ? En tout cas, l’exposition est à voir jusqu’à la fin du mois. Après, il faudra se rendre au Yuz Muséum de Shanghai pour apprécier le travail de Claire Tabouret.
Informations pratiques
> Jusqu’au 29 octobre 2017
> Samedi et dimanche de 13h à 19h, de mercredi à vendredi de 14h à 19h
> Tarifs : 3 et 5 €
> www.lafriche.org