« Nous en sommes au début de l’expérimentation et nous espérons qu’il va monter en charge », avoue Aude Jenouvrier, directrice territoriale déléguée à Pôle Emploi. Lancés en Avril 2018 dans 59 quartiers prioritaires de la Métropole, les emplois francs sont encore trop méconnus par les entrepreneurs et les candidats. Pôle Emploi a enregistré aujourd’hui 740 demandes et a signé 573 contrats. Un chiffre encore faible sur le potentiel des 46 000 demandeurs d’emplois concernés. Lors d’une réunion l’été dernier en préfecture, les organismes consulaires ont avoué qu’ils « connaissaient encore mal le détail de ces emplois francs », raconte Fabrice Alimi, vice-président délégué à l’emploi à la CCI Marseille Provence. Pour y remédier, la préfète à l’égalité des chances, Marie-Emmanuelle Assidon, s’est livrée à un petit exercice de pédagogie lundi 27 novembre devant les chefs d’entreprises réunis au Palais de la Bourse.
15 000 euros pour un CDI et 7 500 euros pour un CDD
« Pour la puissance publique, il s’agit d’un moyen de rétablir l’égalité dans l’emploi. Pour les entreprises, c’est une aide non négligeable au recrutement. Enfin, c’est un formidable levier du développement économique et social du territoire pour tous », a affirmé la préfète. La représentante de l’Etat a insisté sur la simplicité des emplois francs qui concernent toutes les entreprises. Concrètement, toute société privée embauchant un salarié habitant un quartier prioritaire de la ville (QPV) peut bénéficier d’une aide substantielle de Pole emploi. Pour un CDI, l’employeur reçoit 5 000 euros par an pendant trois ans ; et pour un CDD d’au moins six mois, 2 500 euros par an sur deux ans. Pour les temps partiel, l’aide est calculée au prorata des heures de travail. Contrairement à certains anciens contrats aidés, elle n’est pas conditionnée à l’implantation de l’entreprise dans un quartier prioritaire de la ville. Seule l’adresse du domicile du candidat importe. Il doit résider depuis au moins deux mois dans un des quartiers désignés et être inscrit à Pole Emploi pour signer un emploi franc. De plus, ils sont cumulables avec d’autres aides à la mobilité ou à la formation. Les employeurs souhaitant signer un emploi franc avec un candidat issu d’un quartier prioritaire de la ville doivent se rapprocher de leur agence Pole Emploi. Un numéro de téléphone est mis à leur disposition : le 3995. Le versement est ensuite effectué chaque semestre par Pole Emploi à l’entreprise.
Un plafond de verre à franchir dans les quartiers
Si l’Etat compte sur les entreprises pour se saisir davantage du dispositif, il travaille également auprès des publics concernés dans les quartiers. « On doit encore lever quelques freins chez ces populations qui avaient plutôt l’habitude de dissimuler leur lieu de résidence. Avec les emplois francs, elle devient un atout et ils doivent la mettre en avant », affirme Aude Jenouvrier. Les chefs d’entreprises locaux ne manquent pas d’idée pour encourager les habitants des quartiers défavorisés. Sebastien Prudhomme, gérant de la société Domino Services, a profité de cette réunion pour lancer un appel. Il est à la recherche d’entreprises prêtes à recruter une dizaine d’emplois francs dans les 12 prochains mois pour participer à une tournée en camion dans les quartiers et « annoncer la bonne nouvelle un peu à l’image des cirques ambulants », explique le patron. L’expérimentation se poursuit jusqu’à la fin de l’année 2019 et en cas de réussite, elle pourrait être élargie à l’ensemble du territoire national.
Lien utile :
> L’entretien avec Jean-Charles Bernard, directeur territorial des Bouches-du-Rhône à Pôle Emploi.