Après l’inauguration en grande pompe, lundi 3 avril, de la grande forme de radoub exploitée par l’allemand Blohm&Voss, le conseil d’administration s’est réuni le vendredi suivant pour discuter de la prochaine étape. « Nous sommes sur un marché mondial avec des gros concurrents comme Barcelone. Il faut continuer à investir si l’on veut gagner des parts de marché », prévient Bernard Deflesselles, député de la 9e circonscription et vice-président en charge de l’innovation au conseil régional Paca. La Semidep-Ciotat a donc présenté les grandes lignes de son plan d’actions stratégique.
Un nouvel ascenseur à bateaux de 4 000 tonnes
Une étude approfondie de l’environnement économique du site, lancée à l’été 2016, livre aujourd’hui des résultats encourageants. Elle confirme la vocation de La Ciotat à être un pôle de référence mondial pour le yachting de très grande taille. Pour continuer à progresser, les chantiers navals vont devoir dans un premier temps accroître ses capacités d’accueil. En plus de la grande forme qui permet de recevoir des navires de 180 m de long, ils vont créer une nouvelle plateforme de méga-yachts de plus de 80 m avec un ascenseur à bateaux de 4 000 tonnes. Cet équipement exceptionnel avait un temps été évoqué à Marseille mais le projet de La Ciotat est aujourd’hui plus avancé : « Nous n’avons pour l’instant reçu aucune proposition sur un éventuel projet marseillais alors nous avançons à La Ciotat où les collectivités sont prêtes à le financer », explique Patrick Boré, le maire de La Ciotat et président de la Semidep. Si La Provence annonçait une somme de 100 millions d’euros, la Semidep assure que le montant de l’investissement reste à préciser. À Barcelone, cet équipement a coûté environ 60 millions d’euros mais « notre site est le plus adapté d’Europe pour ce projet, c’est pour cela que ça nous coûtera moins cher », assure Bernard Deflesselles. L’ensemble des collectivités actionnaires de la Semidep (Conseil départemental : 50%, Conseil régional : 25,82%, Métropole : 19,81% et ville de La Ciotat : 4,27 %) ont approuvé ce projet mais elle souhaite tout de même que les acteurs privés s’impliquent financièrement à leurs côtés. « Ce sera une sorte de partenariat public-privé mais à l’envers », annonce Jean-Yves Saussol, le directeur général de la Semidep.
Une nouvelle mise en concurrence des opérateurs ?
Une chose est sûre, le nouvel ascenseur à bateaux ne pourra pas être confié à un seul exploitant comme c’est le cas pour la grande forme. Il proposera cinq emplacements indépendants d’environ 105 m sur le terre-plein nord actuellement sous-utilisé. La Semidep étudie actuellement la possibilité de négocier gré à gré avec les potentiels opérateurs mais ne s’interdit pas de les mettre en concurrence. « Pour la grande forme, l’appel d’offres a permis de remettre les choses à plat et de pousser les acteurs privés à rivaliser d’inventivité. Ce peut-être une bonne solution aussi pour l’ascenseur », avance Jean-Yves Saussol. Parmi les entreprises déjà installées qui pourraient être intéressées, on retrouve les poids lourd du yachting local comme Composite Works, Monaco Marine et le nouveau venu, Blohm&Voss, filiale de l’allemand Lürssen et de l’espagnol MB92. En plus de l’apport des collectivités et des opérateurs privés, la Semidep compte également utiliser ses fonds propres et solliciter les banques pour un emprunt. Le calendrier validé par le conseil d’administration prévoit une phase d’études de deux ans qui va démarrer dès que possible. Les travaux devraient donc débuter en 2019 avec une ouverture de la plateforme à l’automne 2021.
Un village d’entreprises de 10 000 m² sur la zone des Calanques
« Nous accueillons des bateaux de plus en plus imposants et pour assurer les chantiers, les grands acteurs de La Ciotat ont besoin de plus en plus de sous-traitants ayant une taille critique », explique Jean-Yves Saussol. La Semidep va donc devoir trouver de la place pour les accueillir. Elle prévoit donc de réaliser un village d’entreprises dédié au yachting sur la zone dite des calanques. D’une surface d’environ 4 hectares, elle pourra accueillir 10 000 m2 de bâti. « Nous croulons actuellement sous les demandes d’entrepreneurs qui veulent s’agrandir ou bien s’installer », affirme le directeur. La plupart des besoins exprimés concernent des ateliers allant de 200 m2 à 400 m2 mais la zone pourra s’adapter : « Nous avons par exemple un grand nom de la sous-traitance électrique qui nous demande 600 m2 d’ateliers », ajoute Jean-Yves Saussol. Le terrain concerné appartient pour l’heure à la Métropole et les chantiers navals n’ont pas entamer les négociations avec la collectivités. Ils espèrent évidemment en tirer le meilleur prix car les bâtiments seront loués aux sous-traitants à des conditions très avantageuses à condition qu’il créé de l’emploi localement. Actuellement , les petites entreprises ont du mal à profiter pleinement de la croissance de l’activité et restent fragiles. « Il va falloir les accompagner dans leur gestion prévisionnelle afin de pérenniser les emplois », explique le directeur de la Semidep. La Métropole pourrait par exemple les soutenir avec des prêts à des taux zéro, les banques restant très prudentes sur le financement des sous-traitants. Ce soutien permettrait d’éviter de faire appel à de la main d’œuvre étrangère, à condition également de mettre en place des dispositifs de formation quasi inexistants actuellement.