Dans la 6e circonscription des Bouches-du-Rhône comme ailleurs, la candidate soutenue par Emmanuel Macron bouscule l’ordre établi en profitant de la dynamique de La République en marche. Sur ce territoire où le candidat Les Républicains Guy Teissier a été élu à l’Assemblée nationale sans discontinuer depuis 1993, l’annonce des résultats du premier tour a créé la surprise. Si la candidate LREM-Modem confie son étonnement « d’avoir eu autant d’avance » (33,15% des voix, contre 25,70% pour le candidat LR), son adversaire ne cache pas sa déception. « Quand on travaille dur depuis des années et qu’on a fait autant de choses que j’ai pu en faire pour le Parc national des Calanques, la rénovation du commissariat de la Capelette, le Palais de la glisse et de la glace, la qualité de vie que j’ai préservée dans ces quartiers… Effectivement on pourrait imaginer que face à une inconnue j’ai d’avantage de voix », regrette Guy Teissier, député sortant et président du Conseil de territoire Marseille Provence.
Entre appels téléphoniques et campagne de terrain
Pour le candidat Les Républicains, l’objectif de cet entre-deux-tours est simple : convaincre les abstentionnistes. « C’est là que se trouve le vrai réservoir, détaille-t-il. On les appelle toute la journée, il y a une armée dans ma permanence. On se croirait dans un ancien standard de télécom ! ». Une stratégie très mathématique, où rien n’est laissé au hasard : « J’ai un handicap de 2600 voix, et nous avons pu déterminer qu’il y avait à peu près 4300 de nos électeurs qui n’ont pas voté ». Le candidat admet placer la barre haut mais il reste confiant, rappelant que Valérie Boyer (LR, 1ère circonscription) a été élue il a cinq ans malgré une situation identique au soir du premier tour. Sur le terrain, Guy Tessier évoque ses sujets de prédilection auprès des électeurs : « une politique de quotas d’immigration, la réduction globale des impôts, le rétablissement des peines plancher ou encore une véritable politique de lutte contre le terrorisme, pas comme celle que le gouvernement est en train de prévoir ».
Pendant que l’équipe de campagne de Guy Tessier enchaîne actions de terrain et coups de fil, la candidate LREM s’attache à rencontrer les électeurs et acteurs locaux lors de nombreuses sorties d’écoles, d’une rencontre avec l’Amap (association de maintien de l’agriculture paysanne) où d’une réunion publique – qui aura lieu aujourd’hui, jeudi 15 mai à 19h30 au Cercle de la renaissance. Lors d’une visite de l’exploitation agricole du Roy d’Espagne, une délégation de service public, Eléonore Leprettre réaffirme notamment son engagement « pour la sanctuarisation et la protection des espaces verts », et annonce souhaiter « aller plus loin en proposant des quotas d’espaces verts sur les territoires ». Auprès de David Lombard, chargé de l’exploitation et de l’animation de la ferme, la candidate dénonce le projet de boulevard urbain sud qui selon elle « ne va faire qu’augmenter la pollution aux particules fines et la destruction des espaces verts ». Si l’écologie est au coeur de la campagne de la jeune femme, elle insiste également sur les problématiques d’éducation, de formation professionnelle et d’emploi.
Accusations de clientélisme pour l’un, de trahison pour l’autre
Issue du Modem et conseillère régionale dans la majorité depuis 2015, la candidate de 26 ans reproche notamment à son adversaire son absentéisme à l’Assemblée nationale. « Sur le dernier mandat, il n’a atteint que 50 à 55% de présence », souligne-t-elle. Un phénomène lié au nombre de mandats du député sortant, selon Eléonore Leprettre. « Si je suis élue dimanche, je démissionnerai de la région pour me consacrer pleinement au travail législatif », déclare la candidate, ajoutant se confronter au clientélisme tout au long de cette campagne. « Il y a une espèce de chantage, de promesses, de facilitation d’obtention de permis de construire… En échange d’un vote, ou d’une contrepartie, regrette-t-elle. Toutes les associations qu’on n’arrive pas à rencontrer parce que ‘Oh, vous savez, M. Teissier nous aide beaucoup…’ ».
À ces accusations, le candidat Les Républicains rétorque « Qu’elle m’en apporte la preuve, ces accusations sont gratuites. Le pire des clientélisme c’est d’être au Modem, avec un président qui a eu toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et qui, pour être garde des sceaux, s’est allié au plus offrant. Il est passé de Juppé à Macron sans complexe et surfe sur les opportunités ». Affirmant souhaiter « appliquer une politique salutaire pour la France », Guy Teissier insiste sur sa volonté d’empêcher une « majorité pléthorique ». « Je demande aux électeurs de résister, de ne pas céder à cette tentation du moment », déclare-t-il ». Pour Guy Teissier, la candidature d’Eléonore Leprettre « contre sa propre majorité » représente « une véritable trahison ». Un reproche auquel la jeune candidate répond sans sourciller : « Le travail qu’on fait à la région respecte l’ensemble de nos sensibilités politiques. Quand je ne suis pas d’accord, je ne vote pas. Je suis indépendante ». Et d’ajouter « Cette majorité que j’ai appelé n’a vu aucun inconvénient à ce qu’on aille taquiner M. Teissier ».
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