À l’occasion d’une réunion avec les adhérents de La République en marche, Corinne Versini, qui fait campagne dans la 4e circonscription, est revenue sur cette candidature et ses priorités, pour s’imposer face à « deux poids lourds de la politique »: Mennucci et Mélenchon.
À ceux qui pensaient que Corinne Versini avait demandé l’investiture En Marche! avant de savoir qu’elle affronterait Jean-Luc Mélenchon dans la 4e circonscription. Faux ! C’est la rumeur insidieuse de l’arrivée du leader de La France insoumise qui l’a finalement convaincu d’y aller. Une mise au point d’emblée pour un pari un peu fou. Elle le conçoit tout à fait. « Mais le pari d’Emmanuel Macron, il y a un an, l’était tout autant », plaide un adhérent. Puis la chef d’entreprise de 56 ans assure qu’elle avait « une responsabilité ». En tant que référente du parti dans les Bouches-du-Rhône, « et chef de file, je me devais d’y aller ». Un pari fou face à « deux montres de la politique », dont l’un enregistre à lui seul « un demi-siècle d’expérience ». Elle, la novice en politique, prend cette confrontation comme une manière d’apprendre. Une formation sur tard en accéléré. « Ça ne va pas être facile mais ce que veulent les gens, c’est le renouvellement », assure la candidate au restaurant Mundart, transformé en salle de réunion pour les « marcheurs » d’Emmanuel Macron.
Toutes celles et ceux qui ont décidé d’aider Corinne Versini à accéder aux bancs de l’Assemblée nationale, qu’elle ne compte sûrement pas déserter. « Si j’ai décidé de me présenter, ce n’est certainement pas pour faire de la figuration », confie-t-elle, alors qu’elle prépare la relève de son entreprise basée à Rousset, au cas où elle l’emporterait, « pour accomplir pleinement son mandat », rassure-t-elle un militant inquiet. « À force de me voir, je vais vous saouler », lâche-t-elle même avec le sourire. Tous vont aller prêcher pour le programme d’Emmanuel Macron, « pas comme parole d’évangile, on va écouter, aller voir les citoyens sur le terrain », les convaincre que la meilleure alternative est d’offrir la majorité présidentielle « au président de la République, il va falloir nous habituer à l’appeler comme ça », sourit-elle.
« Vous vouliez de nouvelles têtes, vous les avez »
Pour cette mère de famille et pas encore grand-mère, un regret d’ailleurs, l’éducation est au centre de ses priorités. Elle est soutenue par des mamans impliquées, motivées, portant des t-shirts blancs estampillés « maman en marche ». Elles portent aussi le désir de changer les choses et des problématiques différentes mais qui font écho à tant d’autres cas. Quand l’une parle de sa difficulté à déménager dans la 2e circonscription car elle ne correspondrait « pas au profil des personnes vivant dans ce secteur », une autre évoque son « enfant dys » et le vide qui existe à Marseille pour la scolarité de ces jeunes atteints de dysprasie. Le logement mais surtout la transparence dans les dossiers d’attribution des logements sociaux sera une bataille que la candidate entend mener. Brigitte Macron a, quant à elle, un dossier remis par ces mamans et pour lequel un professeur dans l’assistance « est certain qu’elle va s’occuper de choses concrètes ».
Œuvrer pour « ne plus avoir de zones de non-droit », sujet soulevé par une militante, fait aussi partie de cette priorité d’offrir un avenir serein à la jeunesse marseillaise. « Il y a des symboles forts ici, Marseille ce n’est pas que les Kalash, il faut arrêter de parler de Marseille comme ça et c’est pour ça que les citoyens prennent les choses en main. Emmanuel Macron a un programme national qui tient compte de la sécurité, de la culture, de l’éducation dans les quartiers, mais c’est à nous de mouiller la chemise ». « On a l’opportunité de tout changer dans cette circonscription », reprend le suppléant Saïd Ousmane Diallo.
D’autres domaines ont été brossés comme l’économie sociale et solidaire « qui représente 11%-12% du PIB alors que les emplois ne sont pas sécurisés », exprime celle que certains considèrent comme « la candidate du Medef ». « Tant mieux, je les connais tous », tacle Corinne Versini, qui milite pour qu’un incubateur d’innovations, à l’image de celui que le Président souhaite ouvrir à Paris, s’implante à Marseille, pour construire également un arc méditerranéen « car nous sommes au centre entre la plaque européenne et la plaque africaine ». Quant à la Métropole Aix-Marseille Provence, elle y est favorable mais « il faut l’améliorer, améliorer son fonctionnement. » Mais pour faire bouger les lignes elle doit d’abord gagner. Ce qui n’est pas une mince affaire, mais elle compte sur cette dynamique de renouvellement de la classe politique de la base au sommet de l’État. « Vous vouliez de nouvelles têtes, vous les avez, lors je dis aux Marseillais, alors chiches? »