On a l’habitude de voir Cap au Nord prendre les sujets de la mobilité, de l’emploi et de la jeunesse à bras-le-corps. Pourquoi cibler aussi aujourd’hui ces questions du cadre de vie ?
Alexandre Fassi : Car c’est un enjeu fort. Ce que l’on veut, c’est remettre en avant le fait que le nord de Marseille doit être au cœur des enjeux de la métropole pour des raisons géo stratégiques et purement stratégiques aussi. On veut le rappeler et, en le faisant, avoir un regard fin sur les conditions dans lesquelles le territoire se développe pour faire matcher les intentions et investissements avec la réalité. Sans oublier personne !
Les acteurs économiques du nord de Marseille ont cette impression aujourd’hui d’être « les oubliés » des institutions publiques ?
A.F. : C’est un peu rapide comme analyse. Mais si on regarde bien les choses, la question de l’information sur ce qu’il se passe autour d’eux est limitée. Ce n’est pas pour jeter la pierre sur quelqu’un, c’est un constat. On voit s’avancer une ville ultra moderne de la Joliette jusqu’à Capitaine Gèze mais au-delà, on ne voit pas trop ce qu’il se passe. Dans la zone d’activités des Arnavant, il y a un florilège de végétalisation sauvage, de voitures ventouses, de décharges sauvages et de vieilleries en tous genres. Ça ne montre pas aux investisseurs et aux acteurs économiques que la ville compte sur eux alors que ce territoire nord est un lieu stratégique au cœur de la métropole.
Il ne faut pas oublier dans les discours de faire les choses avec les acteurs qui sont au cœur du territoire comme Pernod, la Savonnerie du Midi ou la société de la Tour Eiffel (via le parc Eiffel des Aygalades). Et dont certains sont historiques. Il faut montrer que cette zone est accueillante et tournée vers l’avenir car les acteurs et les donneurs d’ordre en ont besoin. Le risque est de ne pas emmener tout le monde dans le développement économique. Ce qui est montré pour le moment est encore un peu clivant.
Comment Cap au Nord compte agir sur ce sujet ?
A.F. : En étant plus présent sur ces problématiques comme on a su l’être et comme on sait l’être sur les sujets de la mobilité, de l’emploi et de la jeunesse. La méthode Cane c’est fédérer les acteurs économiques en agissant sur les principes de proximité et d’engagement. Il faut qu’on puisse rapprocher les acteurs économiques du nord de Marseille des centres de décision pour qu’ils sachent ce qu’il se passe autour d’eux. Notre objectif est aussi de les mobiliser de sorte à ce qu’ils soient acteurs de la transformation du territoire, de la construction de la zone économique de demain.
L’un de vos souhaits pour faire bouger les choses, c’est aussi la création d’un nouveau label…
A.F. : C’est la première fois que l’on aborde ce sujet publiquement. Ce ne sera peut-être pas un label à proprement parler mais ce qui est sûr, c’est que l’on a besoin de fédérer autour de valeurs positives. On a besoin d’unité à Marseille pour réussir le développement économique et partager l’ambition d’une Marseille forte. Pour cela, il faut remettre la balle au centre de la métropole et le centre, c’est le nord de la ville. C’est un territoire responsable, porté par ses créateurs d’entreprise, qui s’investit dans les sujets de la mobilité et de la jeunesse… Il faut s’appuyer sur ces valeurs et les mettre en avant au-delà de ce territoire. Pour ça, on a besoin d’un vrai jeu collectif et que l’ensemble des parties prenantes du territoire soient autour de la table. Ce qui est bénéfique aux entreprises doit aussi l’être aux acteurs du territoire. Il ne faut pas dissocier développement économique et développement du territoire. Le faire ensemble va booster la performance des boites. L’enjeu de ce label est de retrouver tous ces sujets et valeurs autour d’une image collective.
Plus précisément, quelle forme cela prendrait ?
A.F. : On doit trouver les bons ambassadeurs, ceux qui ont une aura à Marseille mais aussi bien au-delà de la ville et de la métropole. Des gens qui font parler de Marseille positivement à un plus large public et qui n’ont pas d’enjeux dans les interactions métropolitaines. On a des chanteurs ou des sportifs avec de belles réussites qui correspondent à cette description et qui ont de belles valeurs à faire passer. Soprano par exemple, pour ne citer que lui. Il a traversé des épreuves qui l’ont forgé et a mis des forces pour atteindre le succès qu’il a aujourd’hui. Et ce succès, il est intimement lié au territoire et à ses valeurs. Pour réussir, il faut avoir tout ça. Si un chef d’entreprise le dit ça ne s’entend pas, mais si ça sort de la bouche d’un ambassadeur, ça a de l’impact. Il faut montrer qu’en ayant une dynamique positive on peut faire bouger les lignes. On est une ville d’avenir qui a besoin de faire travailler ses forces vives ensemble.
Demain à lire, le 2e volet de notre entretien avec Alexandre Fassi.