Jean-Claude Gaudin, le président de la métropole Aix Marseille Provence, absent et non représenté, n’a qu’à bien se tenir. Les conseils de développement, instances consultatives intégrées dans les intercommunalités (EPCI actuelles) comptent bien continuer leur travail aux côtés des élus pour faire entendre la voix de la société civile dans la prochaine métropole. Réunis mardi 1er décembre au conservatoire Darius-Malhaud à Aix-en-Provence, après une première conférence au début de l’été à Martigues, les quatre conseils représentés par leur président ou vice-président et plusieurs dizaines de membres ont partagé les 23 priorités qu’ils ont délimité pour un « territoire multipolaire, attractif et solidaire. »
Trois volets principaux (mobilité, développement économique, aménagement) permettront dès début janvier 2016 d’enclencher la métropole sur la bonne voie estiment les conseils de développement qui regroupent des personnalités de la société civile. Olivier Marchetti, représentant Jean-Luc Rouan du comité de consultation Ouest Etang de Berre et Dominique Becker, président du conseil de développement du Pays d’Aix fixent en introduction les grands contours et principes. Il faut mettre en perspectives le projet métropolitain avec quelques moyens immédiats : un Scot métropolitain (« qui ne peut pas être la simple addition des Scot locaux »), une stratégie économique métropolitaine et un « schéma armature » des transports. Bref il s’agit bien de formuler un « projet » et de se doter des moyens de le réaliser.
Transports : vers une politique tarifaire harmonisée ?
« Quelques actions démonstratrices de l’ambition métropolitaine » pourraient être mises en place rapidement appelle de ses voeux Jean-Claude Juan, vice-président du conseil de développement de Marseille Provence. Pour le volet mobilité, la première des priorités dans une métropole qui frise chaque jour la thrombose, deux priorités sont identifiées : 1. la mise en place d’un titre unique de transport et une politique tarifaire harmonisée (pas sûr que la communauté d’Agglo d’Aubagne partage cet objectif alors que c’est la gratuité qui préside aux transports sur la zone) ; 2. La mise à niveau de l’offre routière et ferroviaire.
L’étang de Berre : un projet fédérateur
Jean-Claude Dubini, le président du conseil développement du pays d’Aubagne et de l’Etoile développe ensuite le « programme économique » des conseils qui recoupe pour l’essentiel les grandes priorités du territoire déjà formulées par la CCI ou la Région. Bernard Niccolini, vice-président du comité de consultation Ouest Etang de Berre expose lui le troisième volet, celui de l’aménagement. Il insiste en particulier sur l’avenir de l’étang de Berre qui a souffert de la présence de cinq intercommunalités sur son périmètre. « Il est temps de construire un projet fédérateur » lance-t-il. « C’est un cadeau pour la métropole car il pourrait être financé par des fonds européen et EDF !»
Créer les outils
Philippe Langevin, que les lecteurs de Gomet’ connaissent bien, vice-président du Conseil de développement de MPM souligne la nécessité de se doter d’outils. Six sont identifiés prioritairement : une agence d’urbanisme unique, une autorité unique pour l’organisation de la mobilité métropolitaine, un outil métropolitain de maîtrise du foncier, une agence unique de développement économique et de promotion internationale, une filiale dédiée métropole au sein de Paca Investissements et une mise en réseau des outils d’accompagnement de l’innovation.
Les questions fusent, l’intérêt de la salle bien garnie (environ 200 personnes) est manifeste même si de nombreuses interrogations demeurent. L’élu socialiste de Marseille Stéphane Mari interpelle sur la question de l’aide aux communes gérée actuellement par le département : « pourquoi ne pas demander d’intégrer un critère métropolitain ? » Frédéric Dagnet, représentant du Grand port maritime de Marseille rappelle les enjeux portuaires de la métropole. Le premier adjoint de la ville de Salon-de-Provence Michel Roux, s’inquiète lui des moyens à mettre en place tandis que le maire de la Roque d’Anthéron, Jean-Pierre Serrus, lance : « les élus vont se retrousser les manches.»
Jean-Louis Tixier, le président du Conseil de développement de MPM, lui-même élu à La Ciotat formule le mot de la fin. « Nous avons un cruel besoin d’harmonie. Il faut que la métropole réussisse la mise en commun de nos richesses et de notre identité. Relier l’histoire de nos communes entre elles avec de la culture observe-t-il, en prenant pour exemple le cinéma. « Unir les forces, démultiplier les projets » la balle est désormais dans le camp des élus. Ils étaient pour la plupart absents mardi à Aix à l’exception notable de Maryse Joissains, la maire d’Aix en Provence et présidente de la Communauté du Pays d’Aix et de Henri Cambessedes, le président de la Capm (Communauté d’agglomération du Pays de Martigues). Guy Teissier, retenu à l’Assemblée nationale s’était excusé.
Gouvernance : associer la société civile organisée
Les conseils de développement font trois propositions principales pour la mise en place du conseil de développement métropolitain prévu dans la loi mais dont les contours restent à définir par l’exécutif. Ces propositions ont été présentées à tous les présidents actuels des intercommunalités qui ont validé ces pistes souligne-t-on du côté des conseils de développement. C’est désormais à Jean-Claude Gaudin, le président de la métropole de décider.
> Un conseil de développement métropolitain s’appuyant sur six conseils de développement territoriaux liés aux six conseils de territoires.
> Une représentation égale de 20 membres de chaque conseil de territoire au sein du conseil de développement métropolitain qui comprendrait également un collège de personnalités qualifiées (1/3 du total).
> Un échange permanent, ascendant et descendant, entre le conseil de développement métropolitain (animé par un bureau et des moyens suffisants) et les conseils de développement territoriaux (moyens actuels).
Le détail des 23 priorités des conseils de développement à Aix Marseille Provence