Il y a ceux qui sont vraiment en colère comme les collectifs Les Marcheurs en colère ou La Démocratie en marche (à l’origine du recours contre le vote des nouveaux statuts) et ceux plus constructifs mais aussi critiques, du collectif Alem pour Animateur local en marche. Ce dernier regroupait fin juillet 540 animateurs répartis dans toute la France et plaide, lui, pour une plus grande implication des adhérents dans la gouvernance de LREM.
Pour l’heure le recours déposé contre les nouveaux statuts du parti, présenté lors de la convention express de début juillet, a permis de repousser de 15 jours le vote des statuts du mouvement. Les résultats sont attendus ce jeudi 17 août. Mais la grogne demeure, notamment dans les Bouches-du-Rhône. La critique globale des statuts est doublée ici d’une contestation ouverte contre la référente du mouvement dans le département, la chef d’entreprise Corinne Versini.
La candidate malheureuse face à Jean-Luc Mélenchon (LFI) dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône en juin dernier, avait hérissé de nombreux comités locaux En Marche durant la campagne présidentielle, puis des législatives. Les uns et les autres jugeant son comportement trop personnel et trop autoritaire. En juillet, alors que les critiques contre les statuts du mouvement étaient étalées sur la place publique, plusieurs comités locaux d’En Marche du département des Bouches-du-Rhône ont lancé un appel diffusé en interne demandant le non-renouvellement de Corinne Versini. En quelques semaines, le texte, qui dénonce l’incapacité « managériale et relationnelle » de la référente d’En Marche pour diriger le parti au niveau local, a recueilli la signature de 40 comités locaux (sur 80 actifs), de deux députés LREM et d’un sénateur qui a rejoint le parti d’Emmanuel Macron.
Catherine Barbaroux fait la grimace
Catherine Barbaroux, la présidente d’En Marche, qui a été destinataire du texte comme plusieurs dirigeants du mouvement, considère que la démarche n’est pas « bienveillante » et s’étonne d’être directement sollicitée. Mais ses initiateurs estiment que cela fait bien longtemps qu’ils alertent sur la situation. La confirmation de Corinne Versini à la tête de La République en marche dans les Bouches-du-Rhône sonnerait pour beaucoup comme le signal d’un abandon. « Nombre d’entre nous préférerons trouver d’autres moyens de soutenir Emmanuel Macron que de continuer à participer à un parti qui ne correspond plus à notre ADN » confie Yves Delafon, le responsable d’En Marche à Aix-en-Provence, signataire du texte et l’un des animateurs nationaux d’Alem. La principale intéressée, Corinne Versini, minimise la portée de la fronde : « Les leaders de cette pétition sont ceux qui se positionnent pour prendre ma place. (…) Il y a 15 800 adhérents dans les Bouches-du-Rhône. Je veux bien commenter mais pour moi ce n’est pas un événement marquant : 50 signataires sur 15 800…»
Même si le parti présidentiel a réalisé une razzia aux dernières législatives, les prochaines échéances constituent un autre défi. Passées les sénatoriales en septembre, le compte à rebours des municipales va débuter. Dans cette perspective, les forces de La République en marche en Provence paraissent encore bien dispersées et sans leader. Corinne Versini se voit bien poursuivre le travail. « Je suis là pour détecter les talents que nous enverrons aux prochaines élections » souligne-t-elle confirmant sa candidature à sa propre succession comme référente départementale. Et si le président de la République, Emmanuel Macron, qui passe ses vacances ici cet été, avec un regard forcément attentif à l’actualité locale, décidait de s’en mêler ?