Ils sont taquins
Martine Vassal y est allé de son tweet : « et si en 2020, la femme était l’avenir de l’homme ». Aragon était plus audacieux et il ne mettait aucune condition à voir s’imposer cette perspective. Il est vrai qu’il ne pensait pas, lui, aux municipales de Marseille et que son ambition était plus universelle. Passée cette journée du 8 mars, reste tous les longs jours à traverser pour arriver à cette élection qui verra, à défaut d’un héritier, bien des prétendants s’affronter pour accéder au fauteuil de maire de Marseille. La deuxième ville de France vaut sans doute mieux que ces enfantillages, ne serait-ce que parce que les problèmes qu’elle a à résoudre, relèvent de l’urgence absolue. Or que voyons-nous se dérouler sous nos yeux ébahis ou parfaitement indifférents ? Une guerre des egos, la promesse d’un chambardement définitif, une remise au pas (de l’oie de préférence) … bien des choses en somme, et pas le début du commencement d’un programme. Avec, dans les déclarations et propos une constante : on ne critiquera pas le sortant, Jean-Claude Gaudin, car l’homme mérite considération, nous dit-on à longueur de colonnes ou sur les antennes. Christophe Castaner va plus loin en demandant qu’on « laisse travailler » le maire de Marseille. Les Marseillais attendent sans doute beaucoup plus. Parce qu’ils aiment leur territoire et veulent voir se dessiner pour lui des horizons plus clairs. Tous ceux qui s’expriment aujourd’hui ne sont que bouches… du Rhône.
Le PS derrière le barreau
Les 1 400 m2 de la fédération PS des Bouches-du-Rhône seront attribués, moyennant 2,4 millions d’euros, aux avocats marseillais. Ce n’est que justice serait-on tenté de dire, tant le quartier du palais de justice, voisin de la « fédé », voit passer depuis tant d’années des robes noires. Que pense Gaston Defferre, sous son rocher du cimetière St Pierre, de cette fin sans gloire du parti qui fut, dans sa ville et son département, le plus puissant de France ? « Suis-moi et laisse les morts enterrer les morts » disait Jésus invitant ses disciples à emprunter son chemin. Mais rue Montgrand, y avait-il encore quelqu’un à suivre ? Et ne décelait-on pas, dans l’histoire mouvementée de cette fédération, la chronique de sa mort annoncée. Si les murs de cet immeuble avaient la parole, ils pourraient raconter les heures de chausse-trappes, les nuits des longs couteaux, les journées de « combinazione » ou de trahison, les semaines de guerre des tranchées, dont ils furent le théâtre. Certes, au détour d’un couloir, on pouvait entrevoir encore le portrait d’un Jaurès, d’un Blum, d’un Defferre et autant d’images sans parole. François Mitterrand avait osé un slogan : « le socialisme une idée qui fait son chemin ». A Marseille elle a débouché sur une rue sans issue.
Maryse Joissains taille patron
C’est Roland Blum (au premier plan sur la photo), fidèle parmi les fidèles de Jean-Claude Gaudin, qui a cogné le plus fort, notamment au micro de Radio France Provence. En contestant comme le fait la maire d’Aix, la Métropole, l’adjoint aux finances de la ville de Marseille estime qu’elle « salit les hommes ». L’élu, réputé pour sa courtoisie, n’accepte pas que sa turbulente voisine demande la mise sous tutelle de la première ville du département, sous prétexte qu’elle serait mal gérée. Personne ne se trompe en fait, Mme Joissains, en cognant fort sur Marseille ne vise qu’une chose, la Métropole. Les acteurs de l’économie ne s’y sont pas trompés et ils sont, eux aussi, vent debout contre celle qu’ils accusent de ne pas voir plus loin que le beffroi de sa mairie. S’ils étaient observateurs, nos chefs d’entreprise auraient constaté que s’y niche une vierge peu républicaine, sous les auspices de laquelle se place Mme Joissains. Elle avait du reste disparu un temps ce qui avait fort ému Alain Joissains, l’époux de Maryse, alors conseiller municipal d’opposition. Le maire PS de l’époque, Jean-François Picheral, radiologue de formation, avait expliqué à son opposant ému que la statue présentait une préoccupante « fissure sous ombilicale » et qu’il convenait de la réparer d’urgence. Quelques années plus tard, et bien que très croyants, les Joissains se refusent à croire, à propos de la Métropole, à l’immaculée conception.
La Métropole en mouvement
Et si, en dehors des partis traditionnels, des associations citoyennes apportaient une nouvelle impulsion à la Métropole. Le « mouvement », présidé par Laurent Lhardit s’inscrit dans cette démarche, avec l’ambition de ne pas se cantonner à être un « think tank » mais, pour poursuivre dans cette langue étrangère à Molière, devenir un « do tank ». Certains mauvais esprits, à regarder de près l’organigramme de cette association, ironiseront sur cette manière de faire du neuf avec des anciens. Ils ont tort. Pourquoi bouder son plaisir, lorsqu’on voit que Michel Pezet en est le président d’honneur et Philippe San Marco un des deux coordinateurs. Il y a longtemps que ces deux fortes personnalités ne s’étaient assises autour d’une même table. Lhardit, dans une formule qui fait mouche, explique que, pour l’heure, la Métropole s’est préoccupée de ses organes (les villes et villages) et qu’il faut d’urgence se pencher sur sa circulation sanguine (la solidarité, la mobilité, l’échange). Là est bien la question. D’autres, qui préparent eux aussi des initiatives, parlent « d’une cité à inventer ». L’urgence le commande.