La tournée du grand duc
Il a fondu sur les réseaux sociaux avec la détermination qu’on connait à ce beau volatile. Son courroux est grand, puisqu’il veut terrasser le coucou, cet oiseau connu pour sa propension à nicher chez les autres sans la moindre retenue. La métaphore aura plu sans doute au président des maires de France, François Baroin, qui s’est distingué cette semaine sur Europe 1 avec un florilège d’images visant à jeter l’opprobre sur François Bayrou. Mais ici nous parlons de Marseille et d’un trublion de la majorité de Jean-Claude Gaudin, Maurice Di Nocéra, UDI. Il n’en finit pas de cogner sur Yves Moraine (UMP), coupable de parachutage dans la circonscription d’Arlette Carlotti (5ème) jugée prenable par la droite. Chez Gaudin on ne semble pas impressionné et on pense que Di Nocera rapacera son tour.
Rudy critique
L’architecte varois du Mucem, Rudy Riccioti a mis d’équerre – c’est un outil qu’il connait bien – l’avenir de Marseille. Dans une interview accordée aux étudiants de Kedge pour le Défi Express des grandes écoles, il explique pourquoi la ville a pris du retard à tous les niveaux, mais aussi les raisons qui l’empêchent de la combler. Il se félicite bien évidemment des six millions de visiteurs drainés par son musée, mais, dans le même temps, explique pourquoi le front de mer d’Euroméditerranée est bâti sur du sable. Les grandes tours ne devraient leur salut, selon lui, qu’aux institutions qui les occupent ce qui à terme ne favorise pas un véritable développement économique. Pour l’architecte Marseille n’est pas sortie des profondeurs du classement. En attendant elle est sur la plus haute marche du podium pour les embouteillages. C’est peut-être qu’elle est à un carrefour, non?
Dans l’Arena
L’Arena d’Aix n’est pas encore inaugurée que des voix se font entendre à Marseille pour en voir ériger une à Marseille. La cité chère à Marine Joissains a été encouragée à faire cette salle polyvalente par le succès de ses handballeurs et la nécessité de proposer un lieu pour les spectacles populaires qui réclament des jauges de 5 000 spectateurs et plus. A Marseille ce sont des activités comme la boxe, le tennis voire le basket (Fos serait candidat) qui justifieraient un tel espace. Pourquoi pas. Et pendant ce temps là le Stadium de Vitrolles sabordé par le couple Mégret, au temps de sa splendeur, est toujours en panne. Un peu de métropole pourrait peut-être mettre fin à cette cacophonie.
La retraite en Russie
Le vauclusien Thierry Mariani député des Français de l’étranger en pince pour les Russes et leur big boss Vladimir Poutine. Il avait approuvé l’annexion de la Crimée et il plaide aujourd’hui pour la diffusion d’une chaîne russe en France. Russia Today (RT) revendique déjà 600 millions de téléspectateurs mais la France de Mme Le Pen et de M. Mariani fait partie de ses objectifs. Mariani a du reste un peu d’expérience dans ce domaine puisque son épouse Irina, Russe d’origine, avait présenté le programme de Nicolas Sarkozy sur cette chaîne. Thierry Mariani fait désormais partie du comité d’éthique qui aura à veiller, quand elle sera diffusée sur notre territoire, au comportement pluraliste et non propagandiste de RT. On peut rêver.
Chez ces gens-là
[pullquote]A voir d’urgence avant de prendre un coup dans les urnes.[/oullquote] Jacques Brel aurait pu écrire une partie du scénario. Au moins la description de ce peuple hybride qui constitue les rangs du FN. Florian Philippot le numéro 2 du parti a joué au vierge effarouchée avant d’avoir vu Chez nous. Il a tort. Il aurait pu détecter à travers le film du belge Lucas Belvaux tous les dangers qui guettent ceux qui estiment qu’il n’y a plus d’extrémistes dans les rangs du mouvement de Marine Le Pen. Le Marseillais Gilbert Collard a d’ailleurs déclaré cette semaine qu’il fallait les virer au plus vite sans les citer. Ce film décrypte quasi chirurgicalement la complexité et en même temps l’évidence qui s’impose lorsqu’on a observé de près cette mouvance. Elle agglomère les pétainistes, les maurassiens, les tenants de l’Algérie Française, les nostalgiques d’un Gaullisme fort, les communistes repentis, les anti IVG, les anti mariages gay… derrière une candidate rompue au cirque médiatique. Le film dit tout ça avec en prime un excellent acteur originaire de Cabriès, Guillaume Gouix. A voir d’urgence avant de prendre un coup dans les urnes.
La purée, non, la curée
Emmanuel Macron n’a pas lu dans les livres la vraie histoire de l’Algérie Française. C’est normal , elle reste à écrire. Pour ce faire, il faudra encore attendre que la passion s’appaise et, à voir la haine que le candidat à la présidentielle a suscitée, ce n’est pas encore pour demain. Il se défend en estimant qu’on a sorti sa réflexion sur la colonisation de son contexte. Qu’importe, même expliquée, aucune analyse de cette époque algérienne ne résiste aujourd’hui – encore – au poids de l’affect. Les pieds noirs sont encore nombreux à revendiquer “Je ne regrette rien” la chanson de Piaf comme hymne intime. Comme ils ont les larmes aux yeux lorsque les paras ou la légion défilent dans nos rues. Ils sont même quelques-uns à revendiquer Albert Camus comme un auteur de “là-bas”. Ils ont oublié qu’en 1957 leurs aînés criaient “à mort” à cet auteur majuscule étranger dans son propre pays. Pétain disait que les Français avaient la mémoire courte. Pour l’Algérie, on dira qu’elle est sélective et que les braises sont encore trop vives pour aller fouiller dans les cendres.
D’Aix à Rome
Marie-Eve Venturino a oeuvré pendant dix ans dans la librairie Vents du Sud fichée au coeur d’Aix. Elle tient boutique désormais à Rome dans l’ex-librairie française devenue grâce notamment aux aides de l’Etat français Librairie Stendhal. On est ravi que cette maison vieille de 70 ans connaisse ainsi une seconde vie. On dit en Afrique que lorsqu’un vieillard meurt, c’est comme si une bibliothèque brûlait. A l’heure où l’inculture s’invite en politique et porte à la tête de la plus grande nation une brute blonde, il est urgent de se mobiliser pour que le livre ait droit de cité. Un fait-divers nous rappelait il y a quelques jours qu’une dame s’était vue infliger une contravention de 65 euros pour avoir posé sur un banc un bouquin à l’attention de ceux qui, comme elle, prendraient plaisir à la lire. Les forces de l’ordre ont stipulé qu’elle souillait ainsi l’espace public. Mais de quel ordre parle-t-on ?