On se rassure…
«Toulouse n’est pas Marseille! À Marseille, les problèmes de criminalité sont le fait de réseaux enchevêtrés, multiples, plus étoffés, plus anciens et structurés. À Toulouse, nous n’en sommes pas là !» Olivier Arsac, maire adjoint chargé de la sécurité à Toulouse, qui parle ici, a semble-t-il une connaissance approfondie de la socio-criminalité marseillaise. En tout cas, il théorisait ainsi devant les médias, cet été, pour expliquer quelques règlements de compte où les armes de guerre, comme à Marseille, ont parlé. En fait, dans le domaine du trafic de drogue, on retrouve les mêmes causes et les mêmes effets de Naples à Paris, de Marseille à Toulouse. La demande n’est pas illimitée, les territoires du marché non plus. Et la violence n’est pas une spécificité marseillaise. Si on compare les quartiers qui sont touchés par le phénomène dans les grandes villes françaises ils ont de nombreuses similitudes : chômage endémique. L’accent diffère peut-être. Et encore…
Gaudin triste et fatigué
Les images ne trompent pas. Surtout lorsque nos politiques n’ont pas recours comme notre président jupitérien au maquillage. On a souvent aperçu en photo ou à la télé notre maire sombre, triste voire fatigué. La fin prochaine de son mandat sénatorial y est sans doute pour beaucoup. Jean-Claude Gaudin aimait en fait ses va-et-vient incessants entre son pouvoir municipal, le cher fauteuil de Defferre où il s’est solidement calé depuis 1995 et, celui plus discret, de la vice-présidence du Sénat. Mais les plaisirs parlementaires de Paris ne sont plus ce qu’ils étaient. Les jeunes loups se sont mis en marche dans toutes les écuries et ils ne manifestent pas grand respect pour les éléphants qu’ils soient socialistes ou républicains. L’histoire politique a pris en 2017 un sacré coup de jeune ou de vieux. C’est selon. Rude pour les anciens.
Que c’est beau une ville…
Même si les commentateurs ont parfois fait dans la galéjade annonçant dans la ville 300 000 spectateurs pour la dernière étape du tour de France, cet événement de juillet aura été incontestablement excellent pour l’image de la ville. Les prises de vue aériennes ont régalé plusieurs millions de téléspectateurs français et étrangers mettant particulièrement en relief la beauté solaire de Marseille. Au sol ceux qui n’ont pas été agacés par l’interdiction faite à la circulation motorisée ont découvert souvent avec surprise combien les rues étaient belles lorsque le silence les envahit. Véritable miracle certains ont pu découvrir que les pas des passants étaient sonores, que l’écho de leurs voix rebondissait sur les façades, qu’un carreau brisé dans un appartement en travaux faisait un « clic » caractéristique. Bref que c’était beau une ville le jour… où se taisent les moteurs.
Le Bolivar du Vieux-Port
Les commentateurs aiment les symboles. Ainsi pour quelques-uns Jean-Luc Mélenchon est désormais appelé le Bolivar du Vieux-Port. Pour mémoire Simòn Bolivar (1783-1830) est un général surnommé Libertador qui a participé activement à la lutte pour l’indépendance des Bolivie, Colombie, Equateur, Panama, Pérou et Venezuela où il était né. Choisir Marseille et ses quartiers déshérités pour sa rentrée politique n’était pas anodin. Pas moins pour le président Emmanuel Macron qui a bénéficié d’une villégiature un peu plus huppée mais à proximité des plages du Prado éminemment populaires. Bref, comme le disait Dali, pour la gare de Perpignan la cité phocéenne est désormais le centre du monde.
Et toujours la presse
S’il s’est empressé de faire applaudir LCI et BFM TV qui retransmettaient en direct son discours Jean-Luc Mélenchon n’a rien trouvé à redire à l’atelier, organisé dans les journées marseillaises de son mouvement, qui avait pour thème les médias et tout le mal qu’en pense la France dite insoumise. Une fois de plus ce front de gauche emprunte un sujet qui faisait jusqu’ici le bonheur du FN. Baudelaire aurait appelé cela des correspondances. On a par ailleurs beaucoup glosé sur la nomination comme porte-parole de l’Elysée de notre ex-confrère Bruno Roger-Petit. Et quelques bonnes âmes de s’interroger sur l’évidente connivence (pour eux) entre la sphère politique et médiatique. On ne prête qu’aux riches. A Marseille par exemple – comme dans d’autres grandes villes – le nombre de journalistes reconvertis dans les services territoriaux est impressionnant. Pour Bruno Roger Petit, certains avancent comme défense sa compétence ou son talent. Pourquoi en serait-il autrement pour nos ex-confrères et consoeurs ? La seule question qui vaille. Avaient-ils avant d’être embauchés fait preuve dans leur métier d’origine de leur savoir-faire professionnel ou avaient-ils, journalistes, donné des preuves d’un ralliement possible ?
Citoyen du monde
« Je ne suis ni Athénien ni Grec, je suis citoyen du monde ». Ainsi parlait en sa très grande sagesse Socrate même s’il accepta le jugement et donc la loi de la seule cité avant de boire la cigüe. Alors Marseille est-elle grecque ou une ville du monde. A voir la mobilisation des Phocéens pour sauvegarder le trésor patrimonial découvert sur la rive gauche de la Corderie on peut penser que la culture helléniste est bien inscrite dans la mémoire vivante de cette ville. Tant mieux. Un peuple sans histoire, nous confiait un jour un conservateur à Carthage (Tunisie) est un « peuple sans épaisseur ».