René Egger : un siècle d’histoire urbaine
René Egger avait dépassé le siècle. Son œuvre, les limites qui séparent le nord de la ville à son littoral. On disait de lui, comme on ne le dit pas aujourd’hui des deux ou trois cabinets qui se partagent les projets architecturaux, qu’il était l’architecte de Gaston (Defferre). On parla pendant sa longue vie (101 ans) moins de lui que d’un Fernand Pouillon, à qui l’on doit, entre autres, les immeubles de la rive nord du Vieux-Port ou d’un Charles-Édouard Jeanneret-Gris, dit Le Corbusier, dont la maison du Fada, a fait croire à quelques-uns que la cité pouvait être radieuse. C’est sans doute ainsi qu’il faut lire la réaction de l’ordre des architectes après la disparition d’Egger : « Il a construit un pan de la modernité marseillaise, nous laissant croire que l’avenir était devant nous ». Ce pan bétonné et sa signature sont inscrits, de la Timone au Prado en passant par le centre dans les immeubles, qui ont écrit la ville post-Hausmanienne. Certains y voient des murs de la honte, d’autres les espaces urbains qui ont permis à Marseille d’accéder au progrès.
Mégret ne fait plus le canard
[pullquote]Bon on dira que Mégret se livre aujourd’hui. Enfin.[/pullquote] L’ex-prince consort de Vitrolles, Bruno Mégret, dont l’épouse a dirigé la ville sous l’étiquette FN (1997-2002) vient de commettre un roman d’anticipation, où il s’en prend à son ancienne formation politique. Il s’appuie sans conteste sur son expérience du terrain vitrollais qui faisait dire à la cour régionale des comptes que sa femme Catherine, dont il était l’éminent et rémunéré conseiller, avait usé « de moyens peu hétérodoxes pour équilibrer ses comptes ». Il écrit donc aujourd’hui que « ce qui manque au parti (ndlr, le FN), c’est la crédibilité ». Et ne voit que démagogie dans les mesures sociales que préconise Marine Le Pen. A Vitrolles la crédibilité des Mégret avait été passablement écornée par « une trésorerie largement assurée par les usagers de l’eau avec une hausse brutale des tarifs ». Et d’autres vétilles qui leur avaient valu des ennuis judiciaires et l’annulation de l’élection de la reine Catherine, en 2002. Bon on dira que Mégret se livre aujourd’hui. Enfin. (Le temps du Phoenix, aux éditions Cité Liberté).
Le col impeccable avant la guillotine
La sinistre tradition voulait que le bourreau découpât le col de la chemise du condamné, pour faciliter la chute de la lame. Les usages ont changé même si la sanction reste toujours brutale. Si l’on voit bien que les jours du coach de l’OM, José Miguel González Martín del Campo, dit Michel, sont comptés, après les résultats médiocres de l’après-Bielsa, les observateurs bien intentionnés l’habillent avant de le livrer à l’échafaud. Métro écrit ainsi : « au costume toujours impeccable et au brushing sans pli, a quitté jeudi soir son sourire émail diamant pour s’accorder à un constat que tout le monde fait depuis des semaines ». Comme dirait l’autre ça sent le sapin. Un certain Eugène Caselli que son meilleur ennemi, Jean-Noël Guérini surnommait « brushing », a pu mesurer combien le délit de coiffure était mortel à Marseille.
L’eau à la bouche
[pullquote] Marion Maréchal Le Pen députée du Vaucluse a une hyper activité en dehors de son département d’accueil.[/pullquote] Marion Maréchal Le Pen députée du Vaucluse a une hyper activité en dehors de son département d’accueil. Elle a programmé, à l’instar de sa tante Marine, de nombreux voyages à l’étranger et va nous livrer elle-aussi une réflexion en publiant, bientôt, un de ces essais qui encombrent désormais les vitrines des libraires. Elle y explicitera vraisemblablement une partie de ses choix sociétaux et de sa vindicte contre les musulmans qui ont, à ses yeux, le défaut rédhibitoire de ne pas s’assimiler. Revendiquera-t-elle pour autant les principes de la laïcité où s’appuiera-t-elle sur l’enseignement qu’elle a reçu quatre ans durant à l’Institution Saint Pie X de Saint Cloud ? Sur le site de cette honorable maison, au chapitre enseignement religieux, on peut lire : « Cet enseignement se fera toujours en référence à l’Église ; il devra aussi pénétrer et transcender toutes les autres disciplines.» Un peu ce que prônent certains imams en quelque sorte. La sémillante parlementaire annonce qu’elle est en contact avec une grande maison d’édition. Gilbert Collard a dû lui conseiller Michel Lafon, dont il est un des auteurs. Comme Nadine Morano.
Radicalité de la radicalisation
Le mot est partagé par beaucoup. Pas toujours pour les mêmes raisons. Le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nunez (sur la photo au centre, archives Gomet’), vient de préciser qu’il y avait dans son département 550 individus radicalisés dans la mouvance islamiste. C’est peu au regard des milliers de musulmans qui vivent et pratiquent dans et autour de Marseille. C’est effrayant si l’on imagine que ces cinq centaines sont potentiellement des terroristes en puissance. Le haut fonctionnaire en responsable avisé de la paix civile éclaire bien évidemment ces données des pondérations dialectiques qu’il convient d’avancer avec les chiffres. Mais le mot « radicalisation » est à lui seul un mèche inflammable à ne pas laisser entre toutes les mains. L’Histoire est là pour nous rappeler que la réalité est souvent dévoyée par le champ lexicologique. On célèbre aujourd’hui légitimement la Résistance qu’une République infâme a, quatre sombres et longues années, dénoncée et pourchassée comme un terrorisme. Le métier d’écrire est convoqué aujourd’hui par un état d’urgence : celui où le poids des mots doit être pris au pied de la lettre.
Les excès de Nanard
[pullquote]Il est comme ça Bernard Tapie. Il éparpille aux quatre coins, façon puzzle…[/pullquote] C’est son cinéma à luiRappel des faits comme dirait un procureur que nous ne sommes pas. 1989. Bernard Tapie entre bruyamment en politique. Lors d’une législative qui l’oppose à Guy Teissier, il se précipite au Sofitel pour commenter sa victoire sur le plateau de TF1. Las, les chiffres que lui avait donnés Charles-Emile Loo, alors son guide en politique, n’étaient pas les bons. Nanard furibard. Quelques temps plus tard. 1990. L’OM se voit voler une qualification européenne à Benfica, par la main d’un certain Vata. Nanard se précipite devant les caméras : « j’ai compris, maintenant je sais ce qu’il faut faire… » Lourd de sous-entendus. 1993. Affaire-OM Valenciennes. Le procureur, Eric de Montgolfier, nous décrit un Nanard pressé de lui expliquer les dessous du football. Le magistrat enregistre… La liste est longue. Il est comme ça Bernard Tapie. Il éparpille aux quatre coins, façon puzzle… C’est son cinéma à lui. C’est du brutal, dirait Audiard. Alors quand on vient nous dire qu’il s’est fait « radariser» à 185 km à l’heure, nous on dit pardon messieurs-dames, mais Nanard en excès de vitesse, c’est un pléonasme.