Le son du cor, déjà…
Forcément, il y a quelques voix, rares, qui estiment que c’est injuste. Evidemment, il y en aura quelques-uns pour assurer qu’on savait mais… Bien sûr, une grande majorité se prononcera pour recommander de tourner la page et éviter de fouiller trop loin dans ce passé, aujourd’hui honni. Ca sent la curée, pour tout dire. Le dossier récemment paru dans le mensuel Capital, sur le long règne de Jean-Claude Gaudin (25 ans en 2020) est un procès à charge. Il ne laisse que peu d’espace à ceux qui s’aventureraient à vouloir plaider en défense. Il en va de même dans une ville qui ressemble à Marseille, Alger, où ils sont peu nombreux à se réclamer aujourd’hui d’un certain Abdelaziz Bouteflika (18 ans de présidence). Ainsi va l’opinion. Impitoyable pour ceux qui ont fait de la politique leur premier métier. Le réquisitoire de nos confrères est sans pitié pour l’enfant de Mazargues. Chaque jour du reste apporte de l’eau à ce moulin-là, la presse locale retrouvant l’audace d’informer qui lui a manqué si longtemps. Comme cet entrefilet, où nous apprenons que l’adjoint délégué au patrimoine, André Malrait, a été mis en demeure, en tant que propriétaire, de revoir sa copie pour une location indigne. Il a été aussi rappelé à l’ordre par Me Yves Moraine, un temps successeur putatif de Gaudin. Le maire du 6/8 ; l’a tancé pour l’utilisation dans ses affaires privées, du papier à en-tête de la mairie. Un ange a dû passer au-dessus de la tête de nombreux élus. On va sans aucun doute découvrir d’autres pots aux roses, au fur et à mesure que l’échéance du départ programmé du maire va se rapprocher. On additionnera les turpitudes et on gommera, au nom d’ambitions affichées, les actions passées qui ont pu profiter à la ville. Il reviendra une fois de plus aux historiens de dire à quelle hauteur se situait le sortant, dans la longue vie de cette ville compliquée. Dans Libération du 6 avril, Gaudin confie à Laurent Joffrin, sa peine : « ils vont me crucifier ». C’est ainsi à l’approche de Pâques.
Samia… avant tous
Elle vient de créer son micro parti. Il s’appelle « Marseille avant tout ». Remarquable pour une sénatrice des… Bouches-du-Rhône. On aura donc compris que c’est d’abord son mandat d’élue de Marseille qui lui tient à cœur. L’avocat Gaëtan Poitevin préside cette entité chargée, nous disent ses géniteurs, de préparer l’avenir de la ville, plutôt que celui d’un candidat. Dont acte. Mais rappelons qu’en son temps un autre Poitevin – Christian, ancien adjoint la culture de Robert P. Vigouroux – écrivait dans Libération quelques vérités dont Mme Ghali ne peut s’exclure. « Ils ont ficelé la fédération, ils ont soutenu un premier secrétaire qui ne brillait pas par son sens de l’honnêteté, joué avec les fausses cartes, choisi délibérément de perdre les élections municipales à condition de conserver individuellement leurs prébendes. » Bon, comme le dit un hymne aujourd’hui quelque peu désuet « du passé faisons table rase ». Il reste pourtant une longue marche avant d’atteindre le but suprême. Elle commence pour la gauche ou les progressistes par « se rassembler ». Cette antienne est rabâchée à droite comme à gauche. Il faut aussi qu’émergent des hommes et des femmes ayant pris conscience que la situation de la ville est plus en péril que la leur. Et c’est « avant tout » une perspective qu’attendent les Marseillais oubliés ou invisibles.
Chef d’œuvre en péril
« Il faisait peine », comme on le dit sur le Vieux-Port, le jeune Thauvin malgré sa coupe de cheveux impeccable et la belle rangée de dents qui éclaire son sourire, même en cas d’échec. Mais là, à Bordeaux, le garçon a du mal à digérer ; la nouvelle défaite. Depuis 1977, l’OM, n’arrive pas à sortir un bon cru pour faire trinquer les Bordelais sur leurs terres. Bientôt on pourra nourrir les conversations de cette expression : « Bordeaux ça fait un siècle qu’on ne les a pas battus chez eux ». Il faut l’admettre, Marseille n’a plus rien d’olympique. Les dirigeants avaient dû le pressentir en inaugurant, cette funeste semaine, la visite guidée du vélodrome pour les fans du club. Elle évoque les années glorieuses, les titres, les coupes, dont notamment la magnifique, aux grandes oreilles, conquise d’un coup de tête de Basile Boli au détriment du Milan AC, en 1993, à Münich. Un proverbe rappelle une vérité, « Le présent passe, le passé n’est plus rien, et l’avenir est incertain ». Cerise sur ce gâteau amer on a appris ces mêmes derniers jours que la justice réclamait cinq ans de prison ferme contre Bernard Tapie dans l’affaire de « l’arbitrage » qui l’oppose au Crédit Lyonnais. Tout fout le camp.
Et la super cité grandit
Il était pathétique le cri de Chaïma sous les fenêtres du maire de Marseille. Elle fait la grève de la faim et appartient au Collectif du 5 novembre, ces Marseillais qui ont tout perdu avec la catastrophe de la rue d’Aubagne. Elle demande à être entendue. Elle le sera peut-être, du bout du tympan. Pendant ce temps la ville se modernise à défaut de prospérer. Le Pathé Joliette (EuropaCorp) est un exemple de ce fossé qui existe ici, entre citoyens d’une même cité. Les quartorze salles de ce complexe sont d’un luxe insolent et les prix pratiqués en témoignent. On peut même, allongé, déguster quelques friandises et une coupe de champagne, en attendant la projection du dernier succès cinématographique. Pendant ce temps, devant l’hôtel de ville quelques oubliés réclament des repas gratuits pour les aider à surmonter l’épreuve que des bailleurs indignes leur ont imposé. Toute la tragédie marseillaise est résumée là et ce n’est pas du cinéma.
Quand on imite Paris
Une des difficultés d’Anne Hidalgo, maire de Paris, c’est d’expliquer aux Parisiens pourquoi ils passent tant de temps dans leurs autos, ou dans les bus, la journée durant. L’explication est aussi simple que visible : la multiplicité des chantiers qui ont fleuri dans la capitale. Marseille n’échappe pas à cette règle, avec des singularités typiquement locales. Un exemple : on sait que la ville a décidé de revenir à un double sens sous prétexte de réduire un bouchon estival, entre la Pointe rouge et les Goudes. Cent mètres à réaménager entre la campagne Pastré et l’anse de la Vieille Chapelle. Aucun problème pour ceux qui viennent de la ville pour rejoindre les contreforts du massif des calanques. Le retour est plus rock and roll. Une déviation vous invitera à vous diriger jusqu’à hauteur de l’Ecole Nationale de la Marine. Vous constaterez au passage que l’urbanisation est dense et que les ronds-points ont fleuri. Attention les panneaux qui indiquent le détour sont rares et vous risquez à tout moment l’impasse. A Paris, nous dit-on, 10 % des travaux sont à l’initiative de la ville, les autres sont imputables à des mises en conformité des réseaux et à des chantiers privés. La ville évidemment se refuse à prendre le risque de retarder des rénovations sur les réseaux de gaz ou d’électricité. A Marseille, il en va de même avec l’imprévision en plus. Il y a deux mots qui existent pourtant dans la langue technocrate : la programmation et la synchronisation. Il semble que les pouvoirs publics ont préféré celui de confusion.
Une autoroute atomique…
Boris Vian dénonçait en son temps son oncle bricoleur qui avait, sans trop le savoir, fabriqué une bombe atomique. On ne sait qui a conçu les tracés de l’autoroute 50, au niveau de l’échangeur de la Pomme, mais c’est incontestablement un expert en bricolage. Et en « foutage de gueule » si l’on se réfère au temps indiqué, pour rallier, depuis le centre de Marseille, La Valentine. En effet les panneaux indiquent, c’est selon, entre 9 et 15 minutes. Normal, ils sont situés après le nœud quotidien que doivent démêler les automobilistes pour accéder à cette autoroute. Mais revenons à La Pomme et résumons. Vous êtes sur trois voies. Sous un mini-tunnel elles vont en perdre une à gauche, mais aussitôt en gagner deux provenant de la L2 et une à droite nourrie par la bretelle de Saint Loup. Résumons encore et additionnons : cela fait trois, moins une, plus deux, plus une, égale : cinq voies. Qui dans le même élan sont priées de devenir trois, et ce, jusqu’à la fourche vous dirigeant vers Nice ou Toulon. Au sol les lignes sont noires (tentative d’effaçage) ou jaunes. Elles se croisent, s’emmêlent, se neutralisent. Pour les automobilistes, et les deux roues qui se faufilent dans le moindre espace, c’est l’angoisse ou la crise de nerf. Les accrochages sont quotidiens (photos, ce vendredi à 16h). On attend l’avis de recherche pour mettre la main sur le concepteur de cette merveille.