Wauquiez, mezzo voce…
La famille des Républicains se remet lentement des défaites de 2017. En dehors des sorties tonitruantes de Renaud Muselier, qui n’en finit pas de régler ses comptes avec le système gaudino-guériniste, la plupart des élus ont décidé de la jouer atone. Certes Martine Vassal a saisi l’occasion de faire son bilan des trois années à la tête du conseil départemental pour faire savoir, dans et hors de Marseille, qu’il n’existait qu’une voie de salut pour la droite dont elle fait partie : le travail et les résultats. Peut-être insuffisant, pour convaincre les Marseillais en 2020. Il faudra alors affronter les réalités du terrain et l’alibi de 50 ans de defferrisme ne portera plus. Il y aura eu aussi l’échéance des européennes et la tentation dangereuse d’enfourcher, peu ou prou, les thèses europhobes de Marine Le Pen. Il n’est pas certain que les Républicains n’y laissent pas des plumes. Du coup Wauquiez, discrètement, envoie ses émissaires rassurer les cadres LR qui auront à s’aligner aux municipales. Il ne décourage pas ceux qui se disent qu’il faudra peut-être alors chercher des alliances du côté des « marcheurs ». Cette politique du « en même temps » devrait avoir des adeptes, mais elle pourrait avoir à affronter ceux qui, à l’instar d’un Guy Teissier ou d’une Valérie Boyer, veulent tirer la barre plus à droite. Le ferry-boat des Républicains va devoir affronter de grosses vagues.
Zadistes en herbe
On en trouve à Luminy, à Saint Charles ou au Parc Jourdan, à quelques pas de la fac de lettres à Aix. Ils sont fringués comme l’étaient, il y a cinquante ans, ceux qui sur l’île de White ou à Woodstock rêvaient d’amour, de fleurs et d’eau fraîche. Ils ont occupé leur faculté et leur président d’université, le professeur Yvon Berland, a fait savoir à ses personnels, avec force documents photographiques, que leur pacifisme affiché avait tout de même causé quelques milliers d’euros de dégâts. Le mouvement du coup s’étiole, comme s’est dilué le mouvement zadiste de Notre Dame des Landes. Un film qui est accessible gratuitement en streaming décrit très bien ces tentatives anarcho-utopistes qui jalonnent, en marge de nos sociétés, l’histoire moderne depuis le XIXème siècle. Jean Louis Comolli avait narré en 1976 le naufrage prévisible d’une poignée d’hommes et de femmes partis d’Italie pour créer au Brésil une communauté libertaire. On y prônait une liberté totale, l’absence d’autorité, le rejet de toute hiérarchie jusqu’au moment où tout a basculé et que le réel est venu s’empaler violemment dans les rêves du groupe. Ceux, qui aujourd’hui rejettent toute forme de sélection, contestent les évaluations et aspirent à déconstruire le monde, devraient regarder le film de Comolli.
La L50 première
On le pressentait, mais on s’interdisait d’y croire. Il va pourtant falloir l’accepter. La L2 dans son entière plénitude ne sera pas encore livrée à la date prévue. Peut-être à Noël ou à Pâques où à la sainte trinité. Prions et laissons la préfecture et les autorités municipales s’empêtrer dans des explications technico-juridico-administratives. Elles ne seraient que ridicules, si elles n’induisaient pas la réalité d’un environnement urbain saturé par la pollution des hydrocarbures et d’une circulation sujette à la thrombose quotidienne. Filtrent ici et là quelques causes à ce nouvel épisode. Le maillon manquant pour accéder à l’échangeur des Arnavaux a dû faire face à plus de 300 recours. Pire une surface commerciale serait menacée par l’axe routier en train d’être achevé. N’en jetez plus ! Pendant ce temps-là, à l’exact opposé géographiquement de la L2 – ou L50 au point où on en est – une école de commerce, a fait prestement la démonstration qu’il n’est pas une opposition que l’on ne puisse repousser. Malgré une pétition de 150 000 signataires, le massif des calanques a vu disparaitre en quelques heures 300 pins, dont quelques-uns étaient centenaires. Kedge dont le succès est exponentiel, avait besoin d’agrandir son campus et n’a pas barguigné pour y parvenir. Comme quoi la forêt administrative est complexe… ou pas.
Allo ciné
Une marche arrière, façon « Taxi ». Des flics braqués, façon « French Connexion ». Des voyous cagoulés, façon « Mafiosa ». On savait que Marseille était télégénique mais, à ce point-là, on n’osait l’imaginer. Gérard Collomb le ministre de l’Intérieur n’a pu que venir constater la triste réalité. Manuel Valls dans un style plus va-t-en-guerre avait pris conscience avec amertume, lorsqu’il occupait ce poste de « premier flic de France », du défi marseillais. Le temps n’est pas encore venu de « terroriser les terreurs » des quartiers, comme aurait pu le dire Charles Pasqua. Karim Zeribi qui connait bien ces cités – La Castellane et la Busserine – a affronté les rires moqueurs du plateau d’une chaîne d’info continue, lorsqu’il a affirmé cette semaine que le trafic drogue rapportait à Marseille 80 000 euros par jour. Ils ont tort pourtant ces détracteurs. L’ancien élu des quartiers nord n’a pas exagéré. Et ce sont ces enjeux financiers qui autorisent des cinglés de la gâchette à jouer les cowboys devant les smartphones qui les enregistrent en plein jour. Et ce n’est pas du cinéma.
Un rasoir affuté
Gaston Defferre avait son coiffeur, le père de l’élu Maurice di Nocera, qui officiait à deux pas de la mairie et savait qu’il ne fallait pas s’amuser à couper les cheveux en quatre avec le maire. Depuis cette semaine, Jean-Claude Gaudin a son barbier. Christophe Barbier plus exactement qui n’a pas hésité à être tranchant avec le maire de Marseille. Un drôle de figaro le confrère, qui a châtié le premier magistrat marseillais pour ne pas l’avoir entendu réagir promptement après les déplorables images de la Busserine. Sur le bulletin que signe sur BFM TV l’ancien directeur de l’Express, l’ex-professeur d’histoire s’est vu infliger un sévère 5 sur 20. Et comme si cela ne suffisait pas, notre chroniqueur d’ajouter un commentaire peu charitable à l’encontre du maire de Marseille : « et si vous passiez la main M. Gaudin avant 2020 ! » Dans le barbier de Belleville, Serge Reggiani assure qu’il est « le meilleur de Paris » mais qu’à défaut de voix qu’il a du talent. Le Barbier de BFM ne manque pas d’air, lui et ses jugements sont affutés.
Si seulement
On s’y est habitué. Sur nos panneaux autoroutiers, on nous rappelle quotidiennement qu’en raison de la grève des trains il faut penser au covoiturage. Et si cette recommandation devait perdurer, au-delà du mouvement qui semble s’essouffler malgré le vote organisé par la CGT que certains qualifiaient de « stalinien » cette semaine. Ce serait un mal pour un bien. Un chauffeur trois passagers pour rejoindre, qui son entreprise, qui son administration, qui son université. Un rêve éveillé. A moins que les bonnes habitudes ne reprennent pour les usagers des trains régionaux avec leur cortège d’horaires chahutés, d’incidents réguliers et bien sûr… les grèves à répétition.