Attention au retour de Bannon
Il y a un an, la France se réveillait en état de sidération. Douze mois après le Bataclan et les terrasses, bis repetita sauf, que l’horreur n’est pas porté cette semaine par des fous de Dieu mais par un toqué du Dieu dollar. L’Amérique a mal à la tête et cela nous fait mal au ventre de la voir dans cet état. Il y a un an encore, nous nous étonnions ici même de la (relative) faible mobilisation des Marseillais pour dénoncer la folie des soldats du djihad. Nous étions quelques-uns à constater aussi, le silence assourdissant d’une partie de la population marseillaise qui disait pourtant à ceux qui voulaient bien l’entendre qu’elle n’était pas Charlie. Le scrutin US révèle, entre autre, une vérité : les minorités dites silencieuses ne sont ni sourdes, ni aveugles. Elles ont pris conscience que leurs bulletins de vote pouvaient servir d’arme de destruction massive, contre la démocratie et les partis traditionnels qui vivent sur la bête depuis tant de temps. Trump, le milliardaire, a récupéré à son profit le vote de rejet des laissés-pour-compte. Depuis le début de l’été, il avait fait appel à Steve Bannon, un communicant d’extrême droite qui estime que la fin justifie tous les moyens polémiques. Il est à la tête d’un site d’information redoutable, Breitbart news, qui déverse à flots les pires ragots. Bannon s’intéresse désormais à la France et particulièrement à la députée vauclusienne, Marion Maréchal Le Pen qu’il considère comme exemplaire. Il pourrait créer un site d’information pour l’aider elle et son parti dans leur tâche. En 1970, un film « Joé c’est aussi l’Amérique » racontait ce pays invisible qui vient de porter Trump à la Maison blanche. On est prévenu. Marion c’est aussi la France.
Une star et une vedette
[pullquote] En 2016, Maryse aime toujours autant les débats bouillants. [/pullquote] Ainsi vont les choses en cette bonne ville d’Aix. Les panneaux d’affichage nous convient à faire un tour du côté de l’hôtel de Caumont, pour une exposition. C’est la blonde la plus photographiée au monde qui nous y attend, avec cette parole de chanson comme promesse « I wanna be loved by you », je veux être aimé par toi. Nous avons jusqu’au 1er mai prochain pour nous décider à répondre favorablement à ce rencard. A l’hôtel de ville, c’est un air plus wagnérien qu’on peut entendre. Façon Walkyrie. Celle qui l’entonne, une blonde encore, a sans doute été un peu moins soumise aux flashes des photographes, même si toute jeune, devant les yatchs de Saint-Tropez, elle se rêvait sur grand écran. Toutes les deux ont la poitrine volubile, mais la comparaison s’arrête là, entre Marylin et Maryse. La première fait l’actualité aixoise avec une rétrospective qui la montre sous toutes ses coutures. La seconde occupe le devant de la scène avec une bataille qui l’oppose à un collectif, bien décidé à sauver les arbres que Madame le Maire s’entête à occire, du cours Mirabeau aux trois places en cours de rénovation (Verdun, Prêcheur et Madeleine). Mme Joissains a concédé une nouvelle expertise pour étudier l’avenir des platanes, condamnés en raison des risques qu’ils feraient peser sur les chalands. Du coup les échanges sont vifs. En 1955 Marylin jouait dans « Certains l’aiment chaud ». En 2016, Maryse aime toujours autant les débats bouillants.
La faute aux médias
Il n’est que de zapper sur les réseaux sociaux pour le constater : les médias sont désormais la cible de bien des quolibets. Ce n’est pas nouveau et chaque année un baromètre publié par La Croix confirme qu’ils ont… mauvaise presse auprès des Français. Dans la région marseillaise, les professionnels de l’information ne sont pas épargnés. Chaque fois qu’un article, un reportage, un éditorial, évoque la prégnance des voyous sur la cité phocéenne, le sénateur-maire sort l’argument du « bashing » pour défendre sa ville injustement attaquée. Sur Facebook, le parti socialiste de Gardanne parle de « merdias » pour fustiger la collusion supposée entre les affairistes et les hommes et femmes de plumes. Stéphane Ravier, sénateur et maire du 7ème secteur marseillais, s’en prend lui à Jean-Michel Apathie qui s’est amusé, à l’antenne, d’un sobriquet que certains militants collent en douce à l’élu FN, « le dictateur nord-phocéen ». Et Ravier de taxer du coup le chroniqueur de « bobo » (rajeunissant pour notre confrère) « aux propos dégoulinants » ce qui nous rapproche plus de la prose d’un Céline, Daudet (Léon) ou Maurras que d’un Camus, Aron au Mauriac. On l’aura compris, une fois de plus, plutôt que d’essayer de diagnostiquer les causes de la fièvre qui affaiblit notre société, on s’en prend au thermomètre, y compris en prenant le risque de le casser. Le journal La Croix ne révélait-il pas dans une étude encore d’actualité, que le nombre de journalistes stagnait ou même régressait malgré la multiplication des moyens d’information. Balzac disait que « le journaliste était une pensée en marche, comme le soldat en guerre ». En ces temps de commémorations, c’est bien de le rappeler.
Le vent d’est casse la baraque
On s’y attendait, c’est fait. Norman Forster a globalement réussi l’aménagement du « nouveau Vieux-Port » dont, initialement, la fin de tous les travaux était prévue pour l’été 2017. Faute de ressources, on sait que quelques éléments paysagers et autres aménagements portuaires sont passés à la trappe. Mais une majorité des Marseillais, et les touristes unanimes, s’accordent pour reconnaître que les rives du Lacydon ont aujourd’hui fière allure. Au moindre rayon de soleil, ce sont des milliers de promeneurs qui peuvent circuler dans un confort absolu du fort Saint Nicolas au Fort Saint Jean. Un certain nombre de restaurants et de bars, qui jalonnent le parcours, l’ont bien compris et quelques belles adresses commencent à s’imposer à côté des anciennes – mais rares – valeurs sûres. L’ombrière est sans doute l’attraction architecturale la plus prisée, chacun y recherchant son reflet pour l’immortaliser et le jeter sur le web. Une jolie note donc pour la copie de Norman Forster avec, malgré tout, dans la colonne commentaires, un petit bémol. Comme c’était prévisible, les baraques (notre photo) qui servent sur les « estacades » de refuge aux sociétés nautiques et autres associations de pêcheurs sont en train de noircir. A la vitesse du vent d’Est qui fouette de son humidité ses abris de planches. Elles ont définitivement perdu leurs couleurs naturelles. Les anciens savent ça. Cette brise ligure apporte souvent la tempête.
La L2 c’est Royal
[pullquote]Le serpent de terre va enfin circuler d’est en nord-ouest et des milliers d’automobilistes avec.[/pullquote] Promis juré, c’est pour la fin de ce mois de novembre. Et puisque c’est Mme Ségolène Royal qui le dit avec une certaine « bravitude », on n’a aucune raison d’en douter. Le serpent de terre va enfin circuler d’est en nord-ouest et des milliers d’automobilistes avec. Plus de vingt ans de réalisation, pour un projet qui est né il y a plus d’un demi-siècle. Avec la L2, Marseille est sans doute champion du monde en matière de durée de chantier. On nous dit qu’il a fallu, in fine, répondre à plusieurs centaines de remarques et recommandations pour arriver enfin à la conformité requise pour un tronçon éminemment stratégique. Attention, il ne faut pas se réjouir trop vite enchérit-on, car l’axe ne sera pas à 100% opérationnel. On se disait aussi que c’était trop beau. Au bout du compte il sera intéressant d’avoir connaissance des surcoûts occasionnés par le calendrier à rallonge de la L2. A priori emprunter cet itinéraire sera gratuit. Mais qui donc a craché au bassinet. Devinez ?
Les paroles s’envolent
Jean-Jacques Goldman quitte le Roucas Blanc. Le chanteur le plus discret du show-bizz rejoint Londres ou du moins l’Angleterre sans délivrer le moindre appel. Certains s’en émeuvent. D’autres s’en étonnent. Mon plombier m’avait récemment confié que l’artiste s’était fait livrer une fort belle douche. Mais chut, foutez-lui la paix. Douche froide donc. J’avais eu l’occasion, il y a quelques années de le rencontrer. Ou en tout cas de le voir disputer un match de tennis lors du tournoi de mon club de Tennis aux Accates. Il affrontait un ado et mettait beaucoup d’application à neutraliser, avec un honnête revers à deux mains, l’impétueux. Personne ne l’avait remarqué et on respectait son quasi anonymat. Il portait une tenue passe-muraille. Pas d’ostentation. Le mec simple, discret, gentil. Quand ses filles étaient à l’école primaire il poussait aimablement la chansonnette à la fin de l’année, en grattant sa guitare. Disponible. Alors c’est peut-être pas la peine de faire les gros titres sur ce départ que l’on voudrait mystérieux ou insolite. On salue le bonhomme et on le remercie… puisque tu pars. Enfoiré.