Martine aux urgences
Vous avez aimé, en 1954, « Martine en voyage », puis en 1956, « Martine au cirque » et encore en 1959, « Martine à la montagne ». Vous allez adorer, en 2017, « Martine aux urgences ». Notre sémillante, présidente du conseil départemental, Martine Vassal, vient de s’inscrire dans la longue liste de ceux qui plaident pour que l’on renforce rapidement ces services aussi nécessaires que sur-sollicités. Elle s’en prend du coup à la ministre encore en exercice, Marisol Touraine, zappant au passage les exercices précédents où ses amis alors au pouvoir – y compris le Marseillais Jean-François Mattei – n’ont pas contribué non plus, à trouver de solution pérenne pour cet indispensable service public. Si elle s’inscrivait dans quelque prospective, elle devrait plutôt s’inquiéter du programme qu’elle soutient, celui de François Fillon qui a prévu des réductions drastiques des dépenses de l’État. À moins que Dominique Tian qui vient d’être chargé de corriger le tir très peu électoral de la partie santé du programme fillonniste, arrive dans l’urgence, à sauver, les urgences. Après tout un Tian veut mieux que deux tu l’auras.
Montebourg made in Marseille
« Marseille est maintenant ce que devait être la Perse dans l’Antiquité, Alexandrie au Moyen-Age : un capharnaüm, une Babel de toutes les nations, où l’on voit des cheveux blonds, ras, de grandes barbes noires, la peau blanche rayée de veines bleues, le teint olivâtre de l’Asie, des yeux bleus, des regards noirs, tous les costumes, la veste, le manteau, le drap, la toile, la collerette rabattue, le turban et les larges pantalons des Turcs. Vous entendez parler cent langues inconnues, le slave, le sanscrit, le persan, le scythe, l’égyptien, tous les idiomes, ceux qu’on parle au pays des neiges, ceux qu’on soupire dans les terres du Sud » Arnaud Montebourg (photo capture d’écran Twitter @montebourg)
n’a sans doute pas lu Gustave Flaubert. Sinon il aurait perçu le risque à venir défendre le made in France au cœur du cosmopolitisme le plus anarchique de l’Hexagone. Il a bravé le froid sur le marbre réservé d’habitude aux marchandes de poissons. Quelques dizaines de militants et de curieux sont venus pour écouter un des sept candidats de la primaire de la gauche qui n’a décidément pas soulevé l’enthousiasme. Comme le dit le presque Marseillais Jean-Luc Bennahmias ce n’est pas le concours de Miss France.
La cagole fait amie à Miami
Gros succès sur la toile d’une humoriste marseillaise, Mélanie, qui s’en prenait récemment à Donald Trump, coupable de ne pas suffisamment bien représenter l’image de la cagole marseillaise. Ce vœu a peut-être été exaucé depuis, puisque la télévision nous a donné à voir un club de multimillionnaires qui résident à Miami. Les « trumpettes » se nomment ces dames qui ont sans doute ressemblé un jour à des femmes, avant que la chirurgie esthétique ne devienne une arme de destruction massive. Ces choses donc, aux lèvres boursoufflées, aux joues bosselées et aux yeux aussi expressifs que ceux d’un iguane, ont expliqué devant caméra que le 45e président des États-Unis allait faire gagner l’Amérique. À défaut du beau, les trumpettes de la renommée en quelque sorte. Un ami varois qui a ouvert un restaurant à Miami, nous expliquait que la quasi totalité de sa clientèle féminine était à l’image de ces fans du président milliardaire. « Elles sont refaites de partout, témoignait-il, y compris les fesses qu’elles se font réhausser ». C’est vrai qu’en Floride on aime pas Cuba. Tout cela pour dire « la first lady tè c’est Mélanie. »
Une voix s’est éteinte
« Je n’ai rien à faire de l’opinion publique. Je ne suis pas un signataire de pétitions humanitaires. Je ne suis pas un militant. Je suis un homme. Et en tant que tel, je hais la peine de mort. Je ne serai jamais aux côtés de ceux qui la réclament, de ceux qui la donnent, jamais je ne serai aux côtés du guillotineur. » Ainsi plaidait Paul Lombard en tentant de soustraire Christian Ranucci – meurtrier de Marie-Dolorès Rambla, 8 ans – à la guillotine. Il échoua et l’avocat marseillais qui vient de disparaître à l’âge de 89 ans ne s’est jamais tout à fait remis de cette exécution à laquelle il assista. Ranucci avait 22 ans. Nous sommes quelques-uns à qui il confia l’horreur de ce moment ignoble et des minutes qui le précédèrent. Le chat du condamné qui anticipa par un miaulement difforme ce qui allait advenir. Ce corps coupé en deux à l’ombre d’une cour des Baumettes. Paul Lombard fut aussi un avocat de haute-volée et un homme de grande culture. Il aimait l’art et la littérature. Il aimait par-dessus tout Marseille qu’il apprit, enfant, à observer depuis l’appartement de ses parents au-dessus de la Samaritaine. Il reste à Bruno et Martine, ses enfants plaideurs comme lui, à suivre le chemin…
La cité éducative globale
Bel exemple à suivre à Aix où le lycée Vauvenargues et l’école nationale des arts et métiers (Ensam) vont faire naître à l’horizon 2020, sur les six hectares où ils sont riverains, un site lycéo-universitaire inédit. La structure juridique existe déjà à travers une association baptisée campus technologique aixois. Désormais, le proviseur François Liot et le directeur de l’Ensam, Philippe Collot (lire nos précédentes informations) envisagent sur cette rive droite du boulevard Carnot un site futuriste, avec des objets connectés, des arrêts de bus futuristes, un déambulatoire où étudiants et lycéens échangeront, communiqueront, transmettront. Sur le montage présenté à la presse, on distingue la cheminée de la fonderie des élèves ingénieurs. C’est là que les “gadzarts” ont façonné les pavés de fonte marqués du C de Cézanne que l’on peut voir dans certaines rues d’Aix et qui sont des repères pour marcher sur les traces du maître. Finalement une histoire entre un lycée et une école qui fait son chemin.
Cachez ces rues…
Jean-Claude Gaudin a une solution pour en finir avec la paupérisation de certains commerces : préempter. L’intention est louable, mais comme le dirait son ami Jean-Pierre Raffarin, « la route est droite, mais la pente est forte ». En l’occurrence là, il s’agit plutôt des ruelles qui débouchent sur nos grandes artères, Canebière, République, Paradis, St-Fé. Le maire, à juste titre, revendique la réussite de la réhabilitation du Vieux-Port. Oui, à condition de ne pas trop s’écarter du périmètre. Malheur en effet à celui qui laisse ses pas vagabonder. Il découvre des échoppes improbables, des vitrines où la crasse sert de rideaux, des bouges immondes. Certains argueront que c’est ce qui fait le charme d’une ville méditerranéenne. Peut-être pour le pas pressé du croisiériste qui file en rang serré du Mucem au Centre Bourse. Mais pour des séjours prolongés et un tourisme au long cours, il faudrait une mobilisation générale. Quelques gestes simples, de mauvaises habitudes chassées, un soupçon de bon goût, des règles enfin respectées… et on pourrait enfin être d’accord avec le plus pessimiste des philosophes allemands, Arthur Schopenhauer, qui disait de Marseille qu’elle était « la plus belle ville de France ». Natürlich.