Qui sera le ravi ?
La métropole Aix-Marseille-Provence a pris du plomb dans l’aile. Les différents recours, portant notamment sous la sous-représentation de certaines communes, risquent de retarder la mise en place de cet outil indispensable au développement d’une région où les disparités ne sont pas seulement visibles, mais, à terme, mortelles. On pense bien sûr aux quartiers à la dérive, à des générations sacrifiées, au communautarisme faisant son lit de cette paille-là. La maire d’Aix souhaite que le dossier pourrisse au moins jusqu’en 2018, comprenez, après la présidentielle et la victoire de son champion qui n’est pas on s’en doute Hollande. Son ami Georges Cristiani, maire de Mimet et président de l’Union des maires, lance par ailleurs en cette période de Noël « on n’est pas des santons ». Mais on sait aussi que dans la tradition provençale, il y a toujours un « ravi » dans la crèche. Ce pourrait être l’habitant lambda de cette (encore) future métropole.
Des coups pas très francs
Plus de vingt ans après l’affaire OM Valenciennes (1993), voilà que les mêmes mots sont appliqués au même sport géré et pratiqué par les mêmes acteurs. Après avoir été lourdement sanctionné – exclusion de toutes les activités liées au foot pendant huit ans – par la Fifa, Platini parle de « mascarade ». C’est le terme qu’employaient, en 1993, ceux qui estimaient que la justice et le milieu politique voulaient faire tomber l’OM après sa victoire en Champion’s League contre le Milan AC. La mascarade en fait, était plutôt dans les faits : un Bernès hospitalisé en secteur psychiatrique à Sainte Marguerite, des journalistes jouant les gardes du corps de Tapie, un sac de billets de banque enterré dans un jardin… rien n’a manqué à ce feuilleton. Platini roi des coups de pieds arrêtés, nous dit aujourd’hui qu’il a été victime de sa propre désinvolture et que la Fifa a des coups pas très francs. Et si c’était le ballon qui ne tournait pas très rond ?
Un cadeau royal
Il faut aller, au Grand Palais à Paris, voir l’exposition consacrée au Provençal Lucien Clergue. On y trouvera des clichés qui rappellent comment cet artiste s’est construit à partir d’Arles en ruines, jusqu’à ses nus exceptionnels dans l’eau et sous le soleil de Camargue, en passant bien évidemment par cette photo mythique de Picasso dans les arènes recevant une montera jetée par un matador (photo Une). Il y a aussi, projeté dans un mini amphithéâtre, un entretien de 45 minutes avec Clergue révélant l’orgueil quasi puéril de cet immense photographe qui séduit quelques mentors de luxe, Cocteau, Saint-John Perse et bien sûr Picasso. Ce dernier lui fit sa première couverture d’album chez Seghers. A voir jusqu’au 15 février pour les Gitans, les Toros, et bien sûr pour Arles.
Chatons violents mais pas trop
Toujours à Paris, au théâtre de la Gaîté Montparnasse (Métro Edgard Quinet, ligne 6) et jusqu’au 4 janvier, il faut aller applaudir le one-woman show d’Océanerosemarie, ne serait-ce que pour les dix minutes où elle évoque deux bobos parisiens naufragés à Marseille. L’humoriste a saisi pour notre bonheur tout ce qui peut nourrir – sans trop de méchanceté – une caricature… des cagoles de la rue St Fé, aux serveurs du Vieux-Port en passant par le marché de Noailles et ses ignobles rats dodus. Comme aurait pu le dire un Pierre Desproges : « j’ai une bonne et mauvaise nouvelle. Je commence par la mauvaise, vous allez prendre des baffes. La bonne c’est qu’il y en aura pour tout le monde ».
2017 le retour de Nanard
Est-ce la reprogrammation sur Canal plus des Guignols qui a poussé Tapie à faire renaître Nanard : l’avenir nous le dira. Toujours est-il que, bousculé par la justice, l’ancien chanteur-patron-député-ministre-président de l’OM-comédien annonce son retour sur la scène politique et pourquoi pas sa candidature à la présidentielle de 2017. On aurait dû s’en douter en lisant deux récents éditos de La Provence, son journal, où on filait à propos des premier et second tours des régionales, la métaphore de Star Wars et celle du dérangement climatique. C’était donc un teasing. La guerre fait rage et la planète est en danger… il faut donc un super héros. Pour en finir avec les forces de l’ombre, le chômage et cette justice qui ne s’en prend qu’aux innocents. Et voilà pourquoi Tapie nous propose retour vers le futur, des entreprises créées dans le Var grâce à son émission Ambition, le chantier de La Ciotat sorti du marasme, 10 000 emplois surgis du néant grâce à ses écoles de vente… liste non exhaustive et prière de le croire sur parole.
Londres-Marseille sur les voies
Philippe Pujol prix Albert Londres 2014 nous propose une plongée de dix ans dans les quartiers pauvres de Marseille : « La fabrique du monstre » (Editions des Arènes) qui sortira le 10 janvier. On s’en réjouit pour ceux qui apprécient le journaliste. Il affirme que sans « localier, il n’y a plus d’infos » et c’est parce qu’il a été ce localier à La Marseillaise qu’il a pu offrir à ses lecteurs sa série sur les quartiers shit qui lui valut d’être couronné par une des plus prestigieuses récompenses de la presse française. Pujol, par son travail et à travers la revendication d’une information locale vivante, touche au plus près de la plaie qui affaiblit, mois après mois, la presse de proximité. Il fut un temps où il y avait quatre titres à Marseille. L’arrivée des grands groupes dans la presse les a balayés pour un résultat bien maigre et d’abord la perte de dizaines de milliers de lecteurs. L’avènement d’Internet n’explique pas tout. Lorsqu’on rompt un lien solide avec son public, on paie cash, qu’on s’appelle Lagardère, Hersant ou Tapie.