Les listes reviennent
Sur nos réseaux, dits « sociaux », fleurissent, en ces temps où le printemps hésite encore à quitter l’hiver, des listes. On énumère les noms de ceux qui ont semé la mort, de Charlie au Bataclan, en passant par Bruxelles. Des patronymes arabes, forcément, avec cette prévention de Tartuffe, « attention pas d’amalgame ». En ces temps où l’Histoire hésite à quitter le siècle le plus meurtrier de tous les temps, on a commémoré aussi la sinistre affiche rouge. Des noms. « D’étrangers et nos frères pourtant » comme le chantait Aragon. Ils étaient Arméniens. Vichy comme les SS les considéraient comme des « terroristes ». Aujourd’hui ce sont encore des noms imprononçables que l’on désigne à la vindicte. Des terroristes toujours. Ceux qui les pointent du doigt en cliquant sur le clavier de leur ordinateur sont-ils pour autant des résistants ?
Le mistral perdant
Jean-Claude Gaudin n’aime pas qu’on lui dise que sa ville est la plus polluée de France. Il dégage en touche, chaque fois, en prétendant qu’un coup de Mistral suffit à balayer ces particules fines qui empoisonnent nos vies et nos poumons. Sauf qu’il n’y a, en moyenne, que 130 jours de ce souffle purificateur par an. Le sénateur-maire de Marseille devrait consulter d’urgence le conseiller général d’Allauch. Bruno Genzana, son protégé, vient de suivre une rencontre très intéressante sur ce thème récurrent à Nîmes. Il devrait pouvoir le convaincre qu’on ne peut plus rigoler avec ce phénomène atmosphérique.
Et les grandes gueules aboyaient
Valérie Boyer a annoncé sur le web, qu’elle était interviewée, ce jeudi, aux Grandes gueules de RMC. Elle voulait faire entendre sa voix, et elle a eu du mérite, car ces messieurs à l’antenne gueulaient dans une belle cacophonie. Elle voulait protester contre la présence de Black M., un rappeur, lors du concert qui suivra les célébrations dédiées à la sanglante bataille de Verdun. Notre artiste, qui a appartenu à un groupe pour le moins contesté, Section d’assaut, s’est illustré par le passé par des propos homophobes, anti-France et autres joyeusetés. On conviendra, avec Mme Boyer, que ce choix « élyséen » est en effet pour le moins singulier. Mais il est plus difficile de la suivre quand elle parle d’insulte aux harkis (le 19 mars) ou à l’armée (la guerre de 1914). On sait pour les premiers qu’ils doivent surtout au général De Gaulle d’avoir été abandonnés aux mains du FLN, et, pour la seconde aujourd’hui que les archives peuvent parler de 14-18, la boucherie des tranchées, à la folie de quelques généraux.
Cher le passage
Le tunnel qui rallie le rond-point du Prado à l’autoroute Marseille-Aubagne affiche son tarif sans complexe. 1,70€ les 2 minutes. Si on fait le calcul cela veut dire qu’un passage peut donc rapporter à la société propriétaire du tunnel, 51€ par heure, soit 1 224€ par jour, soit encore 410 260€ par an. Quand on pense qu’il y a des experts qui se décarcassent pour trouver des solutions au trafic entre Marseille et Aix, Marseille et Toulon ou encore Marseille et Martigues. Il faut d’urgence creuser des tunnels à péage.
L’embarras du choix
Picasso, les pieds dans l’eau au Mucem. Camoin, dans la blanche fraîcheur de Granet. Turner, dans la magnificence de l’Hôtel de Caumont. Sans oublier Masson, dans la lumière de Cantini. Entre Aix et Marseille, une belle émulation qui nous conduit du fauvisme (Charles Camoin) au surréalisme (André Masson) en passant par le pré-impressionnisme (Joseph Mallard William Turner) et le « multipolarisme » (Pablo Picasso). Qui se plaindra de voir la région qui a le plus inspiré les artistes, notamment par sa palette de couleurs et sa lumière, proposer de telles balades picturales ?
La chute de la maison Zizou
Après avoir effacé de notre mémoire, son visage de papier qui éclairait naguère la corniche Kennedy, c’est désormais la tour HLM de sa jeunesse, à La Castellane, qui a été rayée de la carte. Zidane n’est plus prophète en son pays. L’a-t-il été un jour, lui qui a fait une brillante carrière internationale (Italie et Espagne) après être entré en 1998 dans la légende du football français ? Il ne reste donc qu’un de ses proches, là-haut dans les quartiers déshérités, gardien d’une piscine fermée. Et pour faire bonne mesure, ce n’est qu’à Aix que Zidane a trouvé son bonheur, pour créer un complexe de foot en salle (le Z5, photo), entre un cimetière militaire et la prison de Luynes. C’est sans doute une fatalité pour Marseille : ses enfants réussissent et prospèrent souvent ailleurs.