La voyante d’Aix
Jean-Claude Gaudin, on le sait, aime bien lorsqu’il évoque sa voisine et collègue, Maryse Joissains, parler de « la dame d’Aix ». Il va peut-être falloir qu’il change de surnom et parle désormais de « la voyante d’Aix ». Sur son compte Facebook, celle qui affiche ostensiblement sa foi, en portant une croix qui ridiculise définitivement par sa taille le minuscule bijou arménien de la députée filloniste Valérie Boyer, use de ses talents de diseuse d’avenir. Elle prévient les naïfs qui ne le verront pas venir, que François Hollande pourrait profiter du désordre annoncé de la primaire socialiste, pour revenir sur sa parole et, au nom de la gauche en détresse, se présenter finalement à la présidentielle. Si l’on regarde l’Histoire de ce pays, il y a eu, il est vrai, des précédents. Comme De Gaulle en 1958. Ou plus récemment, une certaine Maryse Joissains, qui après avoir été enterrée avec son époux victime d’un scandale, en 1983, s’est imposée devant un Jean-François Picheral maire sortant PS réputé imbattable, au début de ce siècle nouveau (2002).
Réputés adversaires mais…
Si le député de Nice, Eric Ciotti, peut sans problème proposer un exercice de contorsionniste à un des trois cirques actuellement présents sur Marseille, Christian Estrosi, le président de la région Paca, membre comme lui des Républicains, lui a donné une leçon d’élégance, après le renoncement de François Hollande. Ciotti qui était passé avec une rapidité déconcertante du Fillonisme au Sarkozisme, avant d’opérer en quelques secondes après les résultats de la primaire de droite une marche arrière fulgurante, a estimé, en guise d’hommage, que le Président de la République avait « abîmé la fonction ». Estrosi a, lui, tweeté qu’il « était rare dans la vie politique de privilégier l’intérêt général du pays, plutôt que son ego et ses sentiments personnels. » Le Canard Enchaîné, heureux centenaire, a surnommé le maire de Nice le « motodidacte » eu égard son cursus universitaire peau de chagrin et ses exploits motocyclistes. Ciotti va-t-il porter le surnom de « rétrodidacte » ? Ses récents exploits le mériteraient.
Arles n’a pas oublié
Autre adversaire de François Hollande à saluer, avec élégance, sa décision de ne pas concourir pour un second mandat, le communiste Hervé Schiavetti. L’élu arlésien, dans un long communiqué, rappelle que le locataire de l’Elysée a encouragé et aidé la ville du bord du Rhône pour la création de la nouvelle École Nationale Supérieure de la Photographie, au sein du Parc des Ateliers. Il a rappelé aussi que François Hollande avait, en 2013 et 2016, dit son admiration pour le projet de la fondation Luma (un parc dédié à la création d’art contemporaine) qu’il avait qualifié de « plus grand projet culturel en Europe », soulignant « la chance des Arlésiens d’avoir un si beau dessein». Le socialiste n’était pas insensible non plus au travail de Françoise Nyssen, qui avec Actes Sud a installé une entreprise culturelle unique avec ses 300 employés et la seule maison d’Edition capable de rivaliser avec les grosses locomotives parisiennes. Nicolas Sarkozy n’a pas eu lui une telle marque de reconnaissance de la part du maire d’Arles. Il est vrai qu’il s’était contenté de monter à cheval dans les marais, devant des photographes relégués sur une charrette. Une autre culture.
69, année torride
Depuis Serge Gainsbourg, on sait que 69 fut une année érotique. Elle fut aussi torride pour le Parti Socialiste qui vit sa maison réduite en cendres, avec 5% aux élections présidentielles d’alors. Des observateurs de gauche (Maurice Safran) comme de droite (Eric Brunet) prédisent, pour le printemps 2017, la même chose et peut-être en pire : la disparition totale. S’ils se réfèrent aux Bouches-du-Rhône, ils ont un train de retard puisqu’entre les mises en examen à répétition, les passages par la case prison et autres taquineries de ce genre, les élus socialistes ont déjà fait le job, en démontant, pierre après pierre, l’édifice construit en 1971 à Epinay. Brunet estime par ailleurs que celui, que d’aucuns espèrent comme possible rassembleur, Manuel Valls, a eu jusqu’ici un discours «disruptif » et qu’il propose trop tard un chemin « concertatif ». Si même les commentateurs de droite se mettent à parler le Chevènement ancien, la gauche socialisante a plus qu’un pied dans la tombe.
Stop la coupe est pleine
On croit rêver. La L2 inaugurée par le premier des Français (photo capture d’écran @Prefet13), après 23 ans de travaux et 70 ans d’attente. Un téléphérique pour grimper au septième ciel ou pour la moins sur la colline de La Garde ou Notre Dame dans son habit d’or l’attend pour le bénir. La grotte Cosquer, émergeant de ses 22 000 ans d’Histoire, pour prendre place selon le vœu de Christian Estrosi à la villa Méditerranée, que lui a légué Michel Vauzelle avec ses frais de fonctionnement et la perspective fragile d’y voir installer le fantomatique parlement de la Méditerranée. Si on ajoute à tout cela les Jeux Olympiques à venir à l’été 2024, avec une rade radieuse où les champions mettront les voiles… que du bonheur. Revenus sur terre nous constatons qu’il y a bien des « si » opposés aux « y-a-qu’à ». Il est urgent que le privé se manifeste, pour sauver ce qui peut l’être à la Villa Méditerranée, avant de songer à un destin fécond à la Chauvet ou Lascaux. Comme il devra s’impliquer pour tendre un câble solide entre les rives du Lacydon et la Bonne Mère. Et puis enfin, à défaut d’avoir une équipe de foot olympique, il faudra que la candidature de Paris pour les JO soit retenue. Paris, Paris, on t’adule !