C’est un lieu de mémoire, chargé d’histoire. « J’ai choisi ce lieu car nous sommes à un tournant et les choses sont graves. On a l’impression que notre démocratie est mise à mal ». C’est au camp des Milles que la présidente (LR) du département des Bouches-du-Rhône et de la Métropole Aix-Marseille Provence a décidé de formuler ses vœux à la presse, mais pas seulement… Quelques maires ont également accepté son invitation, à l’image de Maryse Joissains, maire LR d’Aix-en-Provence et de son premier adjoint, Gérard Bramoullé, la sénatrice (UDI) Sophie Joissains ou encore Gaby Charroux, maire communiste de Martigues. Signe ou non que les batailles qui ont opposé ces communes à la Métropole sont du passé, leur présence marque la nouvelle ère Vassal. Le dialogue est de mise pour construire un projet territorial cohérent et Martine Vassal ne cache pas que « Maryse a toujours été une amie ».
L’Europe avec le Brexit, les Etats-Unis de Trump « dont la politique fait trembler », la France bousculée par le phénomène des Gilets Jaunes ou encore les actions « scandaleuses », envers la police et les journalistes ces dernières semaines… la présidente a fait part de ses inquiétudes. « Mais nous avons la possibilité de réagir », a-t-elle souligné, avançant son « naturel optimisme ». Et c’est d’abord sur le territoire que Martine Vassal veut continuer à agir, tout en préservant la démocratie directe. Lutte contre l’habitat indigne, transports, attractivité du territoire, environnement ou encore municipales de 2020, Martine Vassal s’est prêtée au jeu des questions-réponses. Synthèse.
Les premières applications du plan de lutte contre l’habitat indigne
« A la suite du drame de la rue d’Aubagne, j’ai pris le temps de réfléchir afin d’assumer mes responsabilités et d’apporter ma pierre à l’édifice ». Ce temps de réflexion s’est traduit par une stratégie de lutte contre l’habitat indigne à 600 millions d’euros. Lors de ses vœux,Martine Vassal a annoncé la mise en applications de quelques mesures. La première : l’ouverture de la Maison de l’habitat, le 31 janvier 2019. Elle sera située dans les locaux de l’ancien Mango, rue de la République. Outre les services d’accompagnement à l’habitat, Martine Vassal souhaite que soit créé un lieu unique pour permettre de traiter le volet des appartements disponibles afin de les mettre à disposition des familles délogées. Un conseiller juriste et financier de l’Agence départementale d’information pour le logement des Bouches-du-Rhône (Adil 13) y sera présent quotidiennement pour apporter des conseils dans tous les domaines et en particulier sur l’habitat dégradé.
Concernant le relogement des personnes évacuées à la suite des effondrements le 5 novembre dernier, la gestion de la cellule Beauvau est désormais confiée à France Horizon. Pour rappel, après avoir été installé au sein de la mairie du 1&7, le service a ensuite été transféré dans les locaux appartenant à la CCI en bas de la Canebière, rue Beauvau. C’est pour coordonner de manière plus efficace et répondre plus rapidement aux nombreuses demandes que l’accueil des évacués a été délégué à cette organisation, recommandée par la mission interministérielle d’aide aux victimes. France Horizon collabore avec des bailleurs publics et privés pour mettre en œuvre des dispositifs répondant au principe de « l’accompagnement vers et dans le logement », indique le site internet de cette association loi 1901. Autre annonce. Les Assises du logement seront officiellement lancées lundi 21 janvier. Ce même jour, le ministre du Logement, Julien Denormandie sera présent à Marseille, « pour signer plusieurs conventions » avec la présidente du Département. Le « permis de louer » sera, quant à lui, expérimenté à partir le 28 février sur le périmètre du centre-ville de Marseille.
Le projet du Val’tram du pays d’Aubagne et de l’Etoile remis sur les rails
Martine Vassal a confirmé qu’elle avait donné son feu vert pour relancer le projet du Val’tram du Pays d’Aubagne et de l’Etoile. A l’occasion du conseil de territoire du Pays d’Aubagne et de l’Etoile, lundi 15 octobre 2018, Sylvia Barthélémy avait déjà annoncé que le Val’Tram était remis sur les rails. Ce projet de transport commun prévu sur l’ancienne voie ferrée de Valdonne, devant relier de la Bouilladisse à Aubagne avait été enterré, début 2018, par Jean-Pierre Serrus, ancien vice-président d’AMP, délégué à la mobilité. L’élu avait notamment avancé que le projet était « insoutenable financièrement ». Martine Vassal, qui y a « toujours été favorable » a reconnu que le budget était « trop élevé », mais que des solutions avaient été trouvées pour réduire le budget de réalisation, de « 150 à 100 millions d’euros ». « La difficulté c’était que le budget n’était pas celui qui était annoncé. Il y a eu un effort de 20 millions pour réduire les coûts. Dans ces conditions, on peut le faire », a-t-elle estimé. Reste à boucler le tour de table financier avec l’Etat. Martine Vassal a donné son accord à Sylvia Barthélémy pour qu’elle annonce la nouvelle à ses administrés lors de ses vœux.
Municipales 2020 : Martine Vassal ne « s’interdit rien »
Martine Vassal n’a pas exclu une candidature à la mairie de Marseille en 2020. La présidente LR du département des Bouches-du-Rhône et de la Métropole Aix-Marseille Provence, s’est dite très attachée à Marseille. « Ce n’est un secret pour personne. Marseille, j’y suis née, j’y ai fait mes études, a rappelé Martine Vassal. Donc aujourd’hui, je ne m’interdis rien, » tout comme Renaud Muselier, qui répondait à une question sur les municipales marseillaises dans les mêmes termes vendredi 11 janvier, à l’occasion de ses vœux à la presse. Martine Vassal n’a pas commenté la candidature du sénateur (LR) Bruno Gilles, l’un de ses « amis proches», préférant s’arrêter sur la « campagne de réflexion extrêmement intéressante », qu’il a engagé et qu’elle soutient, « car c’est important de demander son avis à la population. Mais je crois que ce qui est important aujourd’hui, c’est l’action et les résultats. De permettre à nos habitants de mieux vivre, et au territoire de se développer comme il se doit », a déclaré la présidente de la Métropole. Martine Vassal « qui ne laissera pas tomber Marseille entre les mains du populisme », a également évacué la question des alliances, privilégiant la construction d’un projet de territoire. « Mais j’ai coutume de dire qui m’aime me suive». Alors dans l’hypothèse d’une candidature, exit l’étiquette politique Les Républicains ? Là encore Martine Vassal brouille les pistes en rétorquant avec le sourire : « Pourquoi que de la droite ? », avant de préciser : « il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Il faut d’abord réfléchir à un projet ».
Fusion Métropole-Département : le siège dans le “bateau bleu”
Concernant le projet de fusion Métropole-Département, Martine Vassal a rappelé qu’elle avait remis son rapport au Premier Ministre le 17 décembre dernier. Le nouveau projet territorial repose sur deux axes : redonner des compétences de proximité aux communes et les stratégiques à la future collectivité. La création de la nouvelle institution s’est « inspirée du fonctionnement du Département qui fonctionne parfaitement avec les communes », a indiqué la présidente. L’un de ses souhaits en cette nouvelle année : mettre le siège de la métropole-départementale au sein du “bateau bleu”, le siège du département dans le quartier de St-Just . « Ce serait un geste fort de la part du gouvernement ».
L’attractivité du territoire
En matière économique, Martine Vassal a plaidé pour une rétrocession du foncier du port, tout en précisant qu’il fallait aller frapper à la porte de l’Etat pour débloquer la situation. Par ailleurs, la marque unique pour booster l’attractivité du territoire et en faire la promotion, évoquée à l’occasion du lancement de l’agenda économique de la Métropole il y a deux ans, devrait être lancée avant l’été.
Le Grand débat national « une bonne chose »
Pour Martine Vassal le Grand débat national lancé par le président de la République, « est une bonne chose ». Elle a rappelé que la concertation est au cœur de son action depuis son arrivée au Département, citant pour exemple, les Etats généraux de Provence, les Assises du handicap, la concertation pour l’environnement… et cette année les Assises du logement. Elle espère toutefois une suite à ce débat et que les doléances trouveront une réponse.