« Cette Métropole est morte née ». En marge de la rentrée des classes, lundi 3 septembre, Guy Teissier, député LR de la 6e circonscription des Bouches-du-Rhône, a donné à quelques journalistes sa vision du fonctionnement et de l’avenir de la Métropole Aix-Marseille Provence. Souvent dur à l’égard de la façon d’exercer le pouvoir de Jean-Claude Gaudin, accusé d’inertie, l’ancien maire des 9e et 10e arrondissements estime qu’une éventuelle démission de Jean-Claude Gaudin de la présidence de l’institution (lire nos inforfmations) « ne changera rien », car « c’est un problème de fonctionnement et budgétaire qui aliène de façon destructive les maires. » Coupés de leur pouvoir de décision, en raison de « l’extrême centralité » de la Métropole, les maires sont « privés de l’acte d’application ». Et de donner quelques exemples : « pour demander à faire couper un arbre, je dois passer par la Métropole… Imaginer le circuit administratif qu’il faut faire rien que pour ça… », commente-t-il un brin dépité ; regrettant par la même la suppression des conseils de territoires, envisagée dans le cadre de la future fusion entre la Métropole et le Département des Bouches-du-Rhône. « C’est pourtant un ancrage territorial essentiel ».
Martine Vassal « fait bien le job »
Guy Teissier rappelle d’ailleurs au bon souvenir de son parcours à la tête de la communauté urbaine Marseille Provence, démontrant l’utilité de cet échelon intermédiaire. « J’ai lancé le chantier de Luminy, celui de Boulevard Urbain Sud, la rénovation du Vieux-Port… En peu de temps, j’ai fait beaucoup de choses et depuis il ne se passe plus grand-chose », commente-t-il critique. « Aujourd’hui, on fait des travaux qui ne sont pas de la compétence, ni de l’importance d’une métropole, car nous ne sommes pas en capacité de financer des travaux métropolitains. Il y a un véritable blocage. » Blocage que même un nouvel élan politique incarné par un autre visage ne saurait dévérouiller, même s’il l’espère « de tout cœur ». Il a toujours été favorable à une « métropole départementale », et ce bien avant la création d’AMP.
Il reconnaît volontiers que le changement peut créer un dynamique. Dans les rangs pour impulser ce renouveau, la présidente des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal, soutenue par Jean-Claude Gaudin pour prendre la relève, et pour laquelle le député LR estime « qu’on ne peut pas lui reprocher grand-chose, elle fait bien le job ».
A la tête de la Métropole « c’était le coup d’avant...»
Quant à lui, pour relever le défi ? « C’était le coup d’avant, c’est trop tard. La Métropole je l’aurai organisé à ma façon ». A la naissance de l’institution pourtant, « tous les voyants étaient au vert » pour que Guy Teissier soit élu à la tête de Métropole, « mais Jean-Claude tenait à tout prix à mettre ça sur son tableau de chasse mais je sais que, compte tenu de sa disponibilité, de son état de santé etc, ça allait être un calvaire et c’est ce qu’il a vécu parce que c’est vachement dur », lâche-t-il avec compassion. Sans amertume apparente, en dehors de « toute idéologie », ce filloniste de la première heure, rêvait d’une métropole de projet « version Sarkozy qui prévoyait le maintient des conseils de territoires et la suppression du département », avance-t-il, précisant qu’il n’est pas anti-départementaliste, « mais il y un échelon de trop ».
Il relève par ailleurs, « l’incongruité » de la loi sur le cumul des mandats, estimant que la gestion de la Métropole est un exercice de plein temps. « On autorise le cumul d’un maire d’une ville comme Marseille, avec une métropole qui est une mégalopole avec ses 92 communes, or je pense que ça nécessite un engagement au quotidien car c’est complexe. ».
Et à la Ville de Marseille, peut-être le coup d’après !
Si un vent de changement se fait sentir à la Métropole, Guy Teissier ne serait pas contre non plus un coup de Mistral à la Ville de Marseille avant 2020. « ça serait plutôt bien pour assurer une continuité qu’il y ait un changement en début d’année prochaine, un an avant les élections. Ça serait du meilleur effet pour préparer quelqu’un à la succession inéluctable de Gaudin ». Au profit de qui ? Guy Teissier se veut évasif sur le nom. Se verrait-il candidat ? « On en reparlera… », conclut-il, arborant un large sourire.