Depuis la fin des années 1990, le Mucem a rassemblé plus de 1 500 objets liés à l’histoire du graff, notamment grâce à la détermination de Claire Calogirou, ethnologue, chercheuse associée à l’Idemec et commissaire d’une double exposition qui se tient actuellement au Mucem et au Mac. À travers ces objets, des histoires individuelles de graffeurs, mais également l’histoire de la pratique de cet art. Première partie, dans la salle des collections, au fort Saint-Jean.
Le voyage commence par des dessins en petit format. « L’idée était de partir du plus intime, du plus proche des gestes des graffeurs, raconte Claire Calogirou. On va des essais, des esquisses, jusqu’à des formes plus destinées à être exposées ». Et au fil de l’exposition, on traverse l’Espagne, la France, l’Italie, la Tunisie et le Maroc ; chaque pays a son histoire à raconter avec la pratique. Si cette forme d’art est intégrée depuis longtemps dans le paysage européen, l’histoire du graffiti est plus récente en Tunisie et au Maroc où il émerge avec les Printemps arabes et se développe doucement, dans un style parfois plus naïf que celui de artistes français ou espagnols.
Graff et engagement politique
Dans l’immense vitrine, au centre de la salle des collections du fort Saint-Jean, des magazines, des affiches et des bandes dessinées, mais aussi des vêtements de graffeurs et des bombes de peinture. « On raconte leur vie quotidienne à travers ces objets… Chaque objet a une histoire », sourit Claire Calogirou. Parmi les artistes exposés, le Madrilène Zeta, prototype du b-boy, le Marseillais Seek appartenant au collectif 313, ou encore la Marocaine Rose, qui lutte pour exister en tant que femme dans le milieu du graff. Sur un coin de mur, les affiches de Jaye nous rappellent que l’histoire de cet art est souvent liée à celle de l’engagement politique et citoyen. Sur un poster, une image de femme, sous laquelle il est écrit « Niqab ni soumise ». Très critique à l’égard du gouvernement islamique, l’artiste franco-tunisien n’hésite pas à publier des affiches mentionnant ironiquement la « République islaïque de Tunisie ».
Le tour de la salle des collections se termine avec des peintures et sculptures dont les codes se rapprochent de ceux de l’art contemporain, davantage destinés à des galeries d’art ou des musées. Depuis la fin des années 1990, le Mucem a rassemblé plus de 1 500 objets liés à l’histoire du graff, notamment grâce à la détermination de Claire Calogirou. En 2015-2016, elle a dirigé une nouvelle enquête-collecte afin de compléter la collection en l’élargissant au pourtour méditerranéen. Il s’agit désormais de l’une des plus importantes collections d’Europe. « Graff en Méditerranée expose la quasi totalité des dernières acquisitions en les classant par support et par pays », conclut- elle.
Informations pratiques
> Exposition du 13 mai 2017 au 8 janvier 2018
> Mucem – Fort Saint-Jean – Salle des collections
> Tarifs 9,50 € et 5 €
> Horaires : de 11h à 19h (mai-juin et septembre-octobre), de 10h à 20h (juillet-août), de 11h à 18h (novembre-avril)
> Le vendredi, nocturne jusqu’à 22h (jusqu’au 25 août)