Une technique de chirurgie robotique innovante a été utilisée avec succès au CHU de Toulouse pour une réparation de l’uretère par auto-transplantation rénale. L’intervention qui consistait à déplacer un rein et à le repositionner au contact de la vessie a été réalisée, sans nécessité d’ouvrir l’abdomen, par le Dr Nicolas Doumerc et son équipe. Cette opération inédite en Europe a fait l’objet d’une publication dans l’International Journal of Surgery Case Report.
Une jeune femme de 30 ans, victime d’un accident de voiture, a subi un traumatisme abdominal d’une extrême gravité : saignement intra-péritonéal, ablation d’une grande partie de l’intestin et délabrement important de la paroi abdominale qui ont nécessité trois laparotomies (ouverture de l’abdomen). Lors du traumatisme, l’uretère et le rein gauche ont été atteints. Dans un premier temps, cette lésion de l’uretère, située à proximité du rein, a nécessité une dérivation des urines par une sonde percutanée placée entre le rein et un appareillage externe.
Après la prise en charge initiale par l’équipe de chirurgie générale et digestive, la patiente a été confiée à l’équipe de chirurgie urologique, andrologique et de transplantation rénale du CHU de Toulouse pour réparation de l’uretère. Dans ce contexte, le choix ne s’est pas porté comme habituellement, sur un remplacement de l’uretère avec un segment d’intestin grêle (urétéro-iléoplastie), celui-ci ayant été trop endommagé lors de l’accident.
Une auto-transplantation rénale, totalement intracorporelle
La stratégie thérapeutique chirurgicale s’est donc orientée vers une auto-transplantation du rein, c’est-à-dire son déplacement et son repositionnement au contact de la vessie pour combler la partie de l’uretère manquante. Il s’agit d’une chirurgie très lourde, avec une néphrectomie puis une véritable transplantation rénale. C’est la technique qui donne les meilleurs résultats à long terme mais qui implique deux laparotomies de l’abdomen. Ces deux opérations supplémentaires chez cette jeune femme déjà éprouvée par de précédentes interventions auraient été délétères pour elle.
Raison pour laquelle le Dr Nicolas Doumerc a proposé une nouvelle voie : l’auto-transplantation rénale, totalement intracorporelle par chirurgie robotique, donc sans laparotomie. Une technique qui avait jusque là fait l’objet de seulement deux publications au Canada et aux Etats-Unis. Le challenge a consisté dès lors, sans ouvrir l’abdomen, à réaliser dans le même temps la néphrectomie, le lavage du rein et son auto-transplantation en le déplaçant dans le pelvis, au plus près de la vessie pour combler le déficit de longueur de l’uretère. Une mission réussie par l’équipe toulousaine grâce à l’apport de la chirurgie robotique, avec seulement trois jours d’hospitalisation et six petites incisions abdominales. Aujourd’hui, la jeune patiente se porte bien et son rein est parfaitement fonctionnel.