« Les antibiotiques, c’est pas automatique », chacun connaît ce slogan de l’Assurance maladie lancé en 2002 pour diminuer l’usage des antibiotiques en cas d’infections virales. L’argument paraît irréfutable : la prescription désordonnée d’antibiotiques augmenterait la résistance des bactéries. Les virus responsables de certaines infections respiratoires (grippe, VRS, rhinovirus) ne sont pas affectés par les antibiotiques. Il serait donc inutile, et même dangereux, de prescrire des antibiotiques lors d’épisodes infectieux causés par ces virus. Les équipes de l’IHU Méditerranée Infection pondèrent cette vision dans un communiqué diffusé mardi 5 février.
« Tout d’abord, il n’est pas établi que la prescription d’antibiotiques par la médecine de ville ait le moindre impact sur la résistance, peut-on lire dans le communiqué. Certes, l’utilisation massive d’antibiotiques dans des milieux clos comme les hôpitaux ou les élevages d’animaux exerce une pression sélective qui favorise le développement de souches résistantes. Cependant, cette pression sélective n’est pas suffisamment importante dans le cadre de la médecine de ville pour que des souches résistantes puissent réellement se développer. Les données de terrain que nous recueillons de manière hebdomadaire l’attestent (100.000 souches testées). »
Cinq décès dans la région depuis le début de l’année
Ensuite, selon l’IHU, les virus favorisent des co-infections par des bactéries qui peuvent être mortelles. « Il a été montré que la plupart des victimes de la grippe espagnole étaient atteintes par des surinfections bactériennes. Les deux dernières semaines de janvier 2019, cinq personnes sont mortes de surinfections à streptocoque sur grippe dans la Région, dont une jeune fille de 13 ans. La présence d’un virus ne s’oppose pas à celle de bactéries : au contraire, elle la favorise. »
L’IHU Méditerranée Infection préconise ainsi de traiter avec des antibiotiques les patients ayant une infection sévère par un virus respiratoire, notamment s’ils ont des maladies sous-jacentes. « Les données épidémiologiques de la cinquième semaine de 2019 montrent qu’il y a urgence : à l’AP-HM, la semaine dernière de janvier 2019, 406 grippes, 24 infections à virus respiratoire syncytial et 80 rhinovirus ont été diagnostiquées. Dans le même temps, nous avons retrouvé dans des prélèvements de patients de la Région Sud un nombre significatif de bactéries associées aux infections respiratoires virales : streptocoques, pneumocoques et Haemophilus. » Le diagnostic d‘une infection respiratoire virale ne doit donc pas contre-indiquer l’usage d’antibiotiques, puisqu’elle favorise le développement de surinfections bactériennes. L’alerte est donnée.
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